2.Je suis là, en vie.

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Je courus le plus vite que je pus. Ma vision se troublait au fur et à mesure et je manquai de trébucher contre un énorme caillou.
J'haletais déjà, je n'étais pas fatiguée mais le mélange d'adrénaline et de peur m'empêchaient de bien respirer.

Je n'avais pas réfléchi en partant, quand il s'agit de sauver une vie je ne réfléchis jamais bien longtemps.
Mais plus je me rapprochais des appels aux secours plus la raison reprenait le dessus : si celà était un piège, si cet homme me voulait du mal ?
Mais je ne ralentis pas pour autant.

Arrivée au niveau des cris, je dus presque me frotter les yeux pour assimiler la scène qui se déroulait devant moi : un homme d'une quarantaine d'année à la peau mate tenait en équilibre sur un rocher, et était entouré de trois pauvres rôdeurs.

Il est vrai que j'avais aussi connu cette période, m'effondrer de peur pour un rôdeur à plus de 400 mètres de moi, mais même si ils occupaient toutes mes pensées, j'avais toujours cru qu'après 4 ans dans ce monde la totalité des vivants étaient désormais capables de se défendre, mais apparemment je me trompais.

Je m'avançai donc vers le premier rôdeur en m'appliquant à ne pas attirer l'attention des deux autres, le saisis par le col de sa chemise et lui enfonçai doucement mon couteau dans le crâne, puis je fis de même avec les deux autres.
En me retournant j'aperçus un 4 ème rôdeur qui avait dû être attiré par les cris. Il se tenait à une distance raisonnable de moi donc je lançai mon couteau dans sa direction. Celui-ci fit plusieurs tours sur lui même pour finalement atterrir directement dans le crâne du monstre.
J'essuyais mes deux mains sur mon jean et levai un instant les yeux vers l'homme. Il était complètement paralysé, toujours immobilisé en haut de son rocher. Les bras crispés le long du corps, son regard était perdu sur les quatre corps allongés à ses pieds.

Je lui tournai le dos pour aller récupérer mon arme, je savais qu'il ne me ferait rien, c'était evident.
Ça se lisait simplement dans son regard.

Durant toutes ces années j'avais appris à développer des capacités de combat, mais aussi d'analyse du monde : j'apprenais à déceler le mensonge sur un visage, la peur dans un geste de la main ou la trahison dans un regard fuyant.
La compréhension de l'être humain prenait une place plus importante qu'elle n'avait jamais su l'atteindre auparavant. Il fallait comprendre son prochain, car le danger résidait non seulement dans les morts, mais aussi dans les vivants...

J'avais donc tout appris sur cet océan immense qu'est la psychologie, mais je n'aurais jamais pu apprendre celà seule, j'étais beaucoup trop faible pour ce monde... quelqu'un m'avait appris, avait tout fait pour moi, quelqu'un...

Je refoulai rapidement cette idée d'un geste de la main.
Je ne devais pas penser à ça, ou je ne réussirai jamais à avancer.
Pas maintenant en tout cas.

Du coin de l'oeil je vis que l'homme était finalement descendu, et comptait partir en discretion.
Mais j'avais besoin de lui.
Je me positionnai face à lui et pointai d'un bras mon pistolet en direction de sa tête :
-Une minute s'il vous plaît.
-Ne me faites pas de mal je vous en prie, commença l'homme, appeuré.
- Ce n'est pas dans mes priorités, et je viens de vous sauvez la vie, lui rappelai-je.
-Pourquoi voulez vous que je reste ?
Il semblait complètement paniqué. Sa voix était à peine audible malgré le silence pesant dans la forêt.
-Je n'ai rien à vous donner je vous jure je... il continua tout aussi paniqué.
- Je ne vous veux aucun mal, tentai-je de le rassurer, je veux simplement comprendre : 4 ans, 4 ans se sont écoulés, et vous ne savez toujours pas vous battre ? C'est la première fois que vous sortez ? Vous venez d'une ville c'est ça ?
À ces dernières paroles, mon coeur se gonfla d'un espoir enfantin.
-N.. no.. non. J'ai une église ici, c'est la première fois que je m'aventure par ici. Je suis seul depuis tout ce temps, je...
- D'accord, je le coupai distraitement.

Je tentais de cacher la déception qui se lisait sur mon visage. À chaque rencontre avec des personnes vivantes, je m'efforçais de prendre un autre caractère, qui ne me ressemblait pas tellement, un caractère dur et froid, qui me permettait de me faire respecter. Mais ce masque se brisait lorsque qu'on me parlait de ça; d'espoir.

La possibilité de trouver une ville ressemblait à votre rêve d'enfant, ce rêve qui vous gardez éveillés le soir, vous poussez à n'avoir qu'un seul sujet de conversations avec vos amis et votre famille. Celui qui agaçait les mamans qui nous bordaient le soir et qui nous disaient : sois patiente et ça arrivera.

- Je n'ai rien non plus à vous donnez, repris-je,
Ne t'attaches pas.
et je ne sais pas ce que vous veut le groupe qui se trouve derrière moi, mais ça ce n'est pas mon problème.
Allez pars.
Merci quand même, bonne journée.

Je repris le chemin d'où je venais, prenant soin de ne pas me retourner vers la dizaine de personnes qui se trouvaient derrière moi.
J'avais compris que nous n'étions pas seuls, au moment où le prête -enfin de ce que je déduisais de sa tenue- jetait constamment des coups d'oeil derrière mon épaule. Il n'aurait pas eu cette réaction avec un rôdeur, et j'avais aussi compris qu'il ne les connaissaient pas, sa gentillesse remplissait ses traits, ça ne pouvait pas être un coup monté.

Alors que j'avais à peine fait un pas pour repartir d'où je venais, j'entendis le déclic familier du cran de sécurité d'une arme à feu, et compris directement qu'il était pointé sur moi.
Une voix grave et masculine parvint à mes oreilles :
-Une minute s'il vous plaît.

...

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant