17. With you

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Aucun de nous deux n'avait parlé depuis qu'il s'était souvenu.
À près de 500 mètres de notre arrivée, il brisa le silence :

-Ça va ton bleu ? Il ne te fait pas trop mal ?
-Ça va t'inquiètes.
-Je suis vraiment désolé.
-Ne t'excuses plus, tu es déjà pardonné.
Il s'avança maladroitement, puis déposa un baiser sur mon front.
Tout était redevenu comme avant.

On frappa trois coups sur la grille, celle-ci s'ouvrit en grand sur Maggie, qui se jeta dans mes bras :
-Qui t'as fait ça ? Rugit-elle d'un ton dur en voyant le bleu naissant au coin de mon oeil.
-Ce n'est pas important.
Je crois qu'elle comprit lorsqu'elle se tourna vers Carl.
-Ok..
-Carl !! Rick cria à plein poumons, les deux firent une moitié de chemin en courant puis se jetèrent dans les bras l'un de l'autre.
-Papa...
Glenn se pressait à côté de moi, il me prit à son tour dans ses bras.
-On a lu ton mot ! Pourquoi tu es partie comme ça ? Tout s'est bien passé ? Vous avez réussi à vous enfuir ?
-Une question à la fois, plaisantai-je.
-Si Negan s'apperçoit que Carl est partit, s'enquit Rick en nous observant tour à tour.
Carl prit à son tour la parole :
-On a découpé des membres de rôdeurs qu'on a éparpillé sur une petite zone, et Sarah avait réussi à récupéré son sac, on a donc déchiré certains des vêtements à l'intérieur et on les a laissés làbas. Espérons qu'ils tombent dans le panneau.
-Pourquoi tu as retrouvé ton sac ? On te l'avais pris ? M'interroga Glenn.
-C'est une longue histoire, soupirai-je.

Le soir, tous autour de la table, l'ambiance était conviviale, festive, j'étais avec ma famille, les gens que j'aimais désormais le plus au monde, ceux pour qui je tenterais le tout pour le tout.
Après manger, chacun retourna dans sa chambre pour y passer la nuit.
J'étais au côté de Carl, blottit dans ses bras.
-Qu'est-ce qu'il t'avait raconté ? Negan ? Demandai-je doucement, jouant du bout des doigts avec le tissu de sa chemise.
-... Il m'avait dit que tu avais tué ma mère.. que Rick l'avait trompé avec Michonne et que c'était elle qui m'avait tiré dans l'oeil.. C'était trop gros pour être vrai mais j'y ai cru..
-Parfois lorsque l'on a trop mal on est prêt à entendre n'importe quoi. Il a promis de te protéger, ne t'en veux plus s'il te plaît. Beaucoup de gens auraient réagi de la même manière.
-Je vais essayer, se contenta t-il de répondre.
Il m'embrassa sur le front, et je m'endormis ainsi, en écoutant les battements de son coeur.

Je me réveillai le matin seule. Je me frottais les yeux, gémissant un grognement et m'étirais tout en dépliant le mot posé sur le lit.

Je suis allé m'entraîner au garage.
~CARL~

Il avait écrit Carl en lettres majuscules et avait souligné plusieurs fois son prénom. J'éclatai de rire, bon sang je crois que cette histoire va me suivre jusqu'à la fin de ma vie.

Au garage, Carl tentait tant bien que mal de toucher le centre de la cible avec sa fléchette, mais il n'atteignait même pas la cible.
Je me positionnais derrière lui et souris de toutes mes dents, mordant ma lèvre inférieure pour ne pas rire :

-Ah ! Tu es vraiment une merde !
Trop tard je ne pouvais pas m'en empêcher.
Il se retourna un air de défi dans les yeux et me lança :
- Tu devrais faire attention il me reste encore une fléchette.
Sauf que lui aussi se retenait de rire.
- Vu les preuves que tu viens de faire je n'ai pas trop à m'inquiéter.

Il ne put s'empêcher d'exploser de rire. Je fis de même et, sachant les représailles, commençai à courir dans le sens opposé ; mais il ne fit rien. Je me retournai alors et vu qu'il regardait d'un air triste les quelques jeunes de la ville qui me lançaient des regards accusateurs, et lançaient des regards compatissants à Carl, le regardant puis regardant son bandage.
- T'inquiètes tu vas t'améliorer, dit l'un.
-Ouais, on va t'aider, ajouta l'autre.

Ils n'avaient donc rien compris.
Je connaissais Carl : il n'avait pas besoin que quelqu'un pleure sur lui pour se sentir mieux, il n'avait besoin de la pitié de personne, mais surtout il avait besoin qu'on le considère comme quelqu'un de normal, et qu'on arrête de lui rappeler à chaque instant qu'il avait une différence.
Et les regards plein de pitié et de curiosité à son égard m'inspirait la vue d'un lion dans un cirque. Et cette image ne me plaisait pas du tout.
Elle me mettait même hors de moi.

Je pris Carl par le bras et l'entraînai hors du garage :
-Laisse tomber, lui chuchotai-je.

Il avait décidé de passer la fin de journée avec Rick et Judith, et j'approuvais totalement ce choix.
La journée était passée rapidement. J'étais assise sur un banc devant la maison, en compagnie de Maggie.

-Quel monde de fou hein... Maggie ? Ça va ?
Les yeux dans le vague, un sourire pendu aux lèvres, elle ne semblait pas m'écouter.
-Maggie ? Répétai-je à son égard.
Elle se tourna ensuite vers moi, son sourire angélique toujours plaqué sur le visage.
-Je dois t'annoncer une nouvelle, dit-elle finalement
-Dis moi ? Demandai-je pleine de curiosité face à sa mine enjouée.

Elle prit une grande inspiration, et son sourire s'élargit d'avantage.
-... Je suis enceinte !
-Oh c'est vraiment formidable ! Je suis vraiment heureuse pour toi et Glenn ! Il est courant ?
-Oui ne t'inquiètes pas. Mais... il avait peur de ta réaction.
-Comment ça ? M'enquis-je.
-Il avait peur que tu te sentes appart, que tu penses qu'on t'oublierait.
-Jamais de la vie ! Je suis vraiment heureuse pour vous, et je sais que vous serez toujours là pour moi malgré tout. Et de toute façon même si vous essayez de me virez, sachez que je construirais un campement dans le salon, vous ne me louperez pas de si tôt !
Maggie rigola doucement.
-On ne veut pas t'oublier, et on ne le fera pas.
Je lui fis un calin, puis me questionnai soudain :
-Vous avez choisi un prénom ?
-C'est une fille on l'appelera Beth, et si c'est un garçon Hershel.

Je n'avais jamais connu les membres de sa famille, mais d'après elle-même et tous les gens du groupe c'était des personnes formidables, et je n'en doutais pas le moins du monde en connaissant Maggie.
-Beth et Hersel, répétai-je, c'est magnifique.
-Merci. Dis, je crois que quelqu'un t'attends, fit-elle avec un clin d'oeil.
Je regardais au loin, et vu Carl assis sur le ponton.
-J'y vais, répondis-je avec un même clin d'oeil.

J'arrivai jusqu'à Carl, m'asseyai près de lui et il prit la parole:

-Tu ne crois pas qu'on devient vieux ? Je veux dire, on a nos petites habitudes que l'on aime pas changer, et je suis sûr que si il y avait eu des canards sur ce lac, on aurait eu une heure précise pour venir les voir et leur donner un bout de pain.

Je ris, me rapprochant un peu plus de lui.
Il avait cette façon de faire une blague, il ne riait pas lorsqu'il la racontait, il fixait toujours un point à l'horizon, les lèvres pincées, comme si la conversation était d'un sérieux remarquable.
Il tourna la tête vers moi, plongeant ses yeux bleus dans les miens. Il posa sa main sur la mienne :

-Je suis content de t'avoir retrouvé.
-Moi aussi.
-Je tiens à te dire quelque chose.
-Hm ?
-Maintenant que je me rappelle, tu m'as protégé beaucoup de fois, mais là tu as pris tous les risques pour me sauver. Tu m'as sauver la vie, et moi je ne t'ai rien donné en retour.
-Et comment tu comptes te rattraper ?

Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Je me mordis doucement la lèvre, continuant de le fixer intensément.
Il inclina la tête sur le côté :
-Comme ça.

Et il m'embrassa.
Ses lèvres étaient enivrantes, douces, voire sucrées. Mon coeur fit de grands bonds dans ma poitrine, je posai timidement une main derrière sa nuque.
Il se recula d'un milimètre, juste assez pour que nos lèvres ne se touchent plus.
-Je t'aime Sarah.
-Je t'aime aussi Carl.
Il rapprocha ses lèvres des miennes, et je crus que j'allais m'envoler une seconde fois.
Carl m'aimait.
J'avais enfermé mes sentiments, objectant que l'amour n'avait pas de place dans ce monde, ayant aussi peur du refus. Mais tout celà n'avait plus d'importance ; j'avais le droit au bonheur comme tout le monde, et mon bonheur, c'était Carl.

On s'écarta doucement et il passa un main dans mes cheveux.
-Au fait, qu'est-ce que tu voulais me dire, avant que la horde nous attaque ? On devait parler de tout ça après tu te rappelles ? Dis-je en posant mon front contre le sien.
-Oh, je crois que j'ai déjà tout dit, me sourit-il.

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant