3.The way

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Trente secondes s'étaient écoulées et personne n'avait encore bougé.
Tout en me retournant je levais les bras en l'air.

Je voulais partir, parce que je n'y croyais pas.
Tout un groupe.
Retournée vers eux, je fus prise de vertiges : même si je savais avant qu'ils étaient là, savoir que je ne m'étais pas trompée et les voir de mes propres yeux était différent.

Je secouais la tête, tentant de dissiper la brume de confusion qui s'était formée dans mon esprit.
Ça ne POUVAIT pas être réel.
J'avais déjà rencontré plusieurs humains depuis que j'étais seule, ils étaient souvent seuls ou par deux, mais tout un groupe... c'était plus dur à digérer.
Pourtant tout était là. Je devais rêver !
Les visages humains se mélangeaient avec ceux des morts, et je n'arrivais plus à comprendre si ce groupe était vivant.
Ça...
Je devais me concentrer sur ce qui était humain chez eux : ils parlaient, ils ne pouvaient donc pas êtres morts, l'adolescent porte un chapeau de shérif, un homme porte un bébé dans les bras...
Et j'ai un pistolet pointé sur la tête.

Étrangement je préférais cette situation à celle d'une horde de rôdeurs, car même si les vivants étaient devenus plus dangereux que les morts, je manquais cruellement de contact humain, et quand je dis celà je veux dire d'humains comme moi,
Des survivants.
Ils étaient tous aussi blafards que moi, semblaient ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours ou même plusieurs semaines, mais ils voulaient survivre.
Et si ils étaient tous là devant moi, c'est qu'ils avaient été alerté par les cris du prête, donc ils voulaient le sauver...

J'observais l'homme qui me menaçait : une barbe qui n'avait pas été rasée depuis un long moment sculptait son visage terne, mais des yeux bleus transpersants encadraient son visage, et il possédait un regard qui pouvait en dire long sur son passé.

Il était le chef du groupe, il n'y avait aucun doute là dessus. Il avait toute la prestance et le charisme d'un leader.
Derrière lui se trouvait un adolescent, même yeux bleus traversants, et même expression du visage, sans aucun doute faisait-il parti de la même famille.
J'observais rapidement les autres membres du groupe : il faut dire qu'ils étaient assez nombreux.

Le chef prit finalement la parole, s'adressant à moi :
- Qui es-tu ?
Il avait dû sûrement comprendre aussi que l'homme ne lui ferait pas de mal, parce qu'il ne s'intérressait qu'à moi. Tout son groupe avait leurs yeux rivés sur ma personne, j'espérais secrètement que ma gêne ne puisse pas se lire sur mon visage.

- Je crois que c'est la question à laquelle je suis la moins en mesure de répondre aujourd'hui, dis-je en toute honnêteté.
Il dut croire que je le testais, ou il n'était pas d'humeur, puisqu'il fit un pas menaçant dans ma direction, resserrant la prise qu'il avait sur son arme.
- N'essaye pas de jouer à ça avec moi, il répondit sèchement, les traits crispés.

Pourtant cette réponse n'avait rien d'ironique ou de provocant.

Il passa une main sur son visage, et se fut comme si toutes les émotions qu'il avait pu ressentir n'existaient plus. De toute évidence il était totalement entraîné pour ce genre de situation.

-Comment t'appelles-tu ? Reprit-il  plus calmement.
-Sarah, je marquai une pause, et vous ?

Mon prénom sonna faux à mes oreilles. Je l'avais porté pendant presque 13 ans, mais je ne l'avais plus entendu depuis deux ans, à compter d'aujourd'hui.

-Rick. Rick Grimes, il récita comme une vieille réplique. J'ai quelques questions à te poser.
-Pourquoi ?
-Tu es toute seule ? Il commença sans se préoccuper de ma question.
-Je serais plus coopérative sans menaces de mort, je désignais d'un coup de tête le pistolet, un air de défiance dans le regard.
-Je t'ai posé une question.

Je crois que ce discours de sourd était sans utilité. Je restais muette, me mordant l'intérieur des joues tout en continant de fixer intensément l'arme.
Rick poussa un soupir puis finit par baisser son bras le long de son corps, mais ne rangea pas le flingue pour autant. Sa main était toujours aussi crispée autour de la crosse.

-Oui, mais ça ne veut pas dire pour autant que je suis vulnérable, répondis-je enfin.
-J'eu cru comprendre, fit-il un sourcil haussé.
Un silence s'éternisa entre nous avant qu'il ne reprenne :
-Combien de rôdeur as-tu tué ?
-Un seul.
Je cachais un sourire de satisfaction, fière d'avoir trouvé cette réplique du tac au tac, sachant que le groupe m'avait vu tuer les trois rôdeurs sans difficulté quelques minutes plus tôt.
Rick leva les yeux au ciel et eut un rire ironique, mais je ne sus pas dire si ça l'avait vraiment fait rire ou plutôt mis hors de lui.
-2, 3, 100 ou bien 356, continuais-je, quelle est l'importance ? J'ai tué autant de monstres qu'il fallait pour survivre, et j'avoue qu'il y a longtemps que j'ai arrêté de compter. Ironique cependant de me demander combien de morts j'ai tué.

Je réussis à laisser s'échapper un sourire au garçon, qui se ravisa quand il reçut le regard foudroyant de l'un de ses compagnons.
- Combien d'humains as-tu tué ? Continua Rick impassible à mon mauvais humour.

Voilà. Je ne pouvais plus continuer le jeu d'actrice que je m'étais donnée.
Les souvenirs me frappèrent comme un coup de poignard dans le ventre, et j'avais des connaissances dans ce domaine pour faire cette comparaison.
Je ne pouvais pas pleurer maintenant. C'était impossible après l'assurance que je m'étais donnée. Ils comprendraient que je ne suis pas aussi forte que je le prétends.

-J'ai... je...
Je pris une profonde inspiration pour parler correctement, mais ma voix se brisa quand je prononçais ces quelques mots :
-Beaucoup trop...
-Pourquoi ?
Il avait répondu du tac au tac, impassible à mon changement soudain de réaction.
-Tout est de ma faute..
Le son écarlate de ma voix était le seul bruit qui émanait de cette forêt.
Je voulus rajouter quelque chose, ne pas terminer cette conversation sur cette faiblesse. Les mots suivants me furent beaucoup plus facile à prononcer :
-J'ai dû faire tout mon possible pour protéger ma famille, et parfois je n'ai tout simplement pas fait ce qu'il fallait... Et les autres "humains" que j'ai tué étaient déjà devenus des monstres à leur façon.

Le ton de ma voix avait radicalement changé, parce qu'une fureur consumait mon corps lorsque je me rappelais de ces êtres qui ne valaient pas mieux que les monstres qui marchaient dehors... et qui eux avaient encore leurs consciences. Ces enfoir...

-Et toi ?
Je repris mes esprits remarquant qu'on ne me parlait plus, et m'intéressai maintenant aux questions que Rick posait également à -j'avais donc appris son prénom- Gabriel.
Cet homme avait passé sa vie dans son église, il n'avait pas eu recours aux armes, n'avait touché à aucun rôdeur parce que le seigneur le protégait. Il avait réponse à tout, allant jusqu'à dire que lorqu'il était en détresse, Dieu avait envoyé de l'aide pour le secourir aujourd'hui.

Est-ce que je dois me considérer comme un envoi de Dieu ?
Si c'est le cas, il aurait peut-être dû mieux traiter ses messagers.

Après ce que je puis définir par les présentations, les plans du groupe étaient inscrits dans chaque esprit : ils iraient donc tous à l'église, en compagnie de Gabriel.
L'idée que Rick ne m'ait toujours pas proposé de venir me fit mal au coeur, mais je ne pouvais pas non plus dire que je lui avais donné envie de m'accueillir.
Pourtant, lorsque je tournais les talons, prête à repartir avec ma solitude, sa forte voix me cria :
-Tu veux rester avec nous ?

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant