Les conserves que j'avais immédiatement lachées roulaient encore sur le sol.
Mon bras tendu vers l'inconnu, je reserrai ma main autour de mon arme pour qu'elle arrête de trembler :-Je t'ai dit de sortir !
J'essayais de paraître convaincante, haussant le ton. Mais il était aussi armé, et ça changeait la donne.
L'homme s'avança enfin, un sourire narquois sur le visage.
Il ne parraissait pas du tout avoir peur, comme si il était le seul en position de force.-On ne veut pas d'embrouilles, on cherchait juste de quoi manger, continuai-je calmement, mon regard rivé sur le sien.
L'homme tourna les yeux vers les conserves, puis vers le maquillage que tenait Mélina.
-Vous n'avez pas vraiment l'air de survivre, dites moi ? Vous habitez où mes petits ? Je cherche uniquement un endroit pour vivre. Son sourire s'agrandit un peu plus, dévoilant ses dents jaunis par la cigarette.Son doigt ne quittait pas la gachette. L'homme n'avait aucun mal à me regarder dans les yeux sans oublier mon décolleté, le rictus de son sourire était bien trop prononcé ; de toute évidence il mentait.
-Ne bouge pas Mathieu, soufflai-je entre mes dents, sentant celui-ci s'avancer dans mon dos.
Ce n'était pas le moment de jouer aux héros.
-Mathieu non !
Malgré mes interdictions, Mathieu s'était jeté tête baissée sur l'homme pour le désarmer.
Mais l'homme aux yeux fous l'attrapa par le col et le jeta sur le sol, le laissant semi-conscient.
Pourquoi les avais-je emmener ?-Quelqu'un d'autre veut jouer au plus malin ? Ricana l'homme brandissant son arme sur la tempe de Mathieu.
Je fus contrainte de poser mon arme et de la faire lentement glisser sur le sol si je voulais que Mathieu reste en vie, c'était "la condition" avait-il dit.Je fixais toujours l'homme marchant à reculons face à nous, une envie de lui planter mon couteau en pleine poitrine, ou dans l'espoir qu'un rôdeur se jette sur lui, ou qu'il s'enflamme subitement.
Depuis le début de notre marche, Camille et moi soutenions Mathieu qui ne pouvait pas tenir debout tout seul. Je me stoppai un instant, pour pouvoir réajuster ma prise sur Mathieu.
Je crois qu'ils ne proposeront plus jamais de sorties.Direction "l'antre" de cet homme, son petit endroit secret comme il aimait l'appeller.
Il ne parla pas du trajet, mais je compris dans ses yeux que nous n'étions pas ses premiers otages.
-On est arrivé ! S'exclama t-il d'un ton enjoué.Il nous poussa tous les trois à l'intérieur de sa cabane, une odeur de renfermé et d'humidité attaquèrent directement mes narines.
Retenant un vomissement, je portai ma main libre à mon nez, allongant la manche de mon pull pour masquer au mieux l'odeur. Les filles dûrent le sentir aussi car elles reproduirent mes gestes.L'homme ricana une fois de plus :
-Je reviens, je vais faire un tour. Soyez sages.
Il referma la porte et la verouilla à l'aide d'une planche de bois.
Mélina plaça son pouce et son index au coin de chaque oeil, prenant une grande inspiration. Elle nous aida à poser Mathieu sur le sol.
Les deux filles s'assirent adossées au mur et ne purent retenir le flots de larmes qui menaçaient déjà d'exploser depuis le début de notre kidnapping.Mathieu reprenait peu à peu connaissance, se balançant d'avant en arrière les mains sur la tête.
Plusieurs minutes plus tard, il semblait en mesure de répondre à des questions simples tel que son âge ou son nom.
Tous les trois restèrent assis par terre, attendant patiemment que le monstre revienne les tuer.
Quant à moi, je m'ennuyais comme un lion en cage. Tournant autour de la pièce les mains sur les hanches, j'étudiais méticuleusement la structure de la cabane.
Touchant du bout des doigts les murs en bois de la vieille cabane, je ne pus retenir un léger rire. Une folie m'envahit ensuite, je rigolais si fort que j'en avais mal au coeur, je dus même porter mes mains à mon ventre qui me chatouillait.Le visage sombre de Camille apparut derrière ses mains, sa voix n'était plus aussi cristalline :
-Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle, articula t-elle entre deux pleurs.
Je n'arrivais plus à m'arrêter tellement la situation en était drôle : une cabane, une pauvre cabane en bois, j'avais déjà eu à faire à bien pire.-Il pense qu'il nous a eu, qu'on va rester planter là en attendant qu'il revienne, alors qu'on aura aucun mal à sortir, dis-je en essayant de contrôler ma respiration. Quel con, dis-je cette fois plus sérieusement.
Mais je me tus, observant le visage de mes camarades : si je n'avais pas été là, c'est exactement ce qu'elles auraient fait.
Voyant que j'étais sur le point de m'excuser, Camille me coupa :
-C'est bon, on le sait, on est pas des battantes, dit-elle, n'osant pas me regarder.
-Vous pouvez le devenir. Assez parlé.J'attrapai une vielle blanche de bois suffisament fine, et la faisait passer entre l'ouverture des deux portes. Par mouvement verticaux, je frappais énergiquement la planche que l'homme avait posé horizontalement aux portes.
Au bout du troisième coup, celle-ci chancela et prenant un bond trop haut, retomba lourdement sur le sol.
On était libres.Aucun bruit dehors, il semblait qu'on soit belle et bien seuls.
-Venez, leur chuchotai-je.
A pas de loup, je fis passer mes trois camarades devant moi d'un signe de la main.
Je fermai la marche, vérifiant que l'on n'ait pas été repérés, mais toujours rien.Mon coeur battait relativement à une bonne fréquence, chaque pas que l'on faisait loin de cette horrible cabane nous éloignait du danger et de l'horrible bêtise que j'avais faite en les emmenant ici.
-On rentre directement, chuchotai-je plus fermement.Tous hochèrent très rapidement la tête de haut en bas, puis coururent comme des lapins allant retrouver leurs terriers : ils allaient toujours plus vite, et avoir porté Mathieu pesait à présent sur mes jambes.
Je les suivais à quelques mètres de distance, jetant des regards rapides au paysage verdoyant qui défilait sous mes yeux.Choc.
Je ne compris pas tout de suite ce qu'il m'arrivait, jusqu'à ce qu'un filet rouge vif s'échappe de ma cuisse droite : j'étais touchée.
J'avais ressentie la douleur avant de comprendre que le bruit provenait d'un coup de feu.
Mes camarades se faufilaient à travers les bois, n'entendant pas mes appels au secours :
-Attendez moi ! Attendez... moi, dis-je dans un dernier souffle.
Aucun d'eux ne se retourna pour vérifier où je me trouvais.Je tombai lourdement sur le sol : impossible de continuer avec le sang que je perdais.
Avant que je n'ai pu me relever, l'homme répugniant m'avait déjà attrapé par les cheveux.
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▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl Grimes
Fanfiction"Je l'ai enfin compris. J'ai compris que dans ce monde on ne peut pas toujours fuir. Fuir ne me sauvera pas. Je ne peux plus être un fardeau. Je ne veux plus. Maintenant je vais me battre." Malheureusement, je ne connaîtrai jamais ce ressenti de gra...