Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]

Chapitre 11 [RÉÉCRIT] :

   Je me réveillai d'un sommeil difficile ; après plusieurs heures d'insomnie, j'avais enfin réussi à m'endormir mais ces heures de torture me hantèrent jusque dans mes rêves. Je n'avais dormi qu'une heure et Brice avait fini par s'assoupir à son tour. Il faisait noir dans la pièce ; il n'y avait aucune fenêtre, je ne savais même pas s'il faisait jour ou nuit. Le silence régnait et il faisait si froid dans cette pièce que tous mon corps semblait engourdi. Je me retournai pour faire face à Brice qui dormait juste à côté. Il semblait profondément endormi et je me demandai comment il faisait. Je me mis alors à réfléchir à la tournure qu'avait pris ma vie ; je n'avais pas grand-chose d'autre à faire... Comment avais-je fait pour en arriver là ? Je me rendis compte que tout était si simple lorsque je n'étais rien de plus qu'une chasseuse... En une semaine, ma vie avait totalement dérapé et tout était hors de mon contrôle ; j'étais devenue un vampire dont le sang avait des pouvoirs particuliers et j'étais retenue prisonnière par un groupe de sorcières avec pour seule compagnie celui qui m'avait transformé. Et si le visage de Brice était le dernier que je verrai ? Je m'attardai un instant sur son visage endormi ; des mèches de ses cheveux noirs tombaient sur son front, il avait l'air d'un jeune homme si innocent lorsqu'il dormait... Il remua un peu et ses yeux s'ouvrirent d'un coup. Je détournai les yeux à toute vitesse lorsque que ses prunelles noisette se plantèrent dans les miennes. Il esquissa un sourire amusé et alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose des hommes entrèrent et m'attrapèrent les bras. Je me débattis alors en hurlant, cherchant désespérément et en vain à me défaire de leur emprise. L'un des hommes murmura une formule et le même violent mal de tête que lors de notre capture s'empara de Brice. Il ne lutta pas longtemps et sombra dans l'inconscience.

- Vous allez nous accompagner, on a quelques questions à vous poser.

Ils me donnèrent chacun un violent coup de poing pour m'affaiblir et me trainèrent jusque dans une pièce non loin de là. Ils me jetèrent par terre et nous attachèrent, Brice et moi, contre deux poteaux. Ma vision était floue, je n'arrivais pas à discerner les détails de l'endroit dans lequel je me trouvais et j'avais un très douloureux mal de tête ; ils m'avaient bien amochée. Je pus finalement distinguer la femme que j'avais vu en arrivant ici lorsque ma vision revint lentement à la normale. Elle était toujours habillée en tailleur, seule la couleur de celui-ci avait changé et elle devait être d'origine asiatique ; ses yeux et ses cheveux étaient noirs. Son air sévère de la veille semblait ne pas avoir quitté son visage dont les traits se tordaient sous la contrariété.

- Je vous avais dit d'y aller doucement ! S'exclama-t-elle avec colère en direction des deux hommes qui nous avaient amenés jusqu'ici.

- Excusez-nous madame...

- Et lui, vous étiez censés le tuer !

- On a pensé qu'il nous serait utile...

Je pouvais sentir la peur dans leur voix à chaque tremblement qu'ils ne pouvaient contenir et entendre leurs cœurs accélérer dès que cette femme ouvrait la bouche. Elle devait être puissante ; même eux semblaient la craindre. Elle hésita un instant et finit par répondre d'une voix plus calme :

- Oui, il pourrait nous être utile, aujourd'hui en tout cas.

Ils poussèrent tous deux un même soupir de soulagement.

- Vous pouvez partir.

Ils échangèrent un regard et sortirent de la pièce d'un pas accéléré. Brice avait repris connaissance et nous restions silencieux, nous avions bien compris qu'il valait mieux ne pas la contrarier. Elle nous regarda d'un air satisfait et dit :

- J'ai quelques services à vous demander.

Un long silence suivit. Elle resta immobile, nous détaillant de son regard de glace. Brice et moi échangeâmes un regard peu rassuré.

- On vous écoute, finit-il par répondre, brisant ce silence pesant.

- Bien. Je veux connaître la position de votre nid et les noms de tous les vampires qui le composent.

- Hors de question ! S'exclama tout de suite Brice.

Elle prononça un mot qui ressemblait à « doleo » et le visage de Brice se tordit de douleur avant qu'il ne se mette à hurler en se recroquevillant sur lui-même. Que pouvait-elle bien lui faire endurer ?

- Ce n'était pas une question ! S'écria-t-elle alors en accentuant la douleur que Brice ressentait.

- Arrêtez ! M'exclamai-je, affolée.

Elle m'ignora et continua de plus belle. Pourquoi ne lui disait-il pas tout ? Brice continuait d'encaisser la douleur, du sang coulait de son nez.

- Vous allez le tuer !

Je tentai de me défaire de mes liens, espérant pouvoir lui venir en aide mais c'était vain. Elle finit par arrêter avant de constater

- Bien ! Puisque la douleur n'a pas l'air de te faire parler, je vais chercher autre chose...

   Soudain, il y eut comme une légère secousse. Les murs de la pièce se remplirent de petites fissures, brisant les symboles qui y étaient dessinés. La porte par laquelle nous étions entrés fut éjectée contre le mur d'en face et une vieille femme entra. Je ne mis pas longtemps à la reconnaître ; c'était la gouvernante des Stewart. Alors c'était une sorcière, elle aussi ?

- Toi ! Cracha la jeune sorcière avec rage.

- Tu vas les laisser partir.

April entra dans la pièce et se précipita dans ma direction pour me détacher. Alors que la femme s'apprêtait à l'arrêter dans sa course, Carmella s'interposa :

- Je te le déconseille, tu sais très bien que je suis plus puissante que toi.

- Tu vas le regretter ! Pesta l'autre, bouillonnant de colère.

- Je t'attends ! Se moqua la vieille femme.

April m'aida à me relever et alors qu'elle me tirait par le bras, je m'exclamai :

- Attends !

Elle se retourna et me dévisagea avec incompréhension. Je lui tournai le dos pour aller détacher Brice qui me remercia d'un faible sourire.

- Tu n'aurais pas dû faire ça, répliqua April d'un ton froid, tu ne lui dois absolument rien !

- Il m'a aidé.

- Il a kidnappé mon frère ! S'écria-t-elle alors.

Ce dernier se tenait sur le pas de la porte ; je ne l'avais même pas aperçu. Je fus rassurée de voir qu'il allait bien... Se souvenait-il de moi ? Brice se releva et lança un long regard en direction de Morgan :

- Comment l'as-tu libéré ? Demanda-t-il sans le quitter des yeux.

- C'est pas ton problème.

Carmella attendit que tout le monde soit sorti de la pièce pour relâcher son emprise sur les mouvements de l'autre sorcière. Alors que cette dernière s'apprêtait à s'attaquer à Carmella, elle s'écria :

- N'oublie pas que je t'ai tout appris, Amber !

  Sur ces mots, elle l'éjecta contre le mur d'un simple geste de la main. Amber heurta le mur dans un bruit sourd et s'écrasa sur le sol, incapable de se relever, assommée par la violence du choc. Carmella n'attendit pas que cette dernière reprenne ses esprits pour sortir de la pièce et rejoindre tout le monde dans leur voiture ; tout le monde sauf Brice qui avait disparu au moment même où nous étions sortis du bâtiment. Je jetai un dernier coup vers ce lieu de torture à travers la fenêtre de la voiture ; je n'avais pas passé plus de deux jours dans cet endroit horrible et j'avais déjà le pressentiment qu'il allait me hanter pendant longtemps. C'est alors, la tête remplie de souvenirs douloureux que je regardai s'éloigner cet endroit terrifiant.