Chapitre 35 [RÉÉCRIT] :

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Je m'écroulai sur mon lit et fermai les yeux en poussant un soupir afin de relâcher toutes les émotions qui s'étaient accumulées en moi ces derniers jours. C'était fini, tout était fini et je pouvais enfin me reposer sans y penser, ce poids constant dans ma poitrine avait finalement disparu. Je commençais à me détendre lorsque la porte d'entrée s'ouvrit violemment suivie de la voix de Jonathan qui reflétait une pointe d'inquiétude :

- April ? T'es là ?

Je me relevai ; visiblement je ne pourrais pas encore être tranquille avant un bon moment, il fallait que je m'y fasse ; ma vie était tout sauf tranquille et même obtenir vengeance n'y changerait rien. Mon cœur se serra : je devais tout avouer à Jonathan, il ne méritait pas de rester avec quelqu'un comme moi. Et puis il y avait Brice... Je secouai la tête pour le chasser de mon esprit avant de m'éclaircir la voix et de répondre :

- C'est moi.

- Emma ? T'aurais pas vue April ?

- Non, pourquoi tu la cherches ? Demandai-je d'un air las.

- Elle était partie nous chercher de quoi boire, elle avait dit que tu nous rejoindrais plus tard pour parler de quelque chose... Mais elle n'est toujours pas revenue.

Une crampe se fit ressentir dans mon ventre ; s'il était là, c'était pour que je lui dise la vérité... Je ne voulais surtout pas le blesser, mais il devait tout savoir... Après que nous ayons retrouvé April. C'était peut-être un piètre moyen de repousser le moment redouté où je devrais tout avouer à Jonathan mais April passait en priorité, il lui était peut-être arrivé quelque chose. 

- On devrait aller demander à Aiden s'il l'a vu, ils auraient pu se croiser.

Il hésita un instant avant d'acquiescer. Je l'amenai jusqu'au bar d'en face et poussai la porte qui s'ouvrit dans un léger grincement. J'aperçus directement Aiden, assis le canapé central, un verre à la main. Il releva la tête et son regard désolé croisa le mien. L'inquiétude grimpa en moi lorsqu'il se redressa pour s'approcher de nous. 

- J'ai trouvé ça quand je suis arrivé, m'annonça-t-il en me tendant un bout de papier.

Je le dépliai pour en lire les quelques mots que je devinai comme écrits par April.

  « J'ai besoin de quelques temps loin d'ici pour réfléchir, régler des problèmes, je ne sais pas quand ni si je reviendrais, ne m'attendez pas »

Régler des problèmes ? Quels problèmes pouvait-elle avoir ? Elle ne m'a parlé de rien, pourtant je pensais que nous étions assez proches pour qu'elle insinue au minimum quelque chose à ce sujet... Je poussai un soupir et me dirigeai vers le bar pour en sortir une bouteille d'alcool suffisamment fort pour me faire accepter le départ d'April et me donner le courage de tout avouer à Jonathan. Une douleur me prit à la main lorsque je m'accroupis au sol pour choisir la bouteille et lorsque je pus voir un bout de verre enfoncé dans la chair de la paume de ma main. Je grimaçai ; ils pourraient nettoyer un peu quand même. Je retirai l'éclat de verre d'un geste rapide et la blessure cicatrisa très vite. Je portai le goulot de la bouteille directement à ma bouche et laissai le liquide couler dans ma bouche afin d'apaiser mes appréhensions. 

****

Nous étions de retour dans ma chambre et je sentais le douloureux moment de ma discussion avec Jonathan arriver. 

- Au fait, c'était quoi ce truc dont April a dit que tu devais nous parler ?

Et voilà, il me l'avait finalement demandé. C'était maintenant ou jamais, je devais le lui dire, il fallait que je le fasse... Il décela certainement l'hésitation sur mon visage puisqu'il me demanda dans un froncement de sourcils :

- Tu vas bien ?

- Jonathan... Je dois te dire quelque chose.

Il s'approcha de moi et me prit les mains avec douceur ce qui me rendit la tâche encore plus difficile :

- Tu sais que tu peux tout me dire !

Je restai silencieuse, incapable de prononcer un mot alors qu'il me fixait d'un regard insistant. Je pris une grande inspiration et, choisissant d'ignorer la voix dans ma tête qui me hurlait de ne rien dire, je lui avouai finalement d'une voix tremblante :

- J'ai embrassé Brice...

Il se figea et arracha brutalement ses mains des miennes.

- J'ai sacrifié tous mes principes en acceptant ta nature, j'ai fait ça parce-que j'étais certain que tu en valais le coup, parce-que je me sentais bien avec toi et par-dessus tout parce-que je t'aimais Emma, je pensais que c'était réciproque, mais apparemment je me suis trompé...

- Ça l'était ! M'exclamai-je.

- Mais ça ne l'est plus n'est-ce pas ? Emma dis-moi la vérité... Est-ce que tu aimes Brice ? Demanda-t-il d'un ton grave.

- Quoi ?

- Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne ressens rien pour ce type.

Je tentai tant bien que mal de fuir son regard mais c'était impossible. Ses yeux se plantèrent dans les miens et je fus incapable de prononcer un mot. Il finit par détourner le regard en soupirant.

- Je sais pas ce que je ressens ! M'exclamai-je.

- C'est moi ou bien toi que t'essayes de convaincre ? Demanda-t-il avec une pointe de colère dans la voix.

Je ne lui répondis pas, j'étais perdue dans mes propres émotions. J'étais persuadée d'avoir aimé Jonathan, je pensais sincèrement l'aimer mais désormais je n'étais plus sûre de rien, mes sentiments semblaient jouer avec moi.

- Tu te mens à toi-même ! S'écria-t-il alors.

Il attendit un moment dans ce froid silence avant de se décider à sortir de la pièce sans même m'accorder un regard. Je me retournai dans un sursaut lorsque j'entendis Jonathan s'écrier avec colère :

- Tiens, voilà le principal intéressé !

Brice apparut dans l'entrebâillement de la porte. Mon visage vira au rouge et mon cœur s'accéléra : est-ce qu'il avait entendu toute notre conversation ? Je ravalai mon malaise et m'exclamai en essayant de garder ma contenance :

- T'étais là depuis le début j'imagine... Grande nouvelle, c'est fini avec Jonathan !

Il resta silencieux, seul un sourire en coin transparaissait sur son visage... Je n'arrivais pas à déterminer l'émotion dissimulée derrière ce sourire ; était-ce de la moquerie, de la joie, de la satisfaction ? Pourquoi étais-je incapable de connaître ses intentions, pourquoi était-il si impénétrable ?

- Pourquoi tu souris ?

Aucune réaction. Agacée par son silence, je lui lançai d'un ton épuisé :

- Va-t'en, s'il te plaît.

Sonsourire s'évanouit et son regard s'assombrit le temps d'un instant mais,suivant ma requête, il quitta la pièce, me laissant seule avec mes remords.Jonathan était blessé par ma faute et j'étais toujours incapable de comprendremes propres émotions.

Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant