Chapitre 12 [RÉÉCRIT] :

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     Une semaine était passée depuis qu'April, son frère et leur gouvernante m'aient aidé à m'échapper du repère de ses sorciers et la vie était redevenue paisible ; sans prendre en compte le fait que j'étais un vampire. Je n'avais plus revu Brice depuis et je trouvais ça curieux qu'il n'ait pas fait d'apparition depuis. J'étais assise là, sur cette balançoire, à contempler le ciel et ses nombreuses étoiles ; pour la première fois depuis longtemps, je me sentais simplement bien. Les problèmes semblaient être derrière moi, et malgré le fait que mes heures de sommeil étaient très souvent rythmées par les souvenirs atroces du psychopathe qui m'avait torturé pour pouvoir récupérer mon sang, tout était calme autour. Je ne savais pas à quand remontait la dernière fois où je m'étais posée pour observer le ciel, par une belle nuit d'été... Les oiseaux s'étaient arrêtés de chanter depuis que le soleil s'était couché, mais on pouvait toujours entendre les cigales. L'air était doux ; ni trop chaud, ni trop froid. Soudain, mon téléphone se mit à vibrer dans la poche arrière de mon jean : c'était Camille. Je décrochai alors, me demandant pourquoi pouvait-elle bien m'appeler.

- Allo ? Demandai-je d'une voix peu rassurée.

- Salut Emma ! Ça te dirait de sortir ?

Je fus surprise par sa proposition : sortir ? Sortir où ?

- Euh... Oui... Tu veux aller où ? La questionnai-je alors.

- Il y a un endroit sympa en ville, passe chez moi on ira y faire un tour.

- D'acco...

   Elle raccrocha avant que je n'aie le temps de finir mon mot. J'étais déconcertée par son invitation ; les sorties entre amis, les « endroits sympas en ville », je n'avais jamais connu ça. Ma vie entière s'était toujours résumée à la chasse, si bien que mon oncle était la seule personne avec qui je restais en général. Alors, est-ce que ma transformation en vampire allait rendre ma vie plus normale ? C'était assez ironique. Et puis, avais-je vraiment envie d'avoir une vie banale ? Je mis fin à mes spéculations et partis à pieds en direction de la maison de Camille. Les rues étaient vides et seules les rares voitures de passage venaient perturber le silence apaisant qui régnait ; il devait être dans les alentours de vingt-trois heures. J'avançai sur le trottoir en tentant de ne pas marcher sur les lignes, regardant et détaillant chacune des maisons que je passai sur le chemin de celle de Camille. À cet instant précis, je me sentais bien ; comme en harmonie avec moi-même.

     J'arrivai enfin sur le palier de sa maison. J'appuyai sur la sonnette et, à peine quelques secondes après, Camille vint m'ouvrir la porte. Elle était habillée d'une robe de soirée bleu nuit et portait plus de maquillage que je n'en avais jamais porté.

- Hey...

Elle avait commencé sa salutation sur un ton enthousiaste jusqu'à ce qu'elle voie comment j'étais vêtue. Elle me regarda de bas en haut avant de s'exclamer :

- T'es venue pieds nus, sérieusement ?

- J'ai mes chaussures dans mon sac... Me justifiai-je alors.

Elle me dévisagea un instant et éclata de rire. Je fis d'abord une moue boudeuse avant d'être emportée dans sa crise de rire.

- Rentre, je vais arranger ça ! Me dit-elle tout en reprenant son souffle.

Je ne savais pas vraiment ce qu'elle comptait me faire et honnêtement je m'en fichais un peu. Elle passa donc les trente minutes qui suivirent à me choisir une tenue et à alterner entre ma coiffure et mon maquillage. Elle m'avança jusqu'à son armoire en me cachant les yeux, prenant garde à ne pas abîmer mon maquillage.

- Tu es prête ? Demanda-t-elle en affichant un grand sourire.

- Vas-y... Répondis-je d'un air faussement enjoué.

Elle retira ses mains de mes yeux et recula, mains sur les hanches, fière de son œuvre.

Je regardai le miroir avec silence ; je ne reconnaissais pas cette fille dans le reflet. Camille m'avait fait un maquillage léger et avait bouclé mes cheveux roux qui paraissaient bien plus courts de cette manière. Je portais une chemise blanche qu'elle s'était fait une joie de me prêter accompagnée d'une jupe patineuse ; c'était la seule tenue lui appartenant dans laquelle je ne flottais pas. Camille avait insisté pour que je mette des talons mais face à mon refus obstiné, elle m'avait prêté ses Doc Martens en cuir noir.

- Tu es magnifique ! Me complimenta-t-elle avec fierté.

Je la remerciai d'un sourire gêné ; je n'étais pas très à l'aise, habillée comme ça.

- Tu ne m'as toujours pas dit où on allait, rappelai-je à mon amie.

- Tu verras !

- Ça m'avance beaucoup !

Elle me sourit tout en attrapant son sac à main et nous sortîmes de la maison.

****

Nous étions arrivées. Je n'avais jamais vu cet endroit auparavant ; c'était un grand bâtiment qui affichait une enseigne lumineuse clignotante sur laquelle on pouvait lire « Chez Jefferson » Des gens faisaient la queue à l'entrée, il y avait beaucoup de monde. Camille me prit par le bras et me tira jusqu'au videur en murmurant « fais comme moi ».

- Excusez-moi monsieur... Dit-elle de sa voix la plus enjôleuse possible. 

Je lui jetai un regard amusé ; pensait-elle réellement que ça serait aussi simple ? Elle enchaîna :

- Il fait très froid pour nous dehors avec nos habits de soirée, vous pourriez faire une petite exception ? Dit-elle en lui faisant les yeux doux.

Je tentai de camoufler mon rire en me raclant la gorge. Camille me donna un coup de coude dans le ventre pour que je m'arrête. Le videur hésita un instant avant de répondre :

- Faites la queue.

Camille poussa un soupir en murmurant un petit « je vois... » et commença à fouiller dans son sac pour au final en sortir un billet de cent dollars. Pendant un instant, je crus qu'il allait nous rembarrer mais il finit par attraper le billet avant d'hocher la tête et nous laisser passer.

   La musique était très forte et l'endroit ne m'inspirait pas vraiment confiance. Le lieu était assez extravagant et je ne me sentais vraiment pas à ma place au milieu de tous ces gens. Camille regarda autour d'elle et je vis son visage s'illuminer lorsqu'elle aperçut un groupe de personne au bar. Elle les appela en leur faisant signe de la main. Ils étaient cinq ; trois hommes et deux femmes. Camille se précipita en direction d'un de ces hommes ; il était habillé dans un costume très élégant et était très bien coiffé. Elle se jeta dans ses bras et l'embrassa avec fougue. Je me rapprochai du bar, un peu gênée par la situation. Les gens dégageaient quelque chose d'étrange ici, mais je ne n'arrivais pas à comprendre ce que c'était. Camille s'était assise sur les genoux de l'homme qui devait être son petit-ami et discutait avec l'une des deux filles. Je jetai un vif coup d'œil dans leur direction et je pus remarquer que le petit ami de Camille me regardait fixement avec un sourire en coin. Soudain, ça me sautait aux yeux : presque tous les gens présents dans ce bar étaient des vampires.

Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant