Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]

Chapitre 50 - FIN [RÉÉCRIT] :

   Alors que les douleurs semblaient refuser de s'arrêter, Brice essayait tant bien que mal de me rassurer. Mais je n'étais pas aveugle, je voyais bien que lui-même résistait à l'envie de s'affoler. Il sourit pour dissimuler son inquiétude et posa sa main sur ma joue :

- Tout va bien, dit-il d'une voix rassurante.

Je tentai un sourire qui devait sûrement s'apparenter à une grimace de douleur. Les contractions se répétaient et semblaient de plus en plus proches au fil des minutes. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais allongée la, peut-être une heure, j'avais perdu le fil du temps.

Morgan qui semblait lui aussi à bout de forces m'annonça d'une voix tremblante :

- Je n'ai plus la force de bloquer le sortilège...

J'hurlai en guise de réponse. Manon, qui semblait avoir déjà vécu ce genre de situations, me donnait les instructions à suivre. Elle m'avait enlevé mon pantalon et recouvert les jambes de l'imperméable qu'elle adorait porter.

- Je crois que le bébé est en train de sortir ! S'écria-t-elle dix minutes après l'intervention de Morgan.

Brice saisit ma main dans la sienne que je serrai de toutes mes forces à chaque nouvelle contraction. Je continuais de suivre les instructions de Manon, mettant ma vie et celle de mon bébé entre ses mains. Le bébé sortait, je pouvais le sentir. Manon le saisit délicatement pour l'aider à sortir alors que je poussais une ultime fois. Un soulagement se fit soudain ressentir alors que la douleur s'évaporait lentement et un court silence suivit. Je retins ma respiration, craignant le pire lorsqu'enfin des cris virent briser le silence. Des pleurs de bébé. Un grand sourire soulagé illumina mon visage ; il était en vie. Manon l'enveloppa dans le tissu de son imperméable avant de me le tendre.

- C'est un garçon, annonça-t-elle d'une voix émue.

Je pris ce petit être dans mes bras sous le regard de Brice. Je regardai son petit visage cramoisi ; il était magnifique.

- Que penses-tu de « Michael » ? M'interrogea Brice sans quitter l'enfant du regard.

- J'aime beaucoup.

Brice me prit dans ses bras alors que je serrais notre enfant contre moi et nous restâmes comme ça, complètement immobiles.

- Tu ne peux pas rester avec le bébé pour le moment, nous interrompit Morgan, les sorciers doivent déjà te chercher. On doit partir, maintenant que le bébé est né je vais pouvoir essayer de briser le sort de localisation sans le mettre en danger.

- Je ne laisserais pas mon enfant ! M'exclamai-je avec indignation.

- Je pourrais le garder le temps que tu fasses ce que tu dois faire, si tu veux.

Tous les regards se retournèrent vers Manon. J'avais beaucoup confiance en elle, certes, mais je ne voulais pas risquer de perdre mon bébé maintenant qu'il était né. Voyant mon visage peu convaincu, elle ajouta :

- J'avais un enfant durant ma vie d'humaine, je saurais quoi faire, ne t'en fais pas.

Elle s'approcha de moi et je lui tendis Michael à contre-cœur. Un vide emplit ma poitrine lorsqu'elle me le prit délicatement des bras.

- Tu penses pouvoir marcher ? Me demanda Morgan.

J'hochai les épaules : la douleur s'était calmée, mon vampirisme ferait sûrement tout cicatriser très rapidement. Seulement, je devais me nourrir pour enclencher la cicatrisation, j'étais affamée. Brice glissa une de ses mains sous mon dos et l'autre sous mes genoux et me souleva.

- On se retrouve à la cabane, nous indiqua Manon avant de partir en direction de la voiture garée deux kilomètres plus loin, mon fils dans les bras. 

Heureusement pour nous, Morgan avait rassemblé tous les ingrédients pour défaire le sort pendant ma grossesse. Il n'avait pas voulu essayer de briser le sortilège alors que je portais encore l'enfant de peur de le blesser.

    Enfin arrivés dans leur abri, Brice me déposa sur un canapé qui était dans un état catastrophique. J'étais épuisée et ma faim ne faisait que s'accroître :

- Je meurs de faim ! M'exclamai-je alors.

Morgan me fixa, les yeux plissés, puis parti chercher une poche de sang dans le réservoir où ils stockaient celles destinées à nourrir April. Je la lui arrachai presque des mains pour en boire le contenu. Le liquide me réchauffa la gorge et la sensation de fatigue disparut petit à petit au fil des gorgées.

Morgan fit le tour de la maison, attrapant au passage les ingrédients nécessaires qu'il avait rangé par-ci, par-là. Il finit par revenir, un liquide, qui dégageait une odeur encore plus répugnante que celle qui régnait dans la maison, à la main.

- Bois, m'ordonna-t-il presque.

J'attrapai le verre en grimaçant puis, sans hésiter une seconde de plus, je buvais cul-sec la mixture qui reposait à l'intérieur.

Un terrible mal de tête s'empara de moi alors que Morgan commençait à réciter des formules. Je n'entendais pas clairement ce qu'il se passait autour de moi tant la douleur était forte mais je pouvais sentir l'inquiétude de Brice lorsqu'il s'adressait à Morgan. Une nouvelle douleur me prit au bras où se situait la marque lorsque Morgan termina sa formule et je ne pus retenir un cri de douleur. Des voix chuchotaient dans ma tête, tout était flou autour de moi, j'étais perdue. Soudain, ce qui ressemblait à un grand trou noir sembla m'aspirer toute entière, est-ce que j'hallucinais ?

J'ouvrais finalement les yeux, apercevant le visage inquiet de Brice au-dessus de moi. Je me redressai difficilement, ressentant encore l'effet de la boisson que m'avait fait avaler Morgan.

- Ça a marché ?

Morgan acquiesça d'un hochement de tête, un sourire traduisant la fierté figé sur ses lèvres.

- Je veux rentrer.

Le bébé n'attendait plus que nous désormais. Je me levais du canapé, mes forces ramenées par la poche de sang que j'avais consommé quelques minutes plus tôt. Morgan attrapa les clés de voiture que Jonathan avait laissé sur une commode :

- La mienne est avec Manon, Jonathan ne m'en voudra pas si je lui emprunte... Enfin j'espère.

****

Je descendis de la voiture, soulagée d'avoir réglé tous mes problèmes. Mon bébé était né, il allait bien, je n'étais plus ensorcelée, tout semblait s'être arrangé désormais. Lorsqu'il sortit, Brice attrapa mon bras afin de me ramener vers lui, déposant un doux baiser sur mes lèvres. Je lui souris avant de lui dire :

- Ce bébé sera heureux avec nous.

Il me répondit par un autre baiser et après quelques secondes, je m'écartai finalement de lui, sans pour autant lâcher sa main, pour me diriger vers la cabane d'un pas décidé. Morgan, qui nous avait déposé, n'était pas descendu de la voiture et nous voyant approcher de la porte démarra la voiture pour repartir. Brice ouvrit la porte, partageant son sourire joyeux avec moi. Soudain, nos sourires s'évanouirent. 

     Un poids énorme sembla s'abattre sur ma poitrine. La main de Brice se mit à trembler dans la mienne et il la lâcha. Je jetai un regard vers lui ; il semblait sous le choc, son visage s'était figé. Devant nous, allongée sur le parquet de bois du salon, baignant dans son propre sang, gisait Manon, inerte. À côté d'elle était assis le bébé, notre bébé, qui semblait avoir miraculeusement grandi, il avait l'apparence d'un enfant de trois ans. Ses yeux bleu azur qui contrastaient avec la couleur rouge du sang qui recouvrait la moitié de son visage se baladèrent entre moi et Brice. Ses cheveux blonds s'étaient tintés de rouge, eux aussi. Il fronça les sourcils et, d'une voix enfantine qui me fit trembler, s'écria :

- J'ai encore faim !

THE END