Chapitre 30 [RÉÉCRIT] :

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10 ans plus tôt,

     J'étais confortablement installée dans mon lit, mes écouteurs dans les oreilles et mon livre préféré entre les mains. Je pouvais sentir l'odeur du repas presque prêt que mes parents étaient en train de préparer à l'étage d'en dessous ce qui avait pour effet d'accentuer ma faim. Je levai la tête pour observer le mur ; il était recouvert de photos que ma meilleure amie, Camille, et moi avions prises l'été dernier. Les bons souvenirs de cette période me revinrent en mémoire ce qui me fit sourire.

- Emma, descend manger ! 

Je sursautai à l'entente de mon prénom et me levai d'un bond ; je mourrais de faim. Je remis mes cheveux longs roux en place et dévalai les escaliers pour venir m'installer à table. Mes parents m'attendaient pour commencer le repas. Je m'assis devant mon assiette qui contenait ce qui ressemblait à une bouillie des restes de la semaine. Je grimaçai devant le plat qui à l'étage semblait pourtant avoir une si bonne odeur et attrapai ma fourchette avec dégoût.

- On a eu des nouvelles de ton oncle, il devrait arriver dans la nuit ! S'exclama ma mère avec enthousiasme.

- Super... Murmura mon père dans un soupir

- Vous devriez arrêter de vous faire la tête. 

Je me réjouissais de l'arrivée de mon oncle, je ne le voyais pas très souvent à cause de ses nombreuses disputes avec mon père mais je l'aimais beaucoup. Je me dépêchai de manger la bouillie qui me servait de repas et remontai dans ma chambre en vitesse pour retourner à mes occupations. Je m'étais toujours demandée pourquoi mon père et son frère ne s'entendaient pas, après tout ils étaient de la même famille et leurs caractères n'étaient pas très différents et pourtant ils ne cessaient de se disputer à chaque visite de mon oncle... Je m'allongeais sur mon lit lorsque mon père frappa à la porte. Il entra dans la pièce et s'installa à côté de moi. Je m'osai à lui demander :

-  Pourquoi vous ne vous entendez pas, Oncle Bernay et toi ?

-  C'est une histoire de famille.

-  Je suis assez grande pour comprendre !

- Tu n'as que onze ans ma chérie... Répondit-il avec douceur 

Sur ces mots, il quitta la pièce, me laissant seule. Je poussai un soupir d'agacement, un peu déçue du peu de réponses fournies par mon père, je me couchai dans mon lit, abandonnant la lecture de mon livre, trop épuisée pour cela et sombrai rapidement dans un profond sommeil dénué de rêves.

****

       Il devait être deux heures du matin lorsqu'un gros bruit me tira de mon sommeil. Convaincue que j'avais rêvé, je refermai les yeux mais un nouveau fracas se fit entendre. La panique m'envahit et mon rythme cardiaque s'accéléra pendant qu'une crampe de terreur se formait dans mon ventre ; et si un cambrioleur s'était introduit chez moi ? Ou pire ? J'attrapai une lampe torche et criai le nom de mes parents d'une voix tremblante : aucune réponse. Je descendis les escaliers avec une grande lenteur pour faire le moins de bruit possible. Les bruits recommencèrent et je compris que ce n'était que quelqu'un qui frappait à la porte ; certainement mon oncle. Je poussai un long soupir de soulagement et me dirigeai vers la porte pour vite l'ouvrir. Alors que j'allais atteindre mon objectif, mon pied heurta quelque chose sur le sol qui me fit perdre l'équilibre. Je m'écrasai sur le carrelage dans un grand bruit et un petit cri de douleur m'échappa face à la douleur de cette chute. Je ramassai la lampe torche qui m'avait échappé des mains et éclairai le sol avec. J'eus un haut-le-cœur en voyant que j'étais tombée dans une mare de sang. Mes mains, mes jambes, j'étais recouverte par cette vision d'horreur. Je poussai un grand cri et en me retournant, j'aperçus ce qui allait me hanter pour toute ma vie. Mes parents étaient allongés sur le sol côte à côte, parfaitement immobiles, baignant dans leur propre sang. Mon cœur s'emballa, il battait si fort que j'en souffrais d'une douleur si terrible que j'avais du mal à rester pleinement consciente. Je me jetai vers eux et les remuai en les suppliant de se réveiller, chacun de mes mots interrompus par des sanglots qui me coupaient la respiration. Mes poumons semblaient avoir pris feu et je luttai contre l'envie de vomir qui ne faisait que s'accroître. La porte d'entrée s'ouvrit brusquement et mon oncle apparut dans l'entrée et il fut saisit par la scène qui se déroulait devant lui :

-  Oh mon dieu... Murmura-t-il, le souffle coupé.

Il me vit, accroupie au-dessus du corps de ma mère, la secouant, comme s'il y avait une minime chance pour qu'elle se réveille. « Oui, elle était endormie, ça ne pouvait pas être autre chose. Elle devait avoir glissé et s'être assommée, maintenant qu'Oncle Bernay était là il pourrait la soigner, tout allait s'arranger » essayai-je de me rassurer. Je me retournai vers lui, les yeux remplis de larmes et lui lançai en hoquetant :

-  Amène-les à l'hôpital, je t'en prie !

Il semblait complètement sous le choc. Il sortit finalement de sa transe et se précipita vers moi pour me relever. Je tentai de me débattre mais il me tira jusqu'à la sortie contre mon gré. J'hurlai le nom de mes parents en essayant de me sortir de l'étreinte de mon oncle mais c'était peine perdue. Il me fit sortir de la maison et une fois dehors me fit grimper dans sa voiture. Je regardai mes mains encore trempées du sang de mes parents sans réussir à arrêter les larmes qui coulaient à flot le long de mes joues. J'avais si mal, c'était bien pire que n'importe quelle douleur physique que j'avais pu ressentir au cours de ma vie, je souffrais un véritable martyre intérieur. Pourquoi eux ? Pourquoi moi ? Qu'était-il arrivé ? J'aurais tellement voulu avoir des réponses, mais mon oncle semblait bien trop concentré sur la route pour m'écouter.

Hunter Being Hunted TOME 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant