Peter pan... existe !

33 Le cadeau

Lorsque j'arrive vers le feux, la plupart des garçons sont déjà en train de danser et de crier tout autour. Je retrouve le sourire et va m'asseoir sur une grosse racine en les regardant. Je ne saurais expliquer pourquoi mais chaque soir, à ce moment, je me sens bien. Quoi que j'aie fais de ma journée, que je sois triste ou en colère, dès que j'arrive ici le soir, mes soucis s'envolent et je m'amuse toujours autant jusqu'à que ce soit terminé. Parfois Peter joue un air très spécial avec sa flûte de pan. Durant ces moment là, je ne peux pas expliquer clairement ce que je ressens ! Ce n'est qu'un air calme et assez simple mais dès que les premières notes résonnent dans ta tête tu te sens comme transportée. Un sentiment de liberté t'envahi et tu as l'impression que tout est possible, que tous tes rêves sont réalisables sans que rien ni personne ne puisse y faire obstacle ! Tu te sens bien aussi, heureuse ! Pendant un moment tu ne voudrais pas être ailleurs qu'ici à cet instant précis, à danser et t'amuser autant que la nuit dure. Cette allégresse te prend tout entière et ne laisse aucune chance à l'ennui et à la tristesse. Tout ce qui compte c'est le moment présent, avec cette mélodie et cette immense joie. Rien n'est plus important que de t'amuser et de profiter de cet instant. C'est tout ce qui t'importe.
Même si ma journée s'est mal passée et que je suis en colère contre quelqu'un ou quelque chose, pour rien au monde je ne voudrais quitter cet endroit, jamais ! Surtout lorsque j'entend ce fameux air. Il me fait me rappeler à quel point j'aime cet endroit et combien cette île est fabuleuse.
Aussi au moment où j'aperçois du coin de l'œil Peter s'avancer avec son flûte à la main, je ne peux réprimer un petit sourire. J'espère qu'il va jouer de cet air ce soir. J'en ai vraiment envie ! Cela fait déjà deux semaines qu'il n'a pas joué.
Je me fige soudain et mon sourire avec.

Deux semaines ?

Je me tourne vers lui en fonçant les sourcils. Mais alors que mon regard croise le siens, la phrase de tout à l'heure résonne dans ma tête encore plus fort qu'avant. Et c'est à cet instant que je reconnais enfin cette voix. C'est celle de Peter ! Mais elle me paraît différente. Plus calme et douce que ce que je lui connais. Sans son petit air supérieur ni son sarcasme habituel.

Mais quand est ce qu'il m'a parlé comme ça ? Pourquoi je m'en souviens pas ?!

Une sueur froide me traverse lorsque je sens son regard noir dans mon dos alors que je me suis retournée pour justement ne pas avoir à le croiser une nouvelle fois. C'est plus fort que moi, il faut que je me retourne, je veux savoir ce que tout cela veut dire. A en croire son air étonné et énervé je pourrai croire qu'il lit dans mes pensées. Ce qui, venant de lui, ne m'étonnerait pas tant que ça finalement. Il se lève et je me met à reculer de plus en plus. Puis, voyant qu'il fait un pas vers moi, je me retourne et commence à courir en m'enfonçant dans la forêt. Je sais bien qu'il peut me rattraper facilement, mais j'espère qu'il laisse tomber et reste où il est sans intervenir. Evidemment j'ai à peine le temps de parcourir quelques mètres qu'il apparaît devant moi. Ce qui me fait sursauter et stopper net. Mon cœur bat à 100 à l'heure mais pas seulement  à cause de ma course. J'ai peur, je suis terrifiée à l'idée de ce qui va m'arriver. Car à l'évidence il sait. Il en sait même plus que moi et ce que tout se la signifie. C'est ça le plus effrayant. Moi je me retourne ignorante et à sa merci, sans comprendre ce qui est en train de se passer. J'ouvre ma bouche mais la referme bien vite. La peur s'empare presque totalement de moi et les mots restent bloqués dans ma gorge. Je suis à la limite de la crise d'angoisse au moment où un sourire démoniaque s'étend sur ses lèvres. Mon corps est paralysé, seules mes mains tremblantes triturent un bout de ma cape. Il s'approche encore et tend le bras. Au moment où sa main effleure la mienne, un flash me vient, comme avec la phrase et ma réalité s'estompe dans un nuage de brume.