36 la mémoire

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Je suis traînée jusqu'au camp par deux garçons. Marco ferme la marche quelques mètres derrière moi et reste silencieux. Tout comme moi qui suit en train de réfléchir à ma situation de merde. Je ne sais pas ce qu'ils vont faire de moi ni même pourquoi. J'imagine bien que cela a un rapport avec les événements d'hier soir, le problème c'est que je n'en ai gardé que quelques souvenirs flous.
Un des garçons ressert un peu plus mes liens autour de mes poignets ce qui me fait grimacer mais je ne dis rien, me contentant de le maudire intérieurement. Lorsque nous arrivons au camp quelques minutes plus tard, tous les garçons perdus sont réunis au centre et me dévisagent. Certains ricanent tandis que d'autres me lancent des regard féroces. Je ne dis toujours rien et fais profil bas. Je sais que ce silence n'est pas la par hasard. Sil y a bien une chose que jai retenue de lui, c'est qu'il adore les entrées théâtrales. Normalement il ne devrait pas tarder à arriver en face de moi en traversant son armée de gentils petits chiens obéissants.
Ça ne rate pas. Juste après que j'aie fini de me dire ceci et comme s'il avait entendu le cheminement de mes pensées, il apparaît entre les garçons qui s'écartent en un seul homme le laissant s'approcher tel un Moïse au milieu de la mer.

Peter...

Je baisse les yeux en le voyant arriver et perd immédiatement les maigres resources de confiance en moi que j'avais réussi à emmagasiner durant le trajet. Son si insupportable ricanement sarcastique résonne dans le camp et dans ma tête comme s'il se trouvait justement à l'intérieur de mon crâne.
Ses pas se rapprochent, très près, trop près. Le silence s'est fait tout autour de moi, un silence pesant. Qu'est-ce que je déteste ce silence...
je m'entête à garder la tête baissée et ne dis toujours rien. Après quelques secondes je sens que Peter est tout près de moi et vois le bout de ses bottes à quelques centimètres des miennes. Je sens aussi le contact étonnement doux de ses doigts contre mon menton qui me forcent à lever la tête. Je continue de fuir son regard mais l'ignorer est de plus en plus difficile car son souffle fait voler des petits cheveux posés sur ma joue en une mèche rebelle. Je me sens extrêmement mal à l'aise. Tout ce que je souhaite actuellement serait de disparaître, m'en aller. Mais en même temps je me rend compte que j'aime sentir sa présence et que je voudrai qu'il se rapproche encore un peu plus.
Je sais que Peter sent mon malaise car il s'arrête et recommence à ricaner. Il murmure.

-Alors fillette, je te perturbe ?

Je ferme les yeux et sert les dents.

-De... dégage.

Je sens sa main se balader sur mon menton puis caresser ma joue. Mes poings se serrent derrière mon dos et je commence légèrement à trembler. Je voudrais lui crier, même hurler dessus pour le faire reculer. L'insulter et me débattre pour me défouler. Mais je n'en fais rien. Me contentant de trembler de plus en plus fort en entendant les ricanements et sifflets de tous les garçons perdus autour de nous.

-Oh c'est adorable, tu essayes de te défendre... mais j'avoue que tu y arrivais beaucoup mieux avant.

J'ouvre d'un coup les yeux.

De quoi il me parle encore ? J'ai toujours eu peur de lui... jamais j'aurai osé lui tenir tête.

Je vois ses lèvres à quelques centimètres des miennes.

Tout comme j'ai toujours eu un petit faible pour lui, c'est vrai...

Mais ça je n'oserai jamais l'avouer à qui que ce soit.

-Oh non ne cherche pas trop, tu te fatiguerais pour rien car de toute manière tu ne vas pas tarder à te souvenir.

Il s'approche encore de quelques millimètres. Je n'arrive plus bien à réfléchir. Vu ce qu'il vient de m'apprendre je devrais m'inquiéter et essayer d'en savoir plus mais je suis trop perturbée et obnubilée par ses lèvres à quelques centimètres des miennes que mon cerveau semble m'avoir lâchée momentanément. La seule chose a laquelle j'arrive j'arrive à penser sont deux mots qui se répètent dans ma tête.

Peter pan... existe !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant