37 le vrai visage

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Noir, sombre. Une déchirure. La perte, la colère, une tristesse profonde.
Solitude... abandon.

La jeune fille, roulée en boule sans un coin se sa chambre, pleure. Elle pleure à se vider de ses larmes. Elle pleure à s'en noyer les yeux et les restes brisés de son coeur. Elle pleure car elle est déchirée, détruite. Son âme et son coeur piétinés par le sort.

...Jamais...plus jamais...

Sa petite robe d'un noir aussi profond que sa peine fait encore plus ressortir la pâleur de son teint blafard. Son bras frêle se serre autour de ses genoux repliés contre sa poitrine tandis que de son autre main elle presse contre sa paume un petit pendentif rond accroché à une chaînette autour de son cou. Son petit corps tout recroquevillé est secoué de sanglots.
Cela fait déjà plus d'une heure que tout est terminé mais elle n'arrive pas à calmer ses pleurs. Elle a fermé les yeux tout du long ne supportant pas de voir tous ces visages dégoulinants de compassion et, pour la plupart, pourris jusqu'à la moëlle par leur hypocrisie.
Seule, elle avait besoin d'être seule. Ils ont du le comprendre rapidement car jusqu'à maintenant personne n'est venu la voir à part pour déposer sur son bureau une tasse de thé chaud qu'elle n'a même pas regardée et qui s'est refroidie depuis longtemps déjà.

En vérité il ya tout de même une personne qu'elle accepterait de voir. Mais il est tellement imprévisible, impossible de savoir quand il reviendra. En général il apparaît lorsqu'elle l'appelle même si parfois il met du temps. Mais aujourd'hui il en met beaucoup plus qu'à son habitude. De toute façon même si elle a actuellement vraiment besoin de lui, elle n'a pas envie ni ose l'appeler. C'est vrai, elle ne pleure pas souvent car se considérant comme l'une des leurs elle essaye de rester brave sans craquer dès que quelque chose ne se passe pas comme prévu.
Même si elle ne l'avait jamais vraiment crue, c'est elle qui l'aidait à tenir l'attente depuis toutes ces années. Dans quelques mois elle aura 12 ans. Cela fera donc bientôt 6 ans qu'il lui a fait cette promesse. Elle sait qu'il la tiendra. Il les tient toujours. Sa hâte ne cesse de croître au fil des années. A chaque fois il lui répond plus tard, pas encore.
Depuis six ans elle s'imagine le rejoindre pour enfin commencer la vie qu'il lui a tant de fois promise. Et c'est grâce à elle qu'elle a réussit à survivre à cette attente dévorante.

Mais à présent...

...Jamais...

Plus rien ne la retient ici. Des amis oui... C'est vrai qu'elle ne les oubliera jamais. Mais elle s'en fera d'autres ! Son papa... aussi. Mais à cet âge les parents ne sont plus nécessaires ! C'est la vie qu'elle a choisie. Elle, elle n'est plus là, il n'y a plus rien ici.

Elle murmure.

-C'est le moment... Viens s'il te plaît, je veux m'en aller.

Rien ne se passe. Elle le savait. Ses larmes continuent de couler. Elle se retrouve à présent seule. Lui ne viendra pas. Elle ne va jamais revenir.

...plus jamais...

Ces mots résonnent dans sa tête depuis que son cerveau a enfin assimilé la terrible nouvelle que son papa lui a annoncé il y a presque quatre jours. Quatre jours qu'elle a passé comme dans un long et terrible rêve. Chaque instant semblant durer un jour entier. Néanmoins elle a la sensation que cela ne fait que quelque heures seulement que tout cela a commencé.

Un rêve ? Non finalement. Plutôt un de ces horribles cauchemars dont le seul moyen de se réveiller serait par la sonnerie d'un réveil ou la caresse apaisante d'une personne aimée.
Mais aujourd'hui, elle a beau fermer les yeux et espérer, aucune sonnerie n'a encore retentit. Aucune main n'a caressé sa joue en murmurant son nom pour la rassurer.
Une seule personne est encore capable de changer cela et de la réveiller. Tout le monde semble croire que c'est bien entendu son papa. Mais personne ne sait ce qu'elle ressent pour lui au fond. Elle lui en veut d'être là, en vie et en bonne santé. Quelques fois pendant ces quatre jours, elle a même souhaité que la situation s'inverse. Que ce soit lui et pas elle.
Mais on ne peut rien y changer. Elle ne peut plus que pleurer et c'est d'ailleurs ce qu'elle fait depuis quatre jours. Totalement inconsolable. Ils ont bien essayé de lui parler. Mais elle ne les entend pas. En fait elle n'a même pas pris la peine d'écouter.
Depuis le début elle attend quelque chose ou plutôt quelqu'un. Lui. Elle la déjà appelé mais sans résultat. Et elle a beau savoir à quel point il est imprévisible, elle se sent de plus en plus abandonnée et seule.
Ses pleurs se sont calmés mais elle gémit en reniflant parfois. Elle murmure en ""s'essuyant "" ses joues humides.

Peter pan... existe !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant