Chapitre 4.1 - Les Élus

169 18 11
                                    

— Ça me ferait plaisir que tu proposes qu'on s'arrête, Iria, fit Flamos. Comme ça, je pourrais dire que je suis d'accord et je n'aurais pas besoin de te supplier.

— De toute façon, il va bientôt faire trop sombre pour continuer. Tu vois le bosquet d'arbres là-bas ? On va s'y arrêter. Ça pose problème à quelqu'un ?

— Je n'ai absolument rien contre une pause, dit Steven.

— Ce bosquet-là, un autre, qu'importe, répondit Gheor. Au moins on ne sera pas surpris par la nuit.

Ni Eaal ni Kardal n'objectèrent.


Cela faisait trois jours qu'ils avaient quitté le camp fortifié, trois jours durant lesquels ils avaient chevauché à travers le paysage vallonné, franchi des cours d'eau, fendu des champs de fleurs, en direction de l'imposante masse verte qu'ils apercevaient depuis le sommet des collines et qui devenait plus large chaque fois qu'ils la voyaient.

La nourriture et le matériel récupéré dans la place forte leur avaient été très utiles, mais c'était surtout les montures qui leur avaient permis d'avaler les kilomètres et de se rapprocher aussi rapidement de la gigantesque forêt qui couvrait le sud du continent.

Les animaux, que les soldats avaient laissés derrière eux dans leur fuite, étaient très proches des chevaux qu'Eaal connaissait, ce qui n'était pas pour lui déplaire, car elle avait toujours aimé les longues chevauchées dans la nature, qui lui permettaient de mettre son travail de côté pour un moment.

Elle n'était pas la seule à apprécier ce mode de transport : Iria était très à l'aise sur sa selle, même si elle n'était jamais montée sur un cheval auparavant, car d'après ce qu'elle avait raconté, les Thaniens utilisaient pour se déplacer de grands oiseaux coureurs aux ailes courtes.

Gheor était également un habitué. Steven, quant à lui, savait ce qu'était un cheval, mais ne savait pas monter et appréciait moyennement cette première expérience. Il était accompagné dans son malheur par Flamos, tandis que Kardal, qui aurait pu aisément porter l'un des animaux sur son dos, se contentait de courir à côté des cavaliers, infatigable.


Iria mit pied à terre, attacha son cheval à l'arbre le plus proche et partit en quête de bois sec.

Le feu qu'elle allumait chaque soir n'était pas superflu, mais c'était plus une façon pour les compagnons de se regrouper qu'autre chose. Eaal avait quitté Biacae pendant la mousson, et il était évident que le climat ici n'était pas le même — il n'avait plu qu'une fois en trois jours, les journées étaient chaudes et la nuit la température ne descendait jamais en dessous des dix degrés. En outre, aucun d'entre eux ne savait chasser, donc ils n'avaient nul besoin de cuire de la viande.

Ils avaient bien sûr établi un rationnement de la nourriture dès le premier jour, fortement aidés par le fait que Kardal, qui aurait été, vu sa taille, un véritable gouffre sans fond, ne mangeait rien. C'était un détail parmi tant d'autres qui intriguaient Eaal, et que les Élus, comme les avait appelés le prisonnier du camp avant de mourir, se partageaient sous forme d'anecdotes et d'histoires lorsqu'ils se reposaient le soir.

Assise sur un coussin improvisé, la guérisseuse écoutait donc les autres parler tandis qu'elle testait et triait les fruits qu'ils avaient cueillis durant la journée. Elle s'était naturellement proposée pour ce rôle après que Gheor ait fait remarquer à Flamos que ramasser tous ceux qu'ils trouvaient était une bonne idée pour améliorer leurs repas, mais une très mauvaise idée pour améliorer leur bien-être.

Syol - Parallèle ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant