Chapitre 7.1 - Tempête

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Evolène se précipita vers le bastingage tribord à l'arrière et vit le capitaine faire de même sur le pont principal, mais la courbure de la planète l'empêchait d'apercevoir quoi que ce soit d'autre que la mer.

Aïas demanda à la vigie :

— Combien de navires ?

La femme répondit après un instant :

— Trois, capitaine !

— Identification ?

Hésitation, puis :

— Impossible d'en être sûre, mais on dirait des navires de guerre.

Teokrios jura, puis se dirigea vers le navigateur, qui tenait la barre :

— Jusqu'à quel point peut-on obliquer vers l'ouest afin de prendre le vent de l'arrière ?

— De quelques degrés, capitaine, mais...

— Je sais que ça nous fera perdre du temps et nous rapprocher de la Kaloréa, mais s'il s'agit réellement de vaisseaux hostiles, je préfèrerais qu'ils ne nous coupent pas la route.

— Y'a-t-il un risque qu'ils nous rattrapent ? lui demanda Evolène.

Sa sœur et les autres Élus, à l'exception de Kardal, se rassemblèrent autour d'eux sur le château arrière.

— Si nous conservons notre cap actuel, oui, étant donné qu'ils arrivent plus ou moins perpendiculairement. Par contre, si nous obliquons un brin, j'en doute. J'aime à me dire que le Scaripioso est l'un des coursiers les plus rapides de ces océans, et si nous sommes réellement poursuivis par des navires de guerre, ils seront plus lourds et plus lents.

— Ça se tient, fit Gheor.

— On pourrait aussi leur foncer dessus et les couler, proposa Iria. Après tout, le bois, ça brûle facilement !

— J'apprécie votre enthousiasme, affirma Teokrios. Mais je tiens juste à vous faire remarquer que vous vous tenez actuellement sur une semblable structure en bois. En outre, les canons de nos poursuivants auraient l'avantage de la portée, rendant l'attaque frontale désavantageuse.

Iria haussa les épaules :

— C'est vous le capitaine. Après tout, notre objectif est Icataïl. Tout me va tant qu'on y parvient.

— Exactement, approuva Sinirielle.

Constatant qu'elle n'était plus frappée par les rayons du soleil, elle regarda machinalement en l'air et dit soudain :

— Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose d'anormal avec le ciel ?

Evolène pencha la tête en arrière, mettant rapidement le doigt sur le problème. Il n'y avait pas un léger voile devant l'astre, mais un véritable tourbillon rassemblant de plus en plus de nuages menaçants et se formant juste au-dessus du Scaripioso.

Aïas fut le premier à s'exprimer :

— Qu'est-ce que c'est que ça encore ?!

— Des mages ! s'écria Evolène. Ils jouent avec les forces du ciel depuis les bateaux !

Comme pour lui donner raison, un front d'air frappa frontalement le gaillard avant, s'écrasant sur les voiles qui avaient été déployées pour profiter du vent arrière et produisant exactement l'inverse de l'effet désiré. Le Scaripioso fut violemment ralenti, un concert de grincements et de craquements se fit entendre, et la secousse fit tomber plusieurs personnes.

Syol - Parallèle ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant