Chapitre 15.2 - Trône

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Ils suivirent prudemment l'Ele, franchissant l'ouverture et parvenant dans une très longue salle au plafond bas et au sol dallé, à première vue vide et dénuée d'intérêt.

Ils durent s'approcher avant de l'apercevoir, tout au fond.

Un trône. Anguleux, d'aspect brut, taillé dans la même pierre que la forteresse.

Et sur le trône...


Un roi.


Plutôt une reine, remarqua Invear.

La silhouette assise était indubitablement humaine.

— Approchez..., fit-elle.

Sa voix était un étrange mélange de douleur, de lassitude et de puissance. Elle n'avait pas parlé fort, mais le manipulateur de matière savait qu'ils l'avaient tous très bien entendue.

Arrivés à cinq mètres du trône, ils s'arrêtèrent. Evolène était face au Sombre, son épée sanglante pointée droit sur son cœur. Iria et Steven, à sa gauche, étaient prêts à se déchaîner, tandis que Nova ne montrait quant à elle aucun signe extérieur de tension.

— Tout s'achève ici, déclara l'Ele.

— Peut-être, rétorqua la Reine, mais avant de conclure, permettez-moi simplement de vous conter une histoire.

La Mage-feu fit apparaître une petite flammèche entre ses doigts, qu'elle porta devant son visage et contempla pensivement en demandant :

— Est-ce que vous pouvez me donner une seule raison pour laquelle je vous écouterais ?

— Vous voulez discuter ? Commencez par rappeler vos troupes, qui essaient actuellement de se frayer un chemin derrière nous, ordonna Nova.

Le Sombre soupira :

— Impossible. Je ne les contrôle pas.

Elle se leva lentement du trône, bizarrement mal assurée. Evolène avait frémi, mais elle ne bougea pas et se contenta de la regarder faire péniblement quelques pas en avant.


Indubitablement humaine. Frêle. Souffrante, du moins en apparence. Invear ne s'expliquait pas tout ce qu'il percevait en elle, ni ne savait si sa faiblesse n'était qu'une façade.

Il ne pouvait pas vraiment définir son âge. Elle ressemblait à une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux bruns foncés et aux yeux gris, mais son aura était bien plus ancienne et en conflit.

Elle avançait lentement, comme si ses membres ne lui obéissaient pas entièrement. Sur ses bras, son cou et son visage, il y avait des marques noires, comme les symptômes d'une maladie rongeante.


Elle s'immobilisa à moins de deux mètres du groupe, les regarda les cinq l'un après l'autre.

— Vous avez déjà triomphé, annonça-t-elle. Telle que vous me voyez, je suis à votre merci. Et c'est pourquoi je vous demande de m'écouter... Vous me tuerez ensuite, si c'est ce que vous voulez.

Evolène fit un pas en avant, appuya sa lame contre la gorge de la femme et cracha en rapprochant son visage du sien :

— C'est marrant, c'est exactement ce que je dirais si j'étais une immonde créature et que je voulais gagner du temps !

Steven posa sa main sur l'épaule de l'Ele :

— Laisse-la parler...

La guerrière lui jeta un regard terrible :

Syol - Parallèle ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant