Chapitre 13.1 - Steven

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Par pitié, ressaisis-toi, s'agaça le Vora.

Steven prit une longue inspiration, s'efforça de se calmer. Il ressentait encore la puissance de la frappe d'énergie qui avait réduit la fausse Karst en cendres à peine quelques secondes plus tôt, qui avait occupé la réalité et l'espace entiers avant de les fracturer, qui avait fait vibrer chacun de ses os.

Mais à présent, le silence était revenu. Un silence obsédant, perturbant.


Un pas, un portail. C'est ce qui les avait séparés.

Il était seul. Et il savait que ce n'était pas par hasard. Ce n'était pas parce que les autres ne s'en étaient pas sortis — après tout, il n'avait pas été le premier à franchir le portail, il n'avait fait que suivre le mouvement, mais personne ne l'attendait de l'autre côté.

Le labyrinthe les avait séparés.


Qu'est-ce que les autres voyaient ? Étaient-ils dans les environs ? Est-ce ce que le portail les avait envoyés balader dans une énième simulation de leur passé ?

Ce n'est pas par manque de sympathie, je te fais juste remarquer que ce n'est pas en restant immobile dans le noir que tu vas les retrouver.

— Tu as raison, mais ferme-la, répliqua Steven.

Ses yeux avaient peut-être eu le temps de s'habituer à l'obscurité, mais son cerveau ne se faisait pas à l'endroit.

Si on lui avait demandé de le décrire, il aurait probablement conseillé à son interlocuteur de se représenter le dédale le plus cliché possible : un sol et des murs d'une matière uniforme et grise, à peine éclairés par une source de lumière ténue, d'origine inconnue, un plafond trop haut pour être clairement visible et une configuration architecturale digne des pires labyrinthes à remplir au crayon dans les magazines de jeux.

Ne manquait que le Minotaure pour parachever ce décor légendaire, mais pour l'instant Steven allait se contenter des culs-de-sac.

C'est peut-être parce que les conditions actuelles ne sont pas optimales, mais je réalise que tu n'es pas très bon en orientation.

— Hé bien aide-moi au lieu de te plaindre ! Tu imagines la taille que peut avoir...

Il s'interrompit soudainement, persuadé d'avoir entendu un chuchotement derrière lui.

Qu'est-ce que...

Le voleur ne répondit pas, mais il tendit l'oreille :

— Steven..., reprit le murmure.

— Qui est là ?

— Steeeeeeeven...

Le porteur du Vora sentit un frisson lui parcourir le corps. Cette voix, il l'aurait reconnue entre toutes — c'était celle de Sinirielle.

Prépare-toi au pire.

À la limite de son champ de vision, Steven perçut un mouvement, une forme. Quelque chose qui n'avait rien d'humain.

La créature s'avança lentement, ses yeux de prédateur brillant d'une lueur jaune, son corps de loup bougeant avec précision et puissance. Sa gueule s'entrouvrit, dévoilant ses crocs, et elle susurra :

— Steven...

Syol - Parallèle ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant