Il ne leur avait fallu que quelques heures de marche pour quitter les hautes montagnes et atteindre le Laïnen depuis Katheba, si bien que le soleil éclairait encore la région de ses rayons lorsqu'ils aperçurent un grand village situé sur la même rive qu'eux, au sud.
Evolène et Sinirielle espéraient y trouver de quoi descendre l'imposant fleuve, et il y avait effectivement bon nombre de constructions flottantes le long de la berge, mais les dix compagnons étaient confrontés à un problème de taille — ils se trouvaient en pleine Calorélia, sans alliés et sans contacts.
Bien sûr, il était peu probable que les habitants se montrent hostiles, mais les deux Eles savaient qu'il serait impossible d'obtenir un bateau simplement en claquant des doigts et une discussion animée s'ensuivit.
Crys et Invear avaient finalement eu droit à quelques explications, qui, si elles n'avaient pas répondu à toutes leurs interrogations, leur permirent de ne pas être trop surpris lorsqu'Iria déclara être d'avis qu'il ne faudrait pas hésiter à s'emparer d'un navire par la force si nécessaire.
Bien sûr, Eaal fut scandalisée et proposa au contraire qu'ils aident les habitants, qu'ils leur offrent leurs services, mais la Mage-feu rétorqua que cela leur ferait plus que certainement perdre un temps précieux.
Mis à part la force ou la conciliation, la troisième approche, suggérée en passant par Steven, était peut-être celle qui était la plus pratique, mais aussi la moins réalisable dans leur situation — acheter ce dont ils avaient besoin. En effet, les fonds limités des deux Eles avaient sombré avec le Scaripioso, et ce qu'ils avaient récupéré dans la petite place forte kaloréenne était risible.
C'est Invear qui les sortit de l'impasse dans laquelle ils se trouvaient, en demandant à voir une des pièces de monnaie qu'Evolène avait encore en sa possession.
Cette dernière obtempéra distraitement, occupée comme les autres à empêcher Iria de s'énerver, et le manipulateur de matière fit rouler le morceau de métal dans sa paume, examinant attentivement sa composition, sa masse et sa forme, avant de déclarer sans lever les yeux :
— Je pourrais la copier.
Aussitôt la conversation principale s'interrompit et plusieurs des Élus se tournèrent vers lui.
— Pardon ? s'exclama Gheor, incrédule.
Invear tint la pièce entre son pouce et son index :
— Je pourrais la copier, répéta-t-il. La dupliquer. C'est loin d'être une structure complexe.
— Tu pourrais créer des pièces à partir d'autres composants ? demanda Sinirielle. À quelle fréquence ?
Il s'agenouilla au sol et ramassa une petite poignée de terre avec sa main libre :
— Pas à partir de composants, à partir de n'importe quoi. Et ça devrait être assez rapide.
Intrigué, le reste du groupe se rassembla autour de lui, sur la petite colline d'où ils contemplaient le village depuis leur arrivée.
Se concentrant, Invear passa alors au crible de son esprit chaque atome qui composait la petite pièce d'or, les mémorisant tous. Ensuite, il fit pareil avec la terre puis se lança dans la duplication elle-même, modifiant et repositionnant le nombre exact de particules dont il avait besoin jusqu'à obtenir une réplique parfaite de l'objet métallique.
Émergeant de sa transe, il entendit Steven siffler de manière admirative.
— Extraordinaire, fit Evolène en s'agenouillant devant lui. Et quasiment instantané.
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Syol - Parallèle Zéro
FantasySix personnes. Un monde inconnu. Pas la moindre indication. À l'origine, elles vivaient chacune leur vie de leur côté, avec leurs rêves et leurs peurs. Mais sur Syoliqa, dans le Parallèle Zéro, leur passé ne compte pas. Les idéologies n'ont plus de...