Chapitre 8.2 - Les autres

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Le camp était composé de quelques bâtiments en dur — baraquements, réserves, étable, tours de guet — entourés d'un mur en pierre d'environ quatre mètres de haut sur lequel le soleil de la fin d'après-midi dardait ses rayons jaunes.

Allongés à plat ventre à bonne distance, les deux Eles, Steven et Gheor discutaient d'un plan d'action.

Sinirielle et le soldat de Nollag étaient partisans d'une attaque furtive alors qu'Evolène envisageait plutôt un assaut frontal, justifié par l'effectif réduit qui occupait la place forte.

— Réfléchis, fit Gheor à voix basse. Il y a une grande probabilité que personne ne sache que nous soyons toujours vivants. Après tout, les trois Tenes ont été détruites et le chaos était total. Foncer sur ce fort ne fait qu'augmenter les chances que quelqu'un s'échappe et nous prive d'un avantage stratégique.

— Ils nous ont localisés en mer, ils doivent pouvoir nous retrouver partout de toute façon, répliqua la guerrière.

— Teokrios était probablement surveillé, argumenta sa sœur. Ils ont dû voir qu'il partait vers le nord en quittant Denevrios et ont calculé une trajectoire d'interception.

— Donc le plan, c'est que tu entres discrètement, neutralises les sentinelles et ouvres les portes, tandis que moi je reste à l'extérieur pour rattraper les éventuels fuyards, résuma Steven.

— Exact, confirma Sinirielle.

Evolène n'était visiblement pas emballée par l'idée — principalement parce qu'elle n'aimait pas voir les autres prendre des risques à sa place, mais aussi parce qu'elle verrait moins d'action si elle ne passait pas la première —, mais n'ajouta rien.

Après avoir repassé rapidement le scénario de l'attaque en revue, ils rejoignirent le reste du groupe et le leur partagèrent. Comme prévu, Iria fut un brin déçue, mais se rangea à l'avis de la majorité, ayant admis maintes fois par le passé ne pas être très portée sur la tactique.

Une fois tout le monde au clair, Sinirielle s'engagea, suivie du voleur, dans le lit d'une rivière asséché, qui passait non loin du fortin avant de se jeter dans la mer centrale et dont elle comptait utiliser la berge et les végétaux qui la bordait pour rester invisible le plus longtemps possible.

Même pliés en deux, leur progression fut rapide et ils se retrouvèrent bientôt à une centaine de mètres du mur d'enceinte, accroupis derrière de hautes herbes.

— Une sentinelle, observa l'Ele.

— Pas mieux, fit Steven. Franchement, ils sont combien là-dedans ?

— Sûrement pas assez pour leur propre bien. Allez, souhaite-moi bonne chance.

— À tout de suite, lança-t-il avec un sourire d'encouragement.

Ayant attendu que le garde sur le chemin de ronde lui tourne le dos, Sinirielle se lança dans un sprint effréné, couvrant la distance qui la séparait de la base du mur en à peine plus de dix secondes. Elle se plaqua ensuite contre la pierre, attentive au moindre mouvement ou cri, mais le soldat kaloréen ne l'avait pas vue traverser l'espace découvert.

Ayant lancé un signe discret à Steven, qui, elle le savait, l'observait, elle entama son ascension de la muraille, utilisant toutes les prises à sa disposition et mettant à profit sa force et sa détente prodigieuse.

En moins d'une minute, elle était assez proche du haut du rempart pour pouvoir s'y accrocher, mais elle voulait éviter de se retrouver face à la sentinelle. Elle attendit donc que celle-ci passe, juste en dessus, pour s'agripper au rebord et s'y hisser d'un coup, avant de se recevoir d'un geste souple sur le chemin de ronde, à seulement un mètre derrière le soldat.

Syol - Parallèle ZéroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant