Syol - Parallèle Zéro

Chapitre 7.2 - Voiles de guerre

Une clameur féroce monta des navires de combat, un concert de hurlements et de cris de guerre lancé par leurs équipages, qui parvint aux oreilles des passagers du Scaripioso malgré l'impétuosité de la tempête.

Evolène brandit son épée et s'exclama :

— Mort au Sombre !

— Mort à l'oppresseur ! rugit Aïas depuis l'arrière.

Les marins reprirent la phrase à pleins poumons en agitant leurs armes.

Sinirielle banda son arc et laissa un trait filer vers le navire de tête lorsqu'il ne fut plus qu'à une centaine de mètres d'eux, touchant un soldat à la poitrine et conduisant à une augmentation du volume des vociférations des deux côtés.

Cependant les archers ennemis n'eurent pas l'occasion de riposter, car tout s'enchaîna très vite. Le Scaripioso glissa au fond d'un gigantesque creux dans les vagues et se traîna jusqu'à l'autre côté, où il se retrouva face à face avec la première Tene.

Immédiatement, celle-ci vira sur tribord afin d'exposer le coursier à son flanc, donc à ses canons mortels, et leurs servants ouvrirent le feu. La majorité des boulets finirent dans l'eau, à bâbord du Scaripioso, mais certains le touchèrent, transperçant la coque et faisant voler des copeaux de bois partout.

— Feu ! ordonna Teokrios. Feu !

Les quelques pièces d'artillerie du navire crachèrent leurs projectiles, la plupart terminant malheureusement leur course dans les vagues.

Iria eut plus de chance. Illuminant la scène d'une lumière jaune-orange qui tranchait avec le blanc éblouissant des éclairs, elle projeta une énorme flamme vive en direction de la Tene, noyant sous le feu la partie supérieure de son flanc ainsi qu'un bout du pont principal et de ses occupants.

Les dommages causés furent cependant mitigés par l'humidité ambiante, et la Mage-feu perdit l'équilibre lorsqu'une seconde salve heurta le Scaripioso, causant d'importants dégâts et blessant grièvement plusieurs matelots.

— Capitaine, le grand mât est fragilisé et il y a plusieurs voies d'eau en bas ! fit un jeune homme paniqué.

Une flèche se ficha dans le bois à côté de lui en vibrant et Sinirielle abattit l'archer.

— Et bien, colmatez la coque ! lui lança Teokrios.

— Iria ! interpella Gheor. Neutralise leurs canons !

Une partie du garde-corps partit en miettes et le Scaripioso trembla : la seconde Tene était en train de les croiser sur tribord.

— Et les leurs aussi, tant qu'à faire !

La Thanienne ne répondit pas, mais le haut de son corps devint plus lumineux tandis qu'elle concentrait son énergie, accroupie derrière le bastingage. Se redressant d'un coup, elle fit jaillir de ses paumes un rayon ardent, avec lequel elle dessina un motif mortel le long des trois ponts armés de la Tene, embrasant le bois, les soldats, les canons et la poudre dans un grondement terrifiant. Sans s'arrêter, elle se retourna et entama ensuite le même processus sur le second navire de guerre, mettant hors fonction pièces et servants avant qu'ils ne puissent arriver à la hauteur du trois-mâts.

Evolène profita du bref arrêt du combat pour rejoindre les deux Thaniens sur le gaillard avant :

— Bien joué !

Iria sourit :

— Merci, c'était un plaisir. Mais je pense qu'il faudrait que je recommence avec les derniers dès qu'ils seront là.