Cette sensation lui rappelait... Il avait déjà vécu quelque chose de semblable, pas si longtemps auparavant.
C'était comme se réveiller. Échapper à un cauchemar.
— C'était une transition. Nous avons changé de Parallèle.
Ah, non... Si le Vora était toujours là, alors le cauchemar était peut-être bien réel.
— Tu l'as mieux supportée cette fois-ci.
— Content de le savoir, grommela Steven en ouvrant les yeux.
Il était seul dans une petite chambre vide, dont toutes les surfaces étaient faites de la même matière blanche, douce et tiède au toucher.
— Tu ne saurais pas où on est... ou pourquoi on y est ?
— Non. Apparemment, tuer le Sombre a bel et bien déclenché quelque chose. Reste à savoir quoi.
— Ouais...
Le voleur fit quelques pas dans la pièce, sursauta lorsqu'une porte ronde coulissa dans un chuintement à son approche.
Il se décida à sortir. Que pouvait-il faire d'autre, de toute manière ?
Franchissant l'ouverture, il réalisa qu'il n'avait en tout cas pas l'embarras du choix. Le couloir tubulaire qui l'attendait allait tout droit, sans carrefour ni bifurcation.
Il s'y engagea prudemment, parcourant ainsi quelque cent mètres avant de passer une autre porte semblable à la première et de se retrouver dans une gigantesque salle qui semblait flotter dans l'espace.
Si le sol était plat, ce n'était pas le cas du plafond ou plutôt de ce qui en tenait lieu : un dôme transparent, à travers lequel étoiles et constellations étaient clairement visibles, brillant de mille feux sur le fond noir de l'infini.
Steven fut forcé de s'arrêter et de lever la tête, subjugué.
— Je n'avais jamais réalisé à quel point c'était grand, lança quelqu'un dans son dos.
Il se retourna si vite qu'il faillit tomber, n'en croyant pas ses oreilles.
Mais elle était pourtant là, devant lui. Bien vivante, toujours aussi magnifique — peut-être même plus, si c'était possible.
Il l'enlaça, la serra contre lui, pressa ses mains dans son dos, nicha sa tête au creux de son épaule.
Il resta ainsi un long moment, à ressentir les battements de son cœur, à respirer son odeur, avant de murmurer :
— Comment ?
— Je n'en sais rien, répondit Sinirielle. Je ne me l'explique pas, mais c'est arrivé.
— J'avoue que je suis un peu perdu. Mais si ça signifie être perdu avec toi, ça va.
L'Ele sourit, mais avant qu'elle ne puisse répondre un cri retentit dans l'observatoire :
— SINI !
Evolène se hâta vers sa sœur — autant qu'elle le pouvait sans se faire mal, du moins. Elle était toujours dans le même état que lorsque Steven l'avait vue pour la dernière fois, alors que Sinirielle semblait sortir d'un programme de remise en forme.
Steven en profita pour jeter un coup d'œil au reste de l'endroit. La salle était entourée par un mur circulaire, qui ne montait qu'à deux ou trois mètres avant que les parois lisses et transparentes ne prennent le relais. Le point central du dôme se situait, lui, à une dizaine de mètres du sol.
Des portes étaient placées à intervalles réguliers le long du mur, laissant présager l'existence d'autres couloirs et pièces. L'une d'entre elles s'ouvrit justement, laissant passer un autre revenant.
— Gheor ! s'exclama le voleur.
Si Sinirielle avait eu droit à un programme de remise en forme, alors le militaire sortait d'une cure de jouvence : il avait rajeuni de facilement dix ans, ses cheveux tiraient désormais plus sur le poivre que sur le sel et ses mouvements étaient beaucoup plus assurés.
— Ah, ah, mais c'est ce bon vieux Steven ! répondit l'autre en approchant. Qu'est-ce qui se passe ? On est tous morts ?
Steven lui serra la main :
— Je me sens très vivant, si tu veux savoir. Mais pour le reste, je ne pige rien !
— Imagine ce que moi je pige, alors, grimaça Gheor. Où sommes-nous ? Et même, quand sommes-nous ?
— Vous êtes plus proches de la frontière de l'Univers que jamais vous ne l'avez été, répondit énigmatiquement une voix désincarnée.
Immédiatement, Sini et Evo se turent. Iria, qui venait de débarquer dans le dôme, les rejoignit au centre sans piper mot, un petit sourire dessiné sur son visage marqué par les combats.
— Je vous en prie, prenez place.
À peine la phrase eut-elle été prononcée que des sièges de formes et tailles diverses s'élevèrent lentement du sol tout autour du groupe.
— Heu..., hésita Gheor. C'est normal, ça ?
Steven haussa les épaules, s'assit sur le banc le plus proche. Contrairement à ce à quoi il s'attendait, la texture n'était pas la même que celle du sol. Elle était plus douce, plus vaporeuse, très confortable.
Sinirielle prit place à côté de lui, et Evolène à côté d'elle. Gheor finit par les imiter, se choisissant une sorte de chaise, puis attendit la suite.
— Le reste de vos compagnons ne devrait pas tarder, expliqua la voix.
De fait, moins d'une minute plus tard, ils étaient tous dans le dôme.
Il y avait une nette différence entre ceux qui étaient supposés être morts et ceux qui étaient toujours vivants lorsque Aëvory avait péri. D'ailleurs, Steven compris en voyant l'état de l'armure de Kardal que le géant faisait partie de la seconde catégorie, même s'il avait été bloqué à l'extérieur du donjon.
Cette différence fut cependant rapidement atténuée par l'intervention zélée d'Eaal, qui ne pouvait supporter de voir ses compagnons en mauvais état. Elle alla de l'un à l'autre, ne s'asseyant que lorsqu'elle se fut assurée que tous allaient bien.
La plus grosse surprise, pour Steven, avait probablement été l'apparition d'Aëvory elle-même, bonne dernière. D'aspect radicalement différent, celle qui avait affirmé être une Élue vint tranquillement prendre place sur l'un des sièges, sans que personne ne tente quoi que ce soit à son encontre.
Pourtant, le voleur redoutait qu'Evolène ou Iria ne réagissent de manière imprévisible, mais l'ambiance et le lieu ne s'y prêtaient pas. Bien sûr, sa présence confirmait en partie son histoire et soulevait plein de questions, mais il était certain que lesréponses étaient sur le point de leur être livrées.

VOUS LISEZ
Syol - Parallèle Zéro
FantasySix personnes. Un monde inconnu. Pas la moindre indication. À l'origine, elles vivaient chacune leur vie de leur côté, avec leurs rêves et leurs peurs. Mais sur Syoliqa, dans le Parallèle Zéro, leur passé ne compte pas. Les idéologies n'ont plus de...