Syol - Parallèle Zéro

Chapitre 8.4 - La stratégie d'Elvio

On les fit asseoir autour d'une longue table dans une large pièce bien éclairée et Elvio demanda à ce que des victuailles leurs soient apportées. Il attendit que ses invités aient mangé et se sentent à leurs aises pour leur demander plus de détails.

Il lança alors à l'intention de Sinirielle, qu'il semblait considérer comme la porte-parole du groupe :

— Donc... vous cherchez à stopper le Sombre.

Aussitôt, l'atmosphère dans la salle changea radicalement. Elvio reprit :

— Mais pourquoi le Fojir ? Pourquoi venir nous voir ?

— Ça ne faisait pas partie du plan initial, mais celui-ci a été légèrement chamboulé, expliqua l'Ele. Nous espérions donc trouver ici des alliés, et leur — vous — demander de l'aide.

— De l'aide, répéta le mage. Quelle sorte d'aide aviez-vous à l'esprit ? Et en l'échange de... ?

— Toute aide que vous pourriez fournir, en échange de la libération de Syoliqa du joug du Roi.

Ros sembla s'absorber quelques secondes dans ses pensées, mais Sinirielle savait pertinemment que c'était pour la forme — toute décision qui pourrait émaner de lui avait déjà été prise, toute réponse déjà été arrêtée. Les Pratiquants de l'Art avaient sûrement prévu ce jour, cette discussion.

— Le Sombre n'a jamais eu d'impact direct sur nous, répliqua-t-il gravement. Cependant, il n'est certainement pas notre allié, mais plutôt celui des divers seigneurs des deux continents, qui eux sont nos ennemis. Il est aussi vrai que sa présence n'est pas dans l'ordre naturel des choses. En conséquence, vous fournir de l'aide n'entre pas dans le domaine de l'impossible.

« Mais je dois vous prévenir : personne ne viendra avec vous. Huit vous étiez en arrivant, huit vous serez en repartant.

Il soupira, puis poursuivit :

— Maintenant, dites-moi... si le Fojir n'existait pas, si vous aviez dû continuer sur votre lancée malgré les embûches et les contretemps dans votre plan... où seriez-vous allés ? Quel aurait été votre prochain objectif ?

Sinirielle voulut répondre, mais sa sœur fut plus rapide :

— Des Élus sont retenus par les Caloréliens. Nous voulons les délivrer.

— Intéressant... des Élus vous auraient donc été enlevés ? Mais par qui, et à quel moment ?

— Non, corrigea Sinirielle, ils ne nous ont pas été enlevés, ils ne sont plutôt jamais arrivés à la Syoa Altede.

— Oh, souffla Elvio, comprenant où elle voulait en venir. Le Sombre serait donc proche de pouvoir systématiquement capturer les Élus, avant même qu'ils n'aient véritablement mis les pieds dans le Parallèle Zéro ?

Il observa une pause presque théâtrale avant d'asséner :

— Et tout ça en utilisant des connaissances fournies par les Eles, il y a si longtemps...

Le cœur de Sinirielle rata un battement, mais elle ne cilla pas. Cette affirmation n'aurait même pas dû la choquer. Elle avait ses doutes, après tout. Elle savait qu'ils mentaient, qu'ils avaient voulu la manipuler.

En face d'elle, Evolène s'était crispée, mais n'avait rien dit. Ros questionna alors :

— Où sont-ils retenus, ces Élus ?

— Deux à Katheba et deux à Cleora.

Contre toute attente, le visage du mage s'illumina et il émit un petit rire :