{Hunter x Hunter} Effet Papillon

Chapitre trente-et-un

❝ Et grâce à toi, je n'attends plus rien des autres ❞

   Le club où se déroulait le Shin Pride Festival comportait plusieurs étages. Lors de l'explosion, Tsubasa ne perdit pas de temps et entraîna Kuroro par les escaliers à leur droite. Malheureusement, ils furent aperçus puis poursuivis au milieu de la foule qui ne leur facilitait que peu la tâche. L'objectif du duo ne consistait qu'à semer leurs opposants. Le premier étage leur fit changer de décor radicalement : de la boîte de nuit, ils se crurent à une soirée cocktail pour la haute société. Ils ne perdirent aucune seconde et coururent vers la porte où le panneau "exit" se trouvait. 

— Ils sont là ! cria une voix masculine. 

La jeune femme claqua la porte coupe-feu derrière elle pour tendre sa main. Un symbole apparut alors que du fer vint sceller la seule issue. Des coups de feu retentirent à nouveau mais ils ne s'attardèrent pas. Chaque étage, Tsubasa referma derrière jusqu'à se retrouver sur le toit. Le vent fit voler leurs cheveux. Ils s'approchèrent du bord et constatèrent la hauteur. Une chute leur serait mortelle. 

— Bon, souffla-t-elle. On devrait pouvoir réfléchir... 

Coupée dans sa phrase par un bruit assourdissant, le duo se tourna vers la source. Un hélicoptère venait de jaillir et les éblouit. Ils mirent à l'unisson un bras devant leur visage afin de s'en protéger. Les hélices créèrent un vent monstre qui souleva habits et cheveux. De l'autre côté, leurs poursuivants au-travers de l'immeuble ouvrirent la porte de sortie. Cernés de toute part, Kuroro et Tsubasa levèrent les mains en l'air.

— On les tient, annonça un homme dans son talkie-walkie. Deux membres de la Brigade sur un plateau. 

Le duo se jeta un regard rapide. Aucune issue ne se présentait à eux sur l'instant. La Berisha balaya les angles en une fraction de seconde. Au moindre geste suspect, l'hélicoptère ferait feu, ainsi que ceux sur le toit. 

— Le seul atout qu'on a... 

— C'est la confusion, la coupa Kuroro. 

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Son boss l'imita, yeux fermés et tête baissée. Le sort ne leur faisait aucun cadeau, mais parfois, il suffit simplement de créer sa propre chance.

— Tu me fais confiance ? demanda-t-elle. 

Comme réponse, le brun saisit son poignet. Il matérialisa son livre puis l'ouvrit. L'instant d'après, leur place s'échangea entre les soldats et eux. Symbole sur la paume de sa main, Tsubasa envoya une vague en direction de l'hélicoptère ainsi que des mafieux. Projetés hors ou contre le toit, les premiers atteints purent voir le duo se diriger vers le vide en courant. 

— Non ! hurla-t-on.

Mais le coup de feu ne toucha pas sa cible. Ils tombaient en chute libre vers le sol, accrochés l'un à l'autre. Puis, comme par magie, leur trajectoire changea. Au lieu de tomber, ils remontèrent et foncèrent à une vitesse stupéfiante au-travers des immeubles. Une fois la foule dépassée, ils atterrirent. Tsubasa effectua une roulade pour se remettre sur pieds et continuer de courir, tandis que Kuroro sauta une fois l'effet du Hatsu de la jeune femme dissipé. 

— Je pense que j'ai envie de rentrer, maintenant, confia la blonde.

Leur course ne s'arrêta pas. Ils devaient s'assurer qu'on ne les avait pas suivi. Alors, pour ce fait, ils empruntèrent des ruelles afin de semer quiconque s'aviserait de les prendre en chasse. 

— Je vais prévenir Hisoka et Irumi que je t'ai... 

Le brun ne put terminer que son téléphone vibra dans sa poche. La potentielle coïncidence voulut que ce soit le magicien à l'autre bout du fil, en train de l'appeler. 

— Oui ? dit Kuroro après avoir décroché. 

— On se demandait si tu avais trouvé notre petit agneau perdu, mais les écrans plat de Yorkshin ont été plus rapides. Ne t'en fais pas, personne n'a vu vos visages. Juste une intervention de masse de la mafia et deux silhouettes qui s'enfuient à toute allure du toit dans une explosion d'eau, expliqua ce dernier sur un ton chantant. 

— Merci pour cette description détaillée, Hisoka. Irumi est avec toi ? 

— Depuis peu. Je suppose que la mission est terminée maintenant.  

— On se retrouve au repaire. 

La communication s'arrêta. Tsubasa dévisageait le leader d'un air intrigué. 

— Je viens juste de me rendre compte mais... Irumi vous a aidé ? 

— Oui, opina-t-il. Il a employé un des membres de la Brigade et tu as été faite prisonnière : dédommagement slash intérêts. 

La Berisha rit. Le duo continua pendant encore quelques minutes et décida d'arrêter leur longue course au fin fond d'une ruelle sans personne aux alentours. Le bruit de la ville ne pouvait être entendu que de loin. La jeune femme s'adossa contre un mur afin de reprendre son souffle. Les effets du sérum de vérité s'estompaient petit à petit, avec ceux de l'alcool. Pas complètement, mais en partie. 

— Quelle nuit, souffla-t-elle. 

Les événements ne pouvaient pas se retrouver plus mouvementés. Il devait être aux alentours de deux ou trois heures du matin. Le calme prit l'ascendant sur l'adrénaline ressentie lors des dernières minutes. Avec l'attaque, Tsubasa avait l'esprit embrouillé, aidé par les substances illicites ingérées. 

— J'ai failli croire que ça ne finirait jamais, confia Kuroro. Il faut rejoindre... 

Ce dernier fut stoppé par la blonde qui attrapa le pan de sa chemise, alors qu'il se dirigeait hors de la ruelle. Ses yeux vairons brillaient dans le noir. 

— Dis-moi, l'interpella-t-elle.

Un silence étrange flotta au-dessus de leur duo. Malgré les apparences, le boss se sentait légèrement mal à l'aise. Elle le relâcha et il lui fit face. Tsubasa s'avança de quelques pas, bras croisés sur sa poitrine. Le ton de sa voix parut plus doucereux, plus calme. Sous l'étonnement, le brun haussa un sourcil. 

— Tu n'oserais pas jouer avec moi, pas vrai ? 

Lorsqu'il comprit où elle voulait en venir, il sourit et ferma les yeux, amusé. Plantant son regard dans celui de sa cadette, il pencha la tête sur le côté. 

— Mais pourquoi est-ce que je le ferais ? 

— Ce n'était pas une question, mais un ordre. 

Pris de court, entendre le mot "ordre" le déstabilisa. Avant de répliquer, il sentit une main attraper sa nuque. Ses lèvres rencontrèrent celles de Tsubasa dans un échange auquel il répondit. Il se détacha, doigt sur le menton et la joue de cette dernière. Kuroro redressa son visage afin de la surplomber de sa hauteur mais ça n'arrêta pas la jeune femme. Elle saisit sa cravate à pleine poigne et poussa le brun contre le mur. Déboussolé, il ne put contester. La Berisha l'embrassait à nouveau. 

Elle ne savait pas tout à fait ce qu'il se passait. Sa conversation avec Kurapika démontrait que leur relation ne mènerait à rien, juste à l'autodestruction. Témoin de la douleur que protéger le jeune Kuruta apporterait, Tsubasa effaça ses sentiments d'un revers de manche et sauta sur la première occasion d'oublier. Après tout, il n'y avait rien d'autre qu'une simple attirance.

Pas vrai ?