Chapitre trente-cinq

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La haine engendre la haine

Les invités venaient de terminer d'entrer et patientaient dans le hall d'entrée. William confirma sa prise de contrôle de la salle des machines, permettant ainsi à Wallace et Jéricho de se faufiler parmi la foule. Tsubasa, quant à elle, déambulait les couloirs à la recherche de la moindre anomalie. La mise en place du plan ne démarrerait qu'une fois le combat entre la Brigade Fantôme et la mafia initié. Ainsi, telle un chien de policier, la jeune femme parcourut chaque recoin à l'affut d'un quelconque indice qui indiquerait la présence de l'Araignée. Puis, au détour d'un énième couloir, elle remarqua de légères traces de sang sur le sol. Une longue traînée semblait lui montrer un chemin d'une personne qui aurait été blessée. Avec prudence, la Berisha monta les escaliers petit à petit. Des auras se manifestaient un peu partout dans l'immeuble, comme pour l'induire en erreur. Ses pas ne se détournèrent pas du sentier ensanglanté. Au final, elle arriva au niveau d'une pièce vide, non-éclairée si ce n'est par les lumières de la ville grâce aux baies vitrées. Tout au milieu se tenait une silhouette familière. Les doigts de la blonde se portèrent jusqu'à son oreillette. Elle appuya afin de l'activer.

- Ils sont là, murmura cette dernière. Mais c'est encore calme.

- J'ai les yeux rivés sur les caméras extérieures, à la moindre agitation on transfère les clients dans la salle, répondit William.

Le bruit d'un livre se fermant fit sursauter la Berisha. La vitre se souleva pour que le vent s'engouffre à l'intérieur.

- Tu viens profiter du spectacle ? demanda la silhouette.

Tsubasa s'avança de quelques pas. Kuroro ne la regardait pas, il semblait plus concentré sur ce qui se trouvait dehors. Des coups de feu se mirent à retentir comme un écho. L'Araignée signalait enfin sa présence.

- Tu as peur ? lui demanda le brun. Pour ce que tu as fais ?

Elle avala difficilement sa salive. Ils ne devaient pas se battre. Un combat retarderait le plan ou complèterait peut-être la prédiction. Ainsi, d'une démarche peu assurée, elle s'approcha.

- Tout ce que j'ai fais était dans la seule optique de servir mes intérêts, rétorqua la jeune femme. Pour m'éviter la mort.

- C'est étrange. J'aurais parié que tu l'avais accepté.

Il fit volte-face. Aucune aura ne sortait de son corps, à la plus grande surprise de la blonde. Il ne montrait pas le moindre signe d'agressivité ou d'animosité envers sa personne. Comme à chaque fois. Au lieu de ça, le chef lui tendit une main.

- Regarde, murmura-t-il.

Toujours sur ses gardes, elle l'accepta. Ce dernier l'approcha du rebord afin d'avoir une meilleure vue sur l'extérieur. Tsubasa y vit une quantité de fumée abondante. Quelques lumières rapides identifiées comme une fusillade éclairait le nuage. On entendait cris, hurlements et pas de course au-travers. Un véritable carnage.

- Moi aussi, on m'a donné une prédiction, confia-t-il.

Surprise, la Berisha se tourna vers son aîné. Seul un sourire mélancolique s'accrochait à son visage. Ses yeux brillaient presque et reflétaient la scène qui se déroulait des dizaines d'étages en-dessous, dénués de vie.

- J'ai analysé les derniers paragraphes avec précision. Tu n'es mentionnée nulle part.

- Quoi ?

Le doute s'immisça. Comment Kuroro pouvait-il se trouver en possession d'une prédiction, mais surtout, pourquoi celle-ci ne la mentionnait-elle pas ? Ses dernières lignes à elle parlaient très clairement de lui. Surprise, la blonde lâcha la main du chef pour se reculer vers le vide.

- Je ne te crois pas.

Presque amusé, il sortit un carnet de sa poche, feuilleta quelques pages dans le but de s'arrêter sur une seule. Presque violemment, elle s'en saisit. Tsubasa reconnut l'écriture de Neon, l'ayant observée des dizaines de fois. Elle lut chaque ligne, pour être sûre de ne rien manquer. Mais rien. Rien qui pourrait rejoindre sa propre prédiction.

- Impossible, souffla la jeune femme.

Kuroro récupéra le carnet de ses mains tremblantes. Ils se dévisagèrent de longues secondes, sans qu'aucun d'eux ne daigne piper mot.

- Le temps presse.

William. Elle reprit ses esprits à l'entente de sa voix dans l'oreillette. Ses sourcils se froncèrent.

- Tu as mal interprété la fin de ta propre prédiction, lança le brun. Qu'importe le camp dans lequel tu es aujourd'hui, c'est celui que tu ne devais pas choisir.

- Je vous ai trahi ! s'énerva-t-elle. Je savais très bien qui était l'assassin d'Uvogin depuis le début ! Lorsque tout est devenu trop dangereux, j'ai vous ai abandonné ! Alors pourquoi tu n'es pas fou de rage ?

Aucune réaction. Frustrée, elle serra les poings et baissa la tête. Rien de tout ce qu'elle ne pourrait jamais faire n'arracherait une quelconque réaction à son mentor.

- Je le suis.

Il bougea plus vite que prévu. Une main saisit la Berisha à la gorge. Puissante, ferme. Sa nuque pourrait se briser à n'importe quel moment. Elle sentit le vent soulever sa robe : ils se trouvaient à moins de quelques centimètres d'une chute mortelle.

- J'ai promis de te traquer jusqu'en enfer, si tu nous trahissais. Tu te souviens ?

Sa voix était restée calme. Elle opina d'un air silencieux, en position de faiblesse. Malgré tous ses efforts, un rire nerveux la prit.

- Si tu étais la personne qui m'effrayait le plus ce soir Kuroro, je ne me serais pas approchée.

Tsubasa attrapa son poignet fermement. Son sourire ne la quitta pas.

- Merci d'avoir pris soin de moi. Je serais heureuse de répondre à tes doléances et offrir ma vie pour que tu puisses achever ta vengeance. Mais ce soir, ce n'est pas possible. J'ai des choses à faire.

D'une traite, elle se dégagea puis se projeta en arrière. Le vide accueillit la Berisha pour que cette dernière dégringole presque du sommet de tout l'immeuble. Sa main se mit à luire et un symbole apparut.

"Hand of the Alchemist : air symbol"

Sa chute amortie, elle se retrouva devant l'entrée des enchères. Jéricho l'attendait, adossée contre le mur, avec un sac. Elle lui lança le contenu : un badge et un carnet où tous les lots étaient listés. Sans un regard l'une pour l'autre, le duo verrouilla les portes afin de rejoindre le hall où tous les invités attendaient.

Alors que le bruit assourdissant de l'attaque créait une panique monstre, le silence fit place. Les mafieux se regardèrent d'un air étrange. Quelqu'un tapa dans ses mains pour demander l'attention.

- Veuillez excuser la gêne occasionnée, les enchères vont démarrer sous peu.

La foule vit que, tout en haut du balcon d'escaliers, deux personnes se tenaient : William et Tsubasa. Ils portaient la tenue et le badge des dirigeants de vente. Ils indiquèrent alors à tous les invités de se diriger vers la salle pour prendre place. Tandis que le groupe quitta le hall, Jéricho ainsi que Wallace fermèrent les portes. Le plan commençait.

{Hunter x Hunter} Effet PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant