❝ Et devant le fait accompli, tu reprendras ton rôle de marionnette ❞
Un ultime mouvement de sabre fouetta l'air et le cadavre du dernier homme debout rencontra le sol. Il essuya son arme, au milieu du bain de sang qu'il venait de provoquer. L'odeur métallique fit se crisper ses lèvres en une expression de dégoût. Il n'avait même pas eu le temps de s'échauffer.
— Tu as déjà fini, Feitan ?
Ledit Feitan se tourna puis tomba face à un homme portant un kimono, aux longs cheveux détachés et à la barbe de trois jours.
— À l'instant, répondit-il. Que font Uvo et Phinks ?
Un énorme bruit résonna, comme celui d'une explosion et de la roche qui dégringole. Des coups de feu suivirent et le duo ignora bien vite ces perturbations.
— Ils s'amusent, répondit son interlocuteur.
— Ils mettent trop de temps. Je dois partir, soupira Feitan. Je ne suis pas le seul d'ailleurs.
— Tu les connais, toujours à chahuter !
— Tu es bien trop laxiste, Nobunaga.
Sur ces mots, Feitan referma son parapluie où il dissimulait son épée. Il voulait être seul. Il dépassa son compagnon et sortit dans le couloir du manoir qu'ils venaient d'attaquer. L'appel de l'Araignée ne pouvait être ignoré et il avait encore des choses à régler avant d'y répondre. Comme Korutopi, Uvogin ainsi que Machi.
— Je dirais aux autres que tu nous rejoindras à la date prévue ! lui cria Nobunaga.
Il ne répondit pas. Il se contenta d'agiter sa main pour signaler son départ et un "merci" à sa façon. Cette année, en septembre, la Brigade Fantôme se retrouverait au complet à Yorkshin City sur ordre du chef. Mais avant d'en prendre le chemin, il devait mettre de l'ordre. Cette période de la saison correspondait à son départ du manoir familial Berisha. L'époque où il avait laissé derrière lui son oncle, sa tante et ses deux cousins. Oublier l'existence de ces derniers ne lui posait pas le moindre soucis : la seule ombre au tableau revenait à abandonner Tsubasa. Il ne supportait ni son père, ni sa mère, ni son frère mais la jeune femme avait toujours été une exception. Il avait dû choisir entre rejoindre leur ville natale, l'Étoile Filante et la Brigade, ou souffrir aux côtés de sa cousine qu'il aimait par-dessus tout. Le dilemme ne fut pas facile. Mais dans l'optique d'un jour pouvoir la sauver des griffes de ses parents ou même de la revoir, il s'en alla.
Feitan se demandait chaque jour ce qu'elle pouvait faire actuellement. Assassiner au nom des Berisha, chasser, se faire torturer ou même se perdre dans les tréfonds d'une identité qu'on lui volait en même temps que son choix d'avenir ? Il avait essayé de revenir. Faire face à ses relatifs et réclamer Tsubasa. Mais à chaque fois, il lui était impossible de s'approcher du domaine à moins de deux kilomètres. Que ce soit à cause des assistants, des gardes, des majordomes ou même de Daiki qui lui interdisait l'accès, jamais un pied ne fut posé plus proche de la blonde que celui à l'entrée du territoire. Et ça le frustrait. Au fond, il savait qu'il aurait dû l'emmener avec lui. La voilà peut-être perdue à tout jamais au sein de la chasse à la prime. Embrigadée, contrôlée comme un pantin et conditionnée afin de ne vivre que de cette vocation.
Que fais-tu encore là-bas, Tsubasa ? Est-ce que tu te souviens de moi ?
Comme piquée par une légère charge électrique, la Berisha cligna des yeux. Irumi penchait la tête sur le côté, sourcils froncés, signalant qu'il s'impatientait. Elle claqua sa langue contre son palais.
— Je veux savoir, finit-elle par dire.
— Ah, tant mieux, rétorqua l'assassin. Pendant une seconde, j'ai cru que je n'allais pas pouvoir mettre ton frère dans une merde noire.
— Qu'est-ce que mon frère a à voir là-dedans ? s'étonna la jeune femme.
Daiki lui cachait bien des choses. Mais en tant que sa sœur, elle était persuadée qu'il lui disait tout sur Feitan. Ne serait-ce que par respect.
— Ta famille sait où trouver ton cousin, et tes parents ont formellement interdit à ton frère de t'en parler. Ils pensaient que ne plus mentionner le sujet t'amènerait à oublier.
— Tu as l'air bien informé sur mes affaires internes, pour un Zoldyck, lui lança Tsubasa suspicieuse.
— Daiki et Hisoka sont amis. Comme tu as pu le constater, je parle aussi beaucoup avec Hisoka. Ce qui aujourd'hui est à ton avantage, mais m'a permis d'arriver sur certaines missions avant toi.
— Alors c'était pour ça ! cracha la blonde.
Hisoka, assis sur un rocher un peu plus haut dans la pente ricana. Elle ne se gêna pas pour lui faire un doigt d'honneur.
— Bref, reprit-t-elle. Où est Feitan ?
Un léger sourire se dessina sur les lèvres du brun. Tsubasa prit presque peur, parce que jamais, au grand jamais, le Zoldyck ne souriait.
— Tu te souviens du massacre qui a eu lieu il y a cinq ans, dans une région reculée ? Un clan dont les pupilles tournaient au rouge sous l'émotion, considérées comme l'une des plus belles couleurs du monde.
Instinctivement, elle porta une main à son visage et la posa sur son œil. Il parlait sans émotion, il ne semblait pas mesurer l'impact de ses mots sur sa personne. Fort heureusement, d'ailleurs.
— Les Kuruta, opina cette dernière sur un ton sombre.
— Exactement. Tu sais donc qui est à l'origine du génocide.
Tsubasa allait rétorquer pour lui dire d'abréger ses discours sans rapport avec le sujet, puis elle réalisa. Un puzzle s'assembla dans sa tête à la vitesse de la lumière, rajoutant un poids en plus sur ses épaules. Tout concordait. Absolument tous les mystères qui planaient autour des secrets de sa famille et même de sa propre personne pouvaient se résoudre par cette simple équation.
— La Brigade Fantôme, murmura-t-elle. Feitan est à la Brigade Fantôme.
Irumi se retint de rire. Il tourna juste les talons, satisfait de l'effet provoqué sur sa jeune rivale. Elle était littéralement anéantie. Mais lorsque Daiki saurait que sa sœur avait appris où se trouvait son cousin, c'est là que le vrai drame prendrait racine. Il risquait très bientôt de s'en rendre compte. Toutes les machinations pour tenir Tsubasa et Feitan à l'écart s'écroulaient.
— Tu lui as dis ? s'étonna Hisoka. Et pour moi ?
— Tu n'es pas un vrai membre de la Brigade, soupira le Zoldyck. Elle finira bien par le découvrir aussi.
— Diabolique, s'amusa le rouquin. Tu es diabolique.
Il ne répondit pas. La jeune femme, quant à elle, fixait le sol d'un air absent. Voilà qu'au milieu d'une guerre silencieuse entre des vampires et l'organisation d'Hunter, elle trouvait finalement son cousin. Membre d'un groupe de criminels classé A, recherché par sa famille et la mafia. Merveilleux. Cette semaine s'annonçait merveilleuse.
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{Hunter x Hunter} Effet Papillon
Fanfiction《 Je serais tout ce que tu ne pourras pas contrôler》 Nous ne nous débarrassons jamais vraiment du sang sur nos mains. Ni des boulets du passé encore attachés à nos chevilles. Nos pêchés finissent toujours par nous rattraper. La vérité finit toujour...