Leur Contrôle

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(Le média n'a rien à voir avec le texte. C'est juste que j'avais envie.)

-Crève, crève, CRÈVE !!!!

Je hurle ma rage. Depuis plusieurs heures. J'hurle à m'en arracher la voix. J'hurle à m'en tuer les cordes vocales. Encore. Et encore. Et encore. De toutes façons, elle doit crever. Elle a pas le choix, c'est ce que je lui ai demandé. Elle a souvent dit qu'elle voulait me faire plaisir, parce qu'après tout elle est ma mère. Mais les parents mentent. Si les enfants ne leur plaisent plus, les parents mentent, encore et encore, pour se bercer d'illusions.

Alors en attendant j'espère la voir crever. Même si ça n'arrivera pas à moins que je le fasse. Elle est pas à la maison. Heureusement. Il n'est pas à la maison lui non plus. C'est pour ça que je crie. Je crie en attendant qu'ils reviennent pour que je puisse enfin les faire crever.

Les parents c'est mauvais. C'est nocif. Leurs paroles sont plus toxiques que des gazs et leurs enseignements aussi inutiles que n'importe quel passe-temps. Ils croient pouvoir contrôler leur progéniture, en faire leurs petits soldats, des bons petits chiens obéissants au pied et à l'oeil, aboyant pour plus de nouveaux enseignements putréfiant leurs cerveaux malades, les gangrénant encore plus. Mais pas moi.

Moi je me suis rendue compte de ça. Non seulement je m'en suis rendue compte, mais aussi je peux tout arrêter.

Pour ça, il suffit de leur faire finir leurs vies. Leurs vies d'idiots. D'idiots infectant les cerveaux influençables des enfants du même poison qu'on leur avait fourni jeunes.

-Je veux que tu meurs, je veux que tu décèdes, je veux que tu disparaisse, je veux que tu pourrisses, je veux plus jamais te voir, je veux que tu CRÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈVES !!!!!

Les voisins pourraient m'entendre, oui. Sauf qu'il n'y a aucun voisin ici. Seul le calme plat de la forêt peut entendre mes hurlements. J'éclate de rire en songeant à ce que je vais faire dès qu'ils seront rentrés. Ça va être facile. Je n'aurai aucun mal à me débarrasser d'eux. Pour toujours. Je les fuirai, comme je l'ai toujours fait. Je sauverai mon esprit de leur poison, comme j'ai toujours réussi à le faire jusqu'à maintenant. Mais cette fois-ci, plus rien ne pourra tenter de le corrompre. Je serai libre, loin d'eux. Après tout, quand j'en aurai fini avec eux, ils ne seront plus rien.

Faisant face à mon être devant le miroir de la salle de bain, je contemple mon visage avec impassibilité. Je remarque que mes cernes sont plus grandes que d'habitude. À force de ruminer mon plan dans ma tête, j'ai eu du mal à trouver le sommeil.

Je regarde ce que je tiens dans mes mains. Dans la droite, un couteau de cuisine possédant une lame d'une trentaine de centimètres. Dans la gauche, un hachoir à main.

Je fixe les armes par l'intermédiaire du miroir. Suis-je vraiment capable de faire ça ? Suis-je capable de mettre fin à leur vie ? Surtout eux ? Eux qui ont prétendu m'aimer ?

Oui, «prétendu», oui... Ça n'a jamais été le cas. Ils ont juste fait ça pour paraitre exemplaires. Ça se voit. Ça se sent. Et ça me dégoute. J'inspire à fond. Je fixe mon regard par l'intermédiaire de la surface réfléchissante. Déterminé. Brûlant d'une fièvre inexplicable. Désireux d'aller au bout de ma quête. Je sais ce qu'il me reste à faire. Et pour ça, je dois attendre. Contenir mes cris. Contenir mon rire. Mes émotions. Ma colère. Mon indignation. Mon refus du contrôle. Ma haine. Tout ce qui me compose.

Je me cache derrière la porte d'entrée et j'attends. J'espère qu'ils seront heureux. Ils reviendront d'une soirée en amoureux. Ils seront beaux pour leur mort. Comme ce que j'ai toujours rêvé pour un humain. Une beauté lors de la mort. La perfection.

J'entends le crissements des pneus sur la route. Ils remontent progressivement sur le terrain devant la maison. Une porte s'ouvre. Se ferme. Des bruits de pas se déplacent. Une nouvelle porte s'ouvre. Elle se referme. Les bruits de pas originels sont accompagnés de bruits de talons. Des rires heureux. Quelques phrases prononcées par une voix grave. Une réponse provenant d'une voix aiguë suivie d'un petit rire. Ce qui s'échappe de ces gens, ce n'est pas seulement une impression de vie. C'est également une impression de joie.

Je serre les poings et retiens un cri de rage. Ce genre de comportement m'a toujours dégoûtée. j'entends la porte s'ouvrir. Je vois deux silhouettes avancer dans le hall d'entrée. L'une d'elle s'apprête à fermer la porte. L'autre veut allumer la lumière. Je me rue sur la seconde et enfonce la lame que je tiens de la main droite le plus profondément possible dans la chaire qu'elle rencontre. Un cri de douleur s'échappe de cette personne. Mon père. Je sors la lame et la plante de nouveau dans sa chaire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Puis quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix.

Au bout du dixième coup, il s'effondre.

Je me jette sur l'autre personne. Elle a commencé a crier de terreur. J'envoie le hachoir vers la source du bruit. Sa tête. Celui-ci se fiche dedans dans un bruit de craquement d'os. Sans retirer le hachoir, je plante le couteau un peu en dessous, là où devrait se trouver sa cage thoracique. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Et une cinquième et dernière fois.

J'éclate de rire. Je hurle ma joie. Je suis libre. Enfin. Pour toujours.

Ombres (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant