Après être rentrée dans ce qui était désormais la maison de Luna, Arsenic s'était allongée dans son laboratoire, trop fatiguée par les derniers évènements pour faire quoique ce soit.
Elle soupira, songea à se faire du thé puis se souvint qu'elle n'avait pas de thé dans son labo et soupira une nouvelle fois, se laissant aller à la flemme.
Malgré le fait qu'elle avait essayé de cacher à sa sœur que son corps était meurtri de l'intérieur, elle ne pouvait s'empêcher de laisser s'échapper de petites rictus de douleur. Son cœur et ses poumons étaient comprimés, douloureux à chaque respiration. Si elle avait été seule, elle aurait haleté bruyamment et gémit de douleur jusqu'aux cris. Mais elle n'aurait pas pleuré.
Elle ne s'accordait que rarement la libération des pleurs, tant ces derniers la rattachaient à de mauvais souvenirs.
La première fois qu'elle a pleuré, de toute sa longue vie démoniaque, c'était à la mort de Rose.
Peu avant l'exécution d'Adrian White, tous les membres du cirque d'Horace de Cyanure s'étaient sacrifiés, pour permettre à Rose et elle-même de s'enfuir. Après tout, le contrat qu'ils avaient tous passé avec Arsenic stipulaient qu'ils devaient remettre leurs vies entre les mains de la démone pour arriver à acquérir des capacités extraordinaires. Arsenic avait fait de son mieux pour les convaincre qu'ils pouvaient fuir, mais lorsque tout était perdu, elle leur avait ordonné la mort. Mais malgré cela, la démone fut capturé, et Rose relâchée puisqu'innocentée.
Rose était sur le point d'accoucher. Arsenic avait demandé à son père la seule et unique faveur qu'il avait exigé de lui. Elle lui avait demandé de garder Rose auprès de lui jusqu'à ce qu'elle sorte de prison.
Mais pour des raisons obscures, Ciguë de Cyanure avait laissé sa belle-fille dans les rues dangereuses et grouillantes de vermines de l'East End. Quand Arsenic l'a su, elle a assassiné environ la moitié du commissariat avant de la retrouver. Elle bouillonnait de rage. Il était incapable de lui accorder une faveur aussi minime que celle-là ? Qu'il aille crever dans les limbes de l'oubli !
La démone avait fini par dénicher une maison abandonnée, reculée non loin d'une forêt, et l'avait aménagé avec le peu de mobilier qu'elle a pu. 3 jours plus tard, Rose accoucha d'une petite fille.
Arsenic se souvenait de chaque seconde de cet instant. Du sourire qui illumina le visage de sa femme après la douleur de l'enfantement, de ses gestes doux en direction du minuscule bébé qui braillait pour que ses poumons se remplissent d'air. Rose avait tendu la main vers l'enfant pour lui caresser la joue, en murmurant entre deux halètements :
-Ma... Petite... Alice...
La démone avait demandé si elle pouvait la laisser seule quelques minutes, le temps de laver la petite fille. Suite à une réponse affirmative, elle embrassa sa femme et passa dans la salle de bain pour nettoyer le petit corps, qu'elle finit par envelopper dans des couvertures pour la tenir au chaud. Mais quand elle revint dans la chambre, une vision d'horreur s'offrit à elle.
Rose n'était pas partie, loin de là. Elle était toujours allongée sur le lit. Un ange était penché au-dessus d'elle. Il l'avait éventrée, lui avait arraché le cœur, avait répondu ses organes sur le parquet poussiéreux, un sourire malade sur le visage, la lame encore rouge du sang de celle qu'il avait tué.
Arsenic n'avait pas mis longtemps à réagir et s'était envolée par la première fenêtre qu'elle avait trouvée. Elle aurait voulu sauter sur celui qui lui avait pris la femme qu'elle aimait, sa moitié, le premier être avec lequel elle avait senti ne faire qu'un, mais cela lui était impossible. Elle ne voulait pas risquer la vie de sa toute nouvelle fille, cette petite Alice qui avait fini par s'endormir dans ses bras, ignorant qu'elle venait de perdre sa maman dans les premières minutes de sa vie. Et des larmes coulaient abondamment sur les joues de la démone, des larmes d'une souffrance qui n'était pas prête à s'effacer...
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Ombres (EN PAUSE)
ParanormalSi vous êtes sensibles, prière de ne pas lire. Je publierai de manière totalement décousue, donc il ne faut pas s'étonner si je suis capable d'oublier ce livre 6 mois avant de me remettre à écrire dedans tous les jours. J'en serais capable.