Souvenirs Enfouis

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Quand Damian accepta de la laisser partir, Luna avait la trouille d'arriver tellement tard que sa mère s'en rendrait compte et qu'elle aurait quelques problèmes. Au lieu de cela, Marie-Antoinette et Ophélie attendaient gentiment devant la porte que quelqu'un daigne leur ouvrir.

Quand elle les vit, la jeune Ombre ouvrit de grands yeux ronds tout en les questionnant sur le motif de leurs présences, son amie lui expliqua brièvement la situation. Fort heureusement, elles ne posèrent aucune question quant au fait qu'elle était à l'extérieur, à une heure ou n'importe quelle jeune fille bien élevée comme elle est censée rester chez soi. Bien que l'ancienne reine de France semblait se retenir de l'assaillir de questions. Peu de temps après, sa mère l'appela pour la prévenir du fait qu'elle ne reviendrait pas avant le lendemain, tout en lui demandant de rester à la maison avec Ophélie en attendant son retour.

Luna n'eut pas le temps de s'occuper de Gauthier, qui logeait définitivement au grenier. Mais elle était sûre qu'il avait trouvé le temps de se nourrir dans la nuit, et qu'il ne s'inquiétait pas pour elle.

D'ailleurs, sur son vieux matelas, enroulé dans ses couvertures, l'Amnésique ressassait de vieux souvenirs enfouis sous forme de rêves...


Une table, deux verres, deux femmes habillées de tenues estivales. L'une avait relevé ses cheveux en chignon. L'autre les laissait détachés sur ses épaules. Elles plaisantaient, discutaient gaiement, sous la puissante lumière du soleil tandis qu'un jeune Gauthier de 16 ans, caché non loin d'eux feignait une concentration intense sur un ouvrage parlant de vampires. Celle aux cheveux en chignon prit la parole :

-Oh oui, mes enfants sont géniaux. Mélissa est une magnifique sportive, je suis persuadé qu'elle finira dans l'équipe de football féminin sous peu. Sans compter que Paul est un génie incontesté ! Il fera des grandes études et aura un boulot à la hauteur de ses compétences ! Ah, ils font vraiment ma fierté...

-Comme tu en as de la chance, s'exclama son amie ! J'adorerai pouvoir en dire autant de ma fille... Cette espèce de larve ne fait rien de ses journées...

-Pas étonnant que Gauthier s'entende aussi bien avec elle, dans ce cas...

-Ah bon ? Tu n'es pas fière de lui ?

-Absolument pas ! Ce n'est qu'un bon à rien qui passe son temps à rêver de choses inutiles et à se croire plus intelligent que tout le monde ! C'est à peine s'il nous adresse la parole ! Il n'a absolument aucun avenir !

La voix de la femme au chignon s'était faite plus sèche tandis que son dernier fils serrait son livre très fort, au point de l'abimer. Il inspira et expira très fort, tout doucement, cherchant à se calmer. S'il se laissait allé à ses pulsions, elles allaient avoir trèèèès mal...

Il savait que sa mère ne l'avait jamais aimé. Elle le traitait de bâtard. Or, c'était ce qu'il était. Sa mère avait trompé son mari avec celui qui était son véritable géniteur. Cela avait failli foutre son mariage en l'air, aussi elle tenait l'enfant né de cette union comme responsable des actes de son père.

Elle l'avait maintes fois convaincu d'utiliser leur don familial pour oublier nombre des sévices psychologiques qu'elle lui avait infligé. Seulement, s'il les oubliait un temps, le don chez lui avait été quelque peu altéré. En effet, si son frère et sa sœur pouvaient oublier définitivement tout ce qu'ils voulaient, quand ils le voulaient, lui finissait toujours par se souvenir...

Et il s'était promis de ne jamais oublier. Du moins, pas ce genre de malheurs, qui étaient censé rester fermement implantés dans son esprit. Pas d'oubli, pas de pardon.

Sa mère continua de converser tranquillement avec son amie :

-Je te jure, il ne sert à rien, ce n'est qu'un boulet ! Même pas la peine de le garder, si j'avais su, je l'aurais abandonné, j'en aurais été débarrassé...

"Calme, calme, calme, calme, calme, calme, s'exhorta le jeune homme, soucieux de ne pas craquer"

-Je suis persuadé qu'il finira alcoolique et SDF, il n'a absolument au-cun avenir !!

Trop tard... Gauthier s'était levé en trombe, avait foncé sans s'en rendre compte dans le garage pour y trouver... Une hache. Une belle arme bien aiguisée, parfaite pour trancher. Il la cacha dans son dos et avança jusqu'aux deux femmes, qui s'interrompirent en le voyant arriver. Sa mère lui offrit un sourire plein d'hypocrisie et lui demanda :

-Qu'y a-t-il mon chéri ?

Le jeune homme les dévisageait d'un air meurtrier, leva sa hache et l'abattit avec force sur sa mère. Plusieurs fois de suite, sous les cris hystériques de la voisine qu'il découpa avec toute la force que sa haine pouvait lui fournir. Enfin, découper... déchiqueter serait plus juste...

Il s'éveilla en sursaut. Retenant ses cris, il se mit à pleurer, sans en comprendre la raison. Et tandis qu'il s'effondrait en larmes et que les habitantes de la maison vaquaient à leurs occupations diurnes, Hélène rentra chez elle avec de nouvelles invitées...

Ombres (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant