Le Corbeau et la Corneille

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(Si vous ne pigez rien de rien aux désignations des personnages, faites un pitit tour au niveaux des commentaires des histoires précédentes. ^^ Bonne lecture !)

Celui-qui-n'est-plus frappait à la porte d'une petite maison située en périphérie de la ville, un sourire en coin. Ses cheveux avaient poussés et étaient visiblement emmêlés, ses vêtements, déchirés et crasseux et la fatigue se lisait dans ses yeux rouges grisâtres. Quelque secondes plus tard, l'Oiseau lui ouvrit, semblant pester contre quelque chose, avançant à cloche-pied. Il le salua avec politesse, tentant de se donner une constance jusqu'à ce que ses yeux rencontrent le visage de son visiteur. Il se figea alors, son ton devenant alors froid :

-Qu'est-ce-que tu fais ici ?

-Bonjour, moi aussi je suis ravi de te revoir. Quoi de nouveau depuis le temps ? Tu me laisses entrer ?

-Non. Qu'est-ce-que tu veux ?

Celui-qui-n'est-plus lui lança un grand sourire :

-Rien de plus que discuter avec toi.

-Hm, bien sûr, je vais te croire.

L'Oiseau continua de bloquer l'entrer de sa demeure, bien que son interlocuteur tenta de rentrer. Ce dernier s'agaça et lança :

-J'aurais besoin que tu me rendes un service par rapport à mon apparence physique, on va finir par me reconnaitre !

-Tu t'attendais à quoi, sérieusement, à coller tes empreintes et ton ADN partout sur tes victimes, soupira Antoine ?! Bref, entre, je laisse passer pour cette fois.

Celui-qui-n'est-plus eut un sourire de triomphe, ravi de sa petite "victoire". Son hôte le guida jusque dans le salon cosy aux murs et mobilier sombres, dans lequel se trouvait un transat où était installée Atropos, babillant gaiment en secouant des jouets en plastiques. Cependant, dès qu'elle vit l'invité de son père, elle se calma instantanément et se mit à geindre. Le nouvel arrivant, de son côté, semblait halluciner :

-T'es père ?!

-Oui, et alors ?

-C'est qui la mère de cette mioche, demanda l'invité en s'asseyant sur l'un des canapés ?!

-La petite-amie du mec dont j'ai piqué le corps. Que j'ai tué, aussi accessoirement.

-Pourquoi t'as récupéré cette gosse, s'énerva Celui-qui-n'est-plus ?!

-Parce que c'est la mienne, imbécile, répliqua le Père en sortant de nombreuses mixtures d'un petit placard caché sous l'autre canapé.

-Hm... Elle est bien ce que je pense ?

L'Oiseau frappa légèrement du poing sur la table en levant la tête vers l'homme tandis que sa fille tressauta légèrement, fixant avec attention tout ce qu'il se passait.

-Non, elle n'est pas ce que tu penses et ne le sera jamais.

-Tu sais que ça finit toujours mal quand les parents se mettent à dire ce genre de choses, n'est-ce-pas ?

-Je sais aussi que ce n'est qu'un bébé et que je lui parlerai peut-être de tout ça plus tard, quand elle sera plus grande et surtout quand elle aura fait preuve de suffisamment de maturité. Et j'insiste sur le peut-être.

-Te connaissant, ça veut dire non.

-T'es venu me faire la morale sur ma façon d'éduquer ma gosse ou t'es venu récupérer ton apparence originel ?

-Plutôt la 2e option, merci de me le demander, vu que tu ne sembles pas être au courant.

Sur ces mots, il s'approcha de la petite fille qui le fixait avec de grands yeux tout en se raidissant, intimidée. Il lui sourit et tendit sa main vers elle, attendant une réaction de sa part, à l'affût tel un chasseur. Puis il reprit

-Tu sais que cette gamine sera sans doutes l'Avenir, n'est-ce-pas ?

-Qu'est-ce-que je viens de te dire, lança Antoine entre ses dents serrées, irrité ?

-J'essayais juste de voir si tu réagirais à ça, ricana Celui-qui-n'est-plus tout en tentant de faire sourire la petite fille.

Au bout de quelques minutes, l'Oiseau lâcha un soupir et regarda autour de lui afin de trouver un lien ou quelque autre équivalent pour que ses cheveux mi-longs noirs aux reflets bleu et violet foncé ne lui tombent pas devant les yeux.

-Tiens.

Celui-qui-n'est-plus lui tendit un de ses lacets de chaussures.

-Qu'est-ce-que tu faisais dans ma tête, répliqua Antoine en récupérant ledit lacet et en attachant ses cheveux avec ?

-Hm... J'ai le droit de ne pas répondre ?

-Non.

-D'accord, disons que je n'en ai rien à foutre de ton avis, alors.

-Tssss.

-Au fait, tu t'appelles comment maintenant ?

-Antoine.

Son interlocuteur éclata de rire puis sortit :

-Sérieusement ?! Pourquoi t'as pas récupéré ton vrai nom ? Non parce que tu m'excuseras mais Raven ça a une autre gueule quand même !!

-Ne m'appelles pas comme ça, s'énerva l'Oiseau, faisant mine d'être concentré sur la préparation de son breuvage.

Atropos babilla légèrement, souriant à l'invité de son père et tendant ses petits bras vers lui. Sans demander l'avis du géniteur de l'enfant, Celui-qui-n'est-plus la prit dans ses bras. Elle saisit alors les cheveux crasseux de l'homme, les tirant vers elle en riant. Il rigola, bien que ce jeu enfantin lui fut légèrement douloureux/

-Le temps que je fasse chauffer tout ça tu devrais aller prendre une douche. Et normalement tu devrais trouver des fringues à ta taille si tu fouines dans mon armoire.

-Bon. Je la mets où ta gosse ?

-Reposes Atropos là où elle était s'il te plait.

Celui-qui-n'est-plus déposa délicatement l'enfant dans son transat et après s'être enquis de la localisation de la salle de bain et de la chambre de son hôte, tandis que ce dernier continuait sa mixture.

Quelques instants plus tard, alors que Raven berçait sa fille, son invité revint dans le salon, les cheveux coupés plus courts et en bataille, mais propre, tout comme les vêtements qu'il portait.

-Tiens, je ne savais pas que tu préférais porter les cheveux courts.

L'interpellé haussa les épaules avant de demander :

-C'est prêt ?

-Ouais. Tiens, ajouta le jeune père en lui tendant un mug rempli de la mixture qu'il a passé un certain temps à préparer.

-Merci, répondit Celui-qui-n'est-plus en saisissant le récipient sus-dit et en l'avalant cul-sec.

Aussitôt, le corps de ce dernier qui était celui d'un homme d'un peu plus d'un quarantaine d'années perdit la moitié de l'âge qu'il semblait avoir, ses cheveux grisonnant devinrent noirs et les traits de son visage changèrent.

-Alors, satisfait Crow, grommela Antoine en déposant son enfant endormie sur le canapé ?

-C'est parfait, merci.

-Bien, maintenant fais-moi le plaisir de dégager de ma baraque. Tout de suite.

-Pourquoi je ferai ça, ricana Crow ?

-Parce que je te l'ordonne et que je vais te buter si tu ne le fais pas instantanément.

-Tu me reverras plus tôt que tu ne le penses, tu sais ? Pourquoi retarder ce moment ?

-Tu me pètes les couilles, j'aimerai bien que tu apprennes à obéir pour une fois, compris ?

Celui-qui-n'est-plus sourit, récupéra son lacet dans les cheveux de l'Oiseau tout en laissant sa main s'attarder dans ladite masse capillaire, avant que le jeune homme ne lui attrape le bras et le repousse violemment, profitant de ce contact forcé pour le pousser à l'extérieur.

Crow sourit, satisfait d'avoir récupéré l'apparence qui était la sienne il y a bien des années puis s'en alla.

Ombres (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant