Quel Désagréable Invité Surprise !

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-Raven !!! Ouvre-moi, je sais que t'es là !!

Malgré les coups portés sur sa porte, l'Oiseau ne bougea pas d'un millimètre, n'en ayant strictement rien à foutre de ce que pensait le Corbeau.

-Dépêche bordel !!

Il obtint autant de réaction que lors de ses précédents essais. À l'étage, Atropos geignait, visiblement parce qu'elle devait avoir faim. Bizarrement, son mécontentement suscitait plus de réactions chez Raven que celui de Crow.

Ce dernier, en ayant visiblement marre de végéter devant une porte, se décida à crocheter la serrure pour entrer dans la demeure de la corneille, chose qu'il n'osait pas faire auparavant à cause de la présence d'un certain homme-loup'.

-Tant pis, j'entre quand même, hurla-t-il une fois qu'il eut passé le pas de la porte !!

Raven descendit en quelques secondes à peine, son bébé dans les bras. Dès que cette dernière vit Celui-Qui-N'est-Plus, elle se mit à babiller joyeusement et à tendre les bras vers lui, alors que son père le dévisageait froidement.

-Où est Wolf ?

-Il s'est porté volontaire pour aller faire les courses. Et toi, qu'est-ce-que tu me veux ?

-Ça fait 2 putains de jours que j'essaie d'entrer par la voie normale !!

-Pourquoi faire ?

-J'ai un truc important à te dire.

-Si c'est pour me faire un discours à la con comme quoi je te manque, tu peux directement aller te faire foutre.

-Foute, répéta une Atropos intriguée ?

-Rien du tout ma puce. Surtout que si tu avais voulu te pointer, t'aurais pu essayer de le faire par effraction plus tôt.

-T'es gentil mais si Wolf m'avait vu, on se serait bastonné et je n'en ai clairement pas envie, surtout que tu aurais profité du combat pour t'enfuir je-ne-sais-où.

Raven soupira et se décida à le laisser parler :

-Je te donne 3 minutes pour t'expliquer.

-Tu situes qui est la gamine de Marie-Antoinette ?

L'Oiseau haussa un sourcil :

-Marie-Antoinette a une fille ?

-Oui, une rouquine à qui il manque un oeil.

-Ce ne serait pas Ophélie Grimm ?

-Tu la connais ?

Le jeu d'acteur de Crow était excellent, tellement excellent que Raven ne voyait pas la différence entre sa vérité et ses mensonges, malgré leurs longs siècles de vie commune.

-Oui, elle est amie avec Wolf.

-Ah première nouvelle. Bref, je suppose que tu as remarqué qu'il y avait un léger problème au niveau de l'origine de cet éborgnement ?

-Effectivement, même si je n'osais l'évoquer devant elle. Vu son caractère, elle ne devait pas se douter de ce qui était à l'origine de cette blessure. En quoi cela me concerne-t-il ?

Crow sortit la lettre qu'il avait montré à Marie-Antoinette 2 jours plus tôt et la tendit à Raven, ce dernier étant obligé de jongler entre sa fille affamée et le bout de papier.

-Tu peux me tenir Atropos quelques temps pendant que je m'occupe de ta lettre ?

-Pas de soucis. Viens là petite pousse, fit Celui-Qui-N'est-Plus avec un sourire.

L'enfant tendit les bras vers lui avec un grand sourire, malgré la faim qui lui tiraillait le ventre, tout en poussant des petits gazouillis de joie. Il la retira des bras de son père et la cala contre lui, gardant une expression réjouie sur son visage. Jamais il n'aurait cru pouvoir autant aimer les enfants...

-C'est juste pour cela que tu es venu m'emmerder, questionna Raven après avoir étudié la lettre de plus près ?

-S'ils en ont après moi, rien n'exclue le fait qu'ils en auraient après toi et la petite, voire même Wolf.

-Je ne comprends juste pas pourquoi je devrais être plus alarmé que d'habitude, cela fait des centaines d'années qu'on a ces imbéciles qui nous collent aux basques, pourquoi je devrais avoir peur maintenant ?

-Je ne te demande pas d'avoir peur, seulement de te méfier. Ces prétendus détenteurs de la bonne parole n'ont pas hésité à s'en prendre à une gamine de 16 ans, et même si c'est la fille d'une puissante vampire, elle ne m'a pas l'air plus dégourdie avec ses dons qu'un gamin s'essayant au spiritisme et tentant de maitriser le surnaturel qui en découle.

-Arrête de sous-estimer tout le monde.

Crow soupira. Raven s'éclipsa en direction de la cuisine, se décidant à nourrir Atropos, tandis que son invité gardait la petite fille qui tentait d'attraper ses courts cheveux pour tirer dessus. Elle s'arrêta bien vite, dès qu'elle se rendit compte qu'elle n'arriverait à rien. Il faut dire que la masse capillaire du corbeau n'égalait pas la longueur de celle de son paternel.

Quand ce dernier revint quelques minutes plus tard avec un biberon, il se rendit compte que Crow ne s'était pas décidé à bouger et qu'il tenait son rôle de baby-sitter étonnement au sérieux. Il reprit sa fille dans ses bras tout en lui demandant :

-Maintenant que tu m'as fait ta déclaration, tu peux t'en aller.

-Et si je n'en ai pas envie, rétorqua Celui-Qui-N'est-Plus avec un sourire narquois ?

-Dans ce cas je vais devoir te mettre à la porte.

-Allons mon coeur, susurra l'indésirable, tu as autre chose à faire que d'essayer de me foutre dehors, n'est-ce-pas ? Quel gâchis de temps et d'énergie cela serait...

-Arrête de m'emmerder et obéit avant que je m'énerve.

-Tes colères ne m'effraient pas.

La tension qui semblait monter dans l'exiguë couloir s'insinuait lentement dans l'esprit de l'affamée Atropos, qui, après avoir inspecté tour à tour le visage malicieux de Crow et celui, fermé, de son père, tendit les bras vers le corbeau d'un air paniqué, comme pour lui demander de partir avant que tout ne dégénère.

Et le fait que ledit corbeau fut projeté à l'extérieur de la maison fut une source de surprise pour tout le monde, en particulier pour le Père qui, après avoir fermé la porte de la maison et s'être installé dans le canapé pour donner le biberon à Atropos, commença sérieusement à s'interroger sur les capacités dont l'Avenir devait être doté...

Ombres (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant