Il faisait nuit. Comme d'habitude, la mère de Celle-qui-les-voit était partie travailler, laissant sa fille seule avec les vieux fantômes de la maison.
Elle ne dormait pas. Elle n'arriverait pas à dormir, elle le savait. Elle était beaucoup trop préoccupée pour cela, même si elle ne savait pourquoi. Elle n'avait pas attendu de se tourner et de se retourner dans son lit pour se lever et se balader dans la maison.
Dans la cuisine, Judith et Fiona se battaient à coups de couteaux de cuisine. Préférant ne pas prendre un coup perdu, elle renonça à son thé de minuit et alla dans le salon, se décidant à fouiller dans la bibliothèque qu'elle partageait avec sa mère afin de lire un peu. Damien était allongé tel une larve sur le canapé, fixant le plafond.
Son amie sourit. Et tout en fouinant dans la bibliothèque, elle lui demanda :
-Je te fais la lecture ?
-Pourquoi pas, fit la voix trainante du mort... Ça me donnera peut-être l'impression de dormir...
Celle-qui-les-voit lui tira la langue, le faisant sourire. Elle finit par se saisir de "Dagon", un recueil de nouvelles de H.P. Lovecraft. Elle et sa mère adorent cet auteur, ce qui était visible, entre autre, par le nombre de dessins de Cthulhu qui ornaient les marges des cahiers de la jeune fille, ou le nombre de peintures que la mère avaient créé inspiré des nombreuses nouvelles dudit auteur.
La jeune fille commença sa lecture, un spectre de sourire sur les lèvres. Damien s'était retourné pour finir sur le ventre, l'écoutant avec attention, malgré ce qu'il a pu dire précédemment. Arthur les rejoignit peu après, puis ce fut le tour de la petite Fiona. Seule Judith n'était pas intéressée par l'histoire.
Seulement, au bout de quelques minutes, elle finit par arriver, légèrement tendue :
-Luna, on a un problème.
Celle-qui-les-voit se retourna vers elle :
-Explique moi le problème.
-Y a un crétin accompagné de deux nénettes plus très fraiches en terme de temps passé sous terre qui rôde autour de la maison. Et elles ont pas l'air très amicales.
-Et qu'est-ce-que tu préconises, questionna Arthur ?
-De les dégager, abruti !
-Ça en sans doutes, nunuche, mais comment on s'y prend ?
-Vous êtes immatériels, vous ne pouvez pas essayer, fit Luna ?
-Hm...
-Moi je veux bien essayer, lança Fiona d'un ton guilleret !
-Alors oui, mais non, firent Damien et Judith en même temps, ce qui surprit tout le monde.
Le débat fut coupé par un bruit de verre brisé. Luna roula sur elle-même en chutant le plus silencieusement possible du canapé, le livre la suivant tandis que ses amis plus très vivants se cachèrent, l'un d'eux éteignant la petite lumière située à côté du canapé au passage. Le regard de la demoiselle se posa sur le jeune homme qui venait d'entrer, encadré par 2 jeunes filles qui semblaient avoir son âge. L'une de ces jeune fille, ayant les cheveux blonds coupés courts, embrassa la pièce du regard :
-Il y a des gens morts, finit-elle par dire.
Le jeune homme se tourna vers elle, visiblement surpris :
-Comment ça ?!
-Wendy a été claire pourtant, répliqua l'autre demoiselle, celle-ci possédant les cheveux plus longs et châtains. Il y a d'autre morts dans la pièce. Quatre, pour être précise, et- AAAAAAAAAAAAH !!!
La dénommée Wendy fit écho à l'autre morte. En effet, Arthur, Damien et Judith les projetèrent hors de la maison grâce à une certaine puissance télékinésique. Arthur cria afin de couvrir les voix des jeunes filles :
-ON S'OCCUPE D'ELLES !!! GÈRE LE VIVANT !!
Ledit vivant regarda partout autour de lui, se demandant où pouvait bien se trouver l'interlocuteur du mort. Luna décida de ne pas le faire attendre plus longtemps et de se lever. Avec ses cheveux hirsutes et complètement anarchistes, sa silhouette se détachant de l'obscurité de la pièce grâce à la lumière des lampadaires extérieures ainsi que son air de déterrée, elle devait être extrêmement flippante.
Marcus recula. Luna s'avança lentement vers lui tout en lui parlant, détachant bien les syllabes :
-Sort avant que je ne m'énerve.
-Q-qu'est-ce-que tu as fait à mes soeurs ?!?!
-Moi ? Rien. Mais mes amis leur font savoir qu'elles devraient dégager et toi avec. Ce avec quoi je suis d'accord.
Le jeune homme hurla de rage et sortit un couteau de taille moyenne pour la planter, visiblement la peur au ventre. Luna l'esquiva avec facilité. Elle avait toujours eu des réflexes accrus, d'autant plus que Marcus s'était pris les pieds dans le tapis et avait trébuché. Elle en avait profité pour s'asseoir à califourchon sur son dos et essayer de l'étrangler légèrement, afin de lui faire savoir que s'il continuait elle n'hésiterait pas à pousser l'étranglement jusqu'au bout.
Cependant, au bout de quelques secondes, elle sentit une force colossale l'arracher à sa prise. Projetée en arrière, elle tomba à peine un mètre à côté du jeune homme avant de rouler plusieurs fois au sol, sonnée et effrayée.
Qu'est-ce-que c'était que ça ?! Elle ne sentait plus aucune présence, même la petite Fiona était partie, alors qui avait pu l'empêcher d'aller au bout de sa démarche ?!
Elle se releva avec difficulté. Chancelante, elle vit que Marcus était lui aussi debout, et qu'il la dévisageait avec haine, les yeux brillants. Et brillants n'était pas une métaphore. Son oeil gris et son oeil noisette luisaient vraiment dans les légères ténèbres de la pièce, figeant la jeune fille sur place.
C'est à ce moment qu'elle compris qu'il y avait de fortes chances pour ne pas en sortir vivante. Ses jambes flageolèrent et elle chuta. Elle eut juste la force de se replier sur elle-même, attendant que son adversaire ne la tue.
Mais le coup ne vint pas. Au bout de quelques secondes, elle se décida à lever ses yeux verts au niveau du jeune homme. Ce dernier semblait complètement perdu, comme s'il ne la voyait plus, qu'elle était subitement devenue invisible. Il s'approcha de l'endroit où elle se trouvait. D'instinct, Luna se déplaça sur le côté, mais les yeux du jeune homme ne la suivait pas. Au bout de quelques minutes où elle respirait extrêmement doucement pour ne pas se faire repérer et qui lui semblaient être une interminable attente, Judith, Arthur et Damien revinrent. Dès que Marcus sentit leurs présences, il s'enfuit dans la pièce voisine.
Judith le suivit jusqu'à ce qu'il dégage pour de bon, tandis que ses deux acolytes appelaient Luna. Eux aussi ne semblaient pas la voir.
"Ironique, pour des fantômes, songea-t-elle"
Elle tenta de dire quelque chose, mais les mots moururent dans sa gorge. Elle en déduit qu'elle devait encore être sous le choc de ce qu'il venait de se passer.
Environ 5 minutes d'affolement plus tard, Arthur finit par la remarquer, prostrée dans un coin sombre de la pièce. Dès qu'elle fut à peu près camée, elle appela sa mère pour lui faire part de la situation. Cette dernière rentra en catastrophe de son travail et passa le reste de sa nuit à essayer de rassurer sa fille, bien qu'elle sembla légèrement songeuse...
VOUS LISEZ
Ombres (EN PAUSE)
ParanormalSi vous êtes sensibles, prière de ne pas lire. Je publierai de manière totalement décousue, donc il ne faut pas s'étonner si je suis capable d'oublier ce livre 6 mois avant de me remettre à écrire dedans tous les jours. J'en serais capable.