Eternally Mine (Terminée)

Troisième tome - Treizième chapitre

Encore une fois, une fois de trop, j'ai l'occasion de voir la souffrance dans les yeux de Harry Potter. Une souffrance qui est presque coutumière, comme peinte sur son visage, comme une seconde peau. Harry Potter est-il né pour n'être qu'entouré de la mort ? Tellement, tellement de morts  présentes dans la vie de ce garçon qui vient tout juste d'être majeur. Tellement... La scène qui se déroule sous nos yeux est un sinistre  aperçu de ce que nous avons vu au ministère, au cours de notre cinquième année. Je me souviens de son cri déchirant, semblable à ses pleurs qui brisent le vent autour de nous. Je me souviens de l'expression de son visage, de ses traits torturés. Je crois qu'aucun sort de magie noire ne serait suffisamment puissant pour égaliser cette peine qu'il a ressentie. Et aujourd'hui encore, Harry Potter a perdu quelqu'un. Une fois de trop.

Dobby est mort en nous aidant. En nous sauvant. Dobby a donné ce qu'il avait de plus cher pour nous sortir de ce manoir, sa liberté. Cette liberté tant souhaitée, cette liberté qu'il n'osait plus espérer. Cette liberté acquise grâce à Harry. Et reprise, pour Harry. Je sais que c'est ainsi qu'il voit les choses. Je sais que dans son esprit, il se répète sans cesse que Dobby est mort à cause de lui. Que tout est de sa faute. Mais moi, la seule chose que je vois, c'est mon meilleur ami entrain de pleurer sur le corps inerte de Dobby. L'elfe libre qui n'en revenait pas d'avoir Harry Potter pour meilleur ami.

Le vent me fait chanceler un court instant. Je retrouve rapidement mon équilibre, mais en quelques secondes, Ron est près de moi pour me soutenir. Je vois alors ses sourcils froncés, son air inquiet, et je comprends alors que ce n'est pas pour Harry qu'il se fait du souci, mais  pour moi. Je me demande un instant pourquoi, et à mesure que je me souviens, la douleur revient et mon bras ne tarde pas à me brûler. Douloureusement, mais d'une douleur si infime contrairement à celle que ressent Harry. Je replie mon bras ensanglanté contre mon torse alors que les sanglots de Harry résonnent dans mon esprit.

Depuis combien de temps avons-nous transplané ? Comment Dobby est-il mort ? Je  n'en sais même rien. Où sommes-nous ? Je relève la tête, non pas pour regarder autour de moi, mais pour m'approcher de Dobby. Ron me soutient toujours en me tenant par la taille, et l'espace d'un instant, je me demande si je suis blessée au point d'avoir besoin d'être soutenue. Il me semble que non, mais la présence de Ron derrière moi est rassurante.  Je m'arrête à une distance respectueuse du corps de Dobby alors que les pleurs de Harry commencent à diminuer. Près d'eux, je distingue un poignard, et en plissant les yeux, je reconnais ce poignard comme étant celui de Bellatrix Lestrange. Brusquement, mes jambes ne soutiennent plus le poids de mon corps et je serais tombée si Ron n'avait pas été là pour me rattraper.

- Hermione ! Laisse-moi te conduire à l'intérieur...

La voix de Ron est presque suppliante. Je n'ai aucune idée de quel intérieur est-ce qu'il parle. L'air marin qui m'entoure ne m'interpelle même pas. Je ne vois qu'une chose. Une seule chose. Une chose terrible.

- C'est Bellatrix qui a tué Dobby..., je murmure en m'agenouillant sur le sable.
- Je sais, répond Ron. Hermione, tu as besoin de soins...

Je ne réponds pas au rouquin, malgré l'inquiétude que je décèle dans sa voix. C'est Bellatrix Lestrange qui a tué Dobby. Cette même personne qui a arraché son parrain à Harry. Cette femme qui ne jure que par la  violence, le sang versé, la vie retirée. Cette femme qui a brisé la vie de Harry, celle de Neville, et celle de tellement d'autres personnes... En retenant mon souffle, je vois Harry retirer son blouson et l'étaler sur Dobby comme une couverture. J'entends ensuite du bruit autour de nous, et en tournant le visage, je crois commencer à halluciner en voyant Bill et Fleur approcher de nous.

- Tu les vois, toi aussi ? je demande à Ron pour dissiper mes doutes, ou confirmer ma folie.
- Nous sommes à la chaumière aux coquillages, chez Bill et Fleur.