Eternally Mine (Terminée)

Trentième chapitre.

Je m'étais attendu à pire. Plus de cris. Plus d'incompréhension. Plus de colère. Plus de déception. Je m'étais préparé au pire, et je ne sais pas ce qui est le mieux au final. Les cris, ou son air résigné en comprenant que nous ne changerions pas d'avis, quoi qu'elle dise. Je sais que dans le fond, elle n'a pas tord. Nous aurions très bien pu attendre la fin de l'année. Mais nous ne pouvons pas nous résoudre à quitter Poudlard sans laisser une dernière trace de notre passage. Je sais aussi qu'elle m'en veut, j'ai vu la déception voler la place de la colère sur son visage. Mais il me reste une vingtaine de jour pour lui faire comprendre que notre départ ne signe pas la fin de tout le reste.

Je n'arrive pas à croire que j'en suis arrivé là. Que moi, Fred Weasley, je m'inquiète de décevoir ou non une fille. Que je sois tombé amoureux d'Hermione Granger. Pendant des années, elle n'a été que l'amie de mon frère. Cette fille qui venait de temps en temps à la maison pour la fin des vacances et qui emmenait toujours plus de livres que de vêtements. Cette fille qui était toujours prête à donner un coup de main à maman pour préparer le repas. Cette fille qui nous avait offert, à George et moi, une partie du règlement de l'école pour l'un des précédents noël. Cette fille qui, l'année dernière, était persuadée que notre potion de vieillissement ne marcherait pas. Cette fille qui n'a jamais toléré notre tendance à enfreindre le règlement. Cette fille si assidue, si consciencieuse, si différente de moi. Et maintenant je suis là, à faire de mon mieux pour ne pas trop la blesser. Elle m'a vraiment retourné le cerveau.

Je ne pensais pas réagir aussi calmement. Après réflexion, je me dis que j'aurai dû m'énerver bien plus. Lui montrer avec bien plus de vigueur à quel point je suis déçue. Lui faire savoir que sa décision me parait incompréhensible, inconcevable. J'aurai du m'énerver. Partir en claquant la porte. Faire ma tête de mule pendant des jours. Tout simplement lui montrer que je ne suis pas d'accord. Mais après l'étonnement, la surprise, le seul sentiment qui s'est emparé de moi est la tristesse. Même pas la déception, non. Mais la tristesse. Car je sais que son départ va être porteur de nombreux changements. Car je ne sais pas ce qu'il va advenir de nous. Car il sera dans son magasin, et moi ici, entre les murs de Poudlard pour encore deux ans. Deux longues années. Je n'aurai jamais pensé trouver le temps long à Poudlard. Ce château qui est rapidement devenu ma deuxième maison. Cette école, qui m'a mit sur le chemin d'Harry et de Ron. Ce lieu, qui m'a fait comprendre qui je suis vraiment. Poudlard m'a apporté tout ce que j'aurai pu espérer. Mais une fois les vacances d'été terminées, Poudlard sera l'endroit qui me tiendra éloignée de Fred. Et je ne veux pas voir cette école comme une cage dorée. Je ne veux pas dénaturer cette image parfaite que je me fais de cet endroit. Alors finalement oui, j'en veux à Fred de me faire voir Poudlard ainsi.

« Te faire confiance, c'est ma décision. Me prouver que j'ai raison, c'est ton choix. »

Avant que nous ne quittions la salle sur demande pour rejoindre la salle commune, Fred m'a prévenu que je ne devais parler de cette décision à personne. Que j'étais la seule au courant, et qu'il fallait que ça reste ainsi jusqu'au fameux jour du départ. J'ai essayé de savoir quand était prévu ce jour, mais je n'ai obtenu aucune réponse en retour. Je lui en ai d'autant plus voulu. J'ai vu sur son visage qu'il était contrarié. J'ai compris que ça ne devait pas être simple pour lui également, mais sur le moment, j'ai jugé qu'il n'était pas celui à plaindre. Alors pour lui montrer que malgré mon absence de colère, de cris, et j'en passe, j'étais déçue de son choix, je suis partie en lui glissant seulement un « Je ne le dirais pas. ». Il n'a pas essayé de me suivre et je l'en ai remercié silencieusement. J'avais eu mon quota pour la soirée, et je préférais rester seule plutôt que de voir son visage qui allait si rapidement me manquer. J'ai ensuite marché jusqu'à la salle commune de Gryffondor, et l'esprit ailleurs, je n'ai pas vu le fantôme qui se trouvait devant moi.