Eternally Mine (Terminée)

Troisième tome - Quinzième chapitre

Il m'est déjà arrivé de penser à mon mariage. Oh, seulement une ou deux fois au cours de ma vie, le mariage n'étant pas la plus grande de mes préoccupations. Mais le résultat était toujours le même. Je n'ai jamais su dire si je souhaitais me marier avec un sorcier ou bien un moldu. Cela m'était sûrement égal.

S'il s'agissait d'un sorcier, je l'imaginais avoir une place importante au sein du ministère. Nous nous serions rencontrés là-bas, puisque j'y travaillerais également. Il porterait des costumes taillés spécialement  pour lui, ses chaussures seraient lustrées et brillantes. Il serait grand, beau, probablement brun aux yeux marrons, et intelligent. Nos conversations seraient sans cesse animées par des débats, politiques, scientifiques, ou sociologiques. Il ne me ferait pas souvent rire, mais  il m'apporterait une certaine sûreté. Notre mariage serait minutieux, travaillé, délicat. Nous serions entourés de tout ce beau monde. Avec ou sans Harry et Ron. Je n'ai aucune idée de ce que serait devenue ma vie d'adolescente. Je vivrais une vie calme et tranquille, avec peut-être un enfant. C'est toujours ainsi que j'ai imaginé ma vie au côté d'un sorcier.

Ma vie en compagnie d'un moldu ne serait pas vraiment différente. Je le voyais être avocat, ou bien professeur universitaire. Je me serais éloignée de mon statut de sorcière pour me rapprocher de la normalité d'une vie moldu. J'aurais mon permis de conduire, un emploi ou l'usage de baguette magique n'est pas nécessaire, et je vivrais dans une jolie  petite maison de banlieue, avec mon mari, et un chien, je présume. J'aurais laissé derrière moi beaucoup de choses, énormément de choses, mais ma vie serait paisible.

Je n'avais pas idée comme je me trompais. Je me voilais la face sur ce que je voulais vraiment. En fait, je pense que je n'ai jamais réellement su ce que je souhaitais. J'étais à mille lieux d'imaginer ma vie actuelle, d'imaginer ce moment. J'étais à des décennies de tout ça. Je n'aspirais qu'à une vie tranquille, entourée de personnes intelligentes, loin de tout danger. Que s'est-il passé pour que tout bascule ainsi ? Qui a modifié le cours de choses ? Quel a été l'élément perturbateur qui a tout déclenché ?

Toi.
Forcément, toi.
Inévitablement, toi.
Irrémédiablement, toi.

Tu as saccagé tous mes programmes. Tu as rayé tous mes projets. Tu as créé un bordel monstre dans ma tête. Tu as volé toutes mes certitudes, comme ça, d'un coup, sans prévenir. Et tu es fier de toi. Oh oui, tu es si fier de toi d'avoir réussi à faire irruption ainsi dans ma vie. Tu as eu besoin d'un rien pour parvenir à tes fins. Un sourire amusé. Un regard parfois malicieux, parfois perturbant. Des silences qui valaient plus que tous les mots. Et ton rire, plus somptueux que toutes les mélodies.

Mais tu sais ce qui a réellement changé ? L'amour. Cet amour que tu m'as fait découvrir. Oh, Seigneur, comme nous sommes loin de l'amour que je  m'imaginais vivre avec cet avocat, ou cet homme travaillant au ministère. Et le plus fou, c'est la puissance avec lequel cet amour m'a frappé, du jour au lendemain. D'un seul coup, sans crier gare, les  regards que je posais sur toi n'étaient plus les mêmes. Les attentes que j'avais étaient différentes. Les jours où tu ne m'accordais presque aucune attention étaient les pires. Ceux où tu venais près de moi pour me faire rire étaient les plus beaux. Les plus dangereux, aussi. Tu avais le contrôle de toutes mes humeurs. Quel sentiment désagréable.

Tu l'aurais cru, toi ? Tu l'imaginais, toi et moi ? Tu nous imaginais ? C'est tellement insensé.

***

Ton sourire. C'est ton sourire qui m'empêche de paniquer alors que je me tiens là, devant toi, mes mains dans les tiennes. C'est ton regard, fier, étonné, amoureux, qui m'empêche de penser que je suis entrain de commettre une terrible erreur. C'est mon cœur, qui bat si fort, qui m'encourage à aller jusqu'au bout. C'est tout l'amour que je te porte qui m'interdit de fuir à nouveau.