Troisième tome - Dixième chapitre

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– Quitte-la.

Les mots de George restèrent suspendus un moment dans le vide, à la recherche d'une oreille attentive. En vain. Personne n'écoutait George, ou bien personne ne voulait l'écouter, c'était à voir. Le rouquin soupira en se passant une main dans les cheveux et se laissa tomber lourdement sur le fauteuil placé non loin de lui. Quand il releva les yeux, la seule réponse qui l'effleura fut le silence.

– Je suis sérieux.

George essaya, dans une dernière tentative, d'obtenir un tant soit peu d'attention. En vain, encore une fois. Il s'empara alors du coussin abîmé coincé derrière son dos et le lança avec force sur la tête de son interlocuteur peu loquace. Ce fut au tour de Fred de soupirer et c'est, sans enthousiasme, qu'il leva les yeux pour regarder son frère.

– Quoi ?
– Je te parle !
– Sans blague, tu fais que ça. Comment j'aurais pu ne pas le remarquer ?

George serra les dents en regrettant de ne plus avoir de coussin sous la main pour le lui lancer une seconde fois dessus. Fred avait bien besoin d'être secoué, mais personne ne semblait y parvenir. George avait alors décidé de prendre le taureau par les cornes et de l'affronter. Discrètement, alors que Fred se relevait sûrement pour quitter la pièce, George sortit sa baguette de la poche de son pantalon et, à l'aide de son arme de prédilection, il envoya un jet d'eau sur la tête de son frère. Le concerné poussa une sorte de grognement animal, et si, en temps normal, George serait écroulé de rire au sol, ce n'était pas le cas aujourd'hui.

– Mais c'est quoi ton problème ?! lança Fred, après avoir regardé ses vêtements trempés.
– Oh, je ne sais pas, peut-être toi !

Fred voulut riposter, mais il reçut de nouveau un jet d'eau en plein visage. Il se protégea du mieux que ses mains le lui permettaient, tout en maudissant son frère. Lorsqu'il dégagea ses mains, Fred lança un regard assassin à George alors que de l'eau gouttait de ses cheveux.

– Merde, tu fais chier !
– Quitte-la !
– Je sais ce que je fais !
– Ah ouais ? Non parce que moi je n'en suis pas sûr, tu vois ! Tu es...

Fred n'eut pas l'occasion d'entendre la fin de la phrase de son frère puisqu'il venait de claquer la porte de leur appartement en sortant. Il descendit les marches deux par deux en sentant l'eau couler le long de son dos et une fois dehors, il se mit à marcher d'un pas pressé sans réellement savoir où il se rendait. Rapidement, il regretta d'avoir laissé son frère en planton de la sorte et d'être parti sans rien dire, mais pour une fois, sa colère était plus forte que ses regrets. Et des regrets, il en avait. Oh oui, il en avait tellement. Tellement qu'il n'était même plus en mesure de les compter. Fred n'était certain que d'une seule chose. Ses regrets se résumaient en un mot, en un prénom. Hermione.

Le peu de personnes qu'il croisa sur le chemin de traverse était inquiétant, mais Fred ne s'en préoccupa pas. Il passa devant la librairie d'un pas rageur et s'arrêta quelques mètres plus loin avant de faire demi-tour pour retourner devant la vitrine. Sa vitrine préférée. Aucune lumière n'était allumée. Les rideaux étaient tirés. La porte, fermée à clé. Tout le monde foutait le camp. Doucement, au fil des jours, il ne restait plus personne. Et qui aurait eu l'idée stupide d'aller lire un livre, alors que le monde sorcier est en état d'alerte et d'urgence maximale ? Qui, en dehors d'Hermione, aurait eu besoin de trouver du réconfort au cœur des pages d'un livre ? Personne. Pas même Hermione. Elle devait avoir abandonné, elle aussi.

***

Tu te trompais. Oh, tu n'as pas idée comme tu te trompais. Je trouve encore du réconfort au cœur des pages d'un livre. Ce livre, emprunté à la librairie avant notre départ, avec Seth. Ce livre, qui semble avoir été écrit pour toi, pour moi. Pour nous. Ce livre, dans lequel je me plonge à chacun de mes tours de garde. Ce livre qui remplace « Les contes de Beedle le Barde » que je connais maintenant par cœur. Ce livre, qui me rappelle que tu n'es plus là. Qui me rappelle que je t'ai perdu, deux fois. Seulement deux fois, alors que j'ai l'impression de t'avoir perdu une centaine de fois. Je me suis égarée, lorsque je me suis éloignée de toi. Et je ne me suis jamais retrouvée.

Eternally Mine (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant