Troisième tome - Vingt-deuxième chapitre

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Phrases en italique : George.
Normal : Hermione.

*****

J'étouffe.
Je suffoque.
Je ne sais pas trop.
Est-ce mon esprit qui déraille ou bien la pièce est devenue plus petite ?
Plus étouffante.

Je déteste cet endroit.
Je ne veux plus voir tous ces gens.
Il y a trop de bruit. Trop de paroles. Trop de sourires.
Personne ne devrait sourire.
Personne ne devrait être là.

J'ai l'impression d'être une étrangère.
De ne plus connaître personne.
D'être seule dans un pays que je ne connais pas.
Un pays que je n'ai jamais voulu découvrir.

C'est comme si j'avais perdu ma place.
Quoi que non, ce n'est pas « comme si ».
J'ai réellement perdu ma place.
Pourquoi suis-je obligé de rester dans une pièce où tu n'es pas ?

Les visages sont amicaux.
Les conversations se veulent légères. Insignifiantes.
Aussi futiles que nos vies.
Qu'attendent ils de moi ?

Qu'espèrent-ils avec ses repas ?
Un sourire ? Des progrès ? Des approches ?
Pour qu'ils puissent tous dire que je suis sur la voie de la guérison ?
Mais quelle guérison ? Sont-ils tous assez stupide pour penser que je vais pouvoir guérir un jour ?

J'ai remarqué que nous étions beaucoup observés.
George et moi.
Égoïstement, j'espère que ça l'agace autant que moi.
Ginny m'a dit que ça pourrait peut-être nous rapprocher.
Par « ça », j'entends toi. Toi qui n'est plus là.
Et elle a l'audace de croire que ta mort pourrait nous rapprocher ?

Le soupir d'Hermione résonne en écho avec le mien.
Elle est lassée de tout ça ?
Très bien, on est deux. Soit lassée.
Il n'y a pas de raison que j'encaisse tout seul.
Maman est autant sur mon dos que sur le sien, et je dois dire que c'est un soulagement.

Un plat de pommes de terre passe sous mon nez.
Dois-je en prendre ? En manger ?
Je l'examine avant de le donner à Harry. Il fronce les sourcils mais ne dit rien.
Molly, moins subtile, me réprimande.
« Il faut que tu manges Hermione. »

Elle prend les haricots verts. En met une poignée dans son assiette.
Le plat de pomme de terre arrive jusqu'à moi.
Maman me le prend directement des mains et m'en met une plâtrée dans mon assiette.
Sérieusement ?

Les conversations reprennent.
J'aperçois la main de Harry qui tient brièvement celle de Ginny sur sa jambe.
Molly qui passe une main sur le dos de Arthur avant de s'asseoir.
Le monde qui continu à tourner.

Elle se lève soudainement.
Tous les regards sont tournés vers elle alors qu'elle quitte la cuisine pour aller dehors.
Je vois Harry et Ron se lever pour la suivre.
Je leur dis de rester là et avance dans les pas d'Hermione.

J'entends qu'une personne me suit. Sûrement Harry ou Ron. Ou peut-être les deux. J'avance dans la cour et m'arrête un peu plus loin. Je n'en pouvais plus. J'étouffais. J'avais un besoin d'air irrépressible. Un besoin d'air, ou ce besoin de toi qui ne me quitte jamais ? Les pas se rapprochent, je m'attends à voir mes deux meilleurs amis à tout moment à mes côtés. Mais rien ne vient. Personne n'apparaît à mes côtés, tandis que les pas se sont arrêtés.

- Tu n'as pas le droit de faire ça.

Je reconnais alors la voix de George et je lui en veux de m'avoir suivie. Je fais tout pour le voir le moins possible. Tout. Et il me suit alors que je demandais seulement un peu d'air ? C'est lui qui n'avait pas le droit de faire ça... Je reste muette et ça l'agace. Il n'avance cependant pas.

- Tu m'entends ? Tu n'as pas le droit de faire ça !

Je me retourne alors et lui fait face. Je suis soulagée de voir qu'il a eut l'intelligence de s'arrêter à une certaine distance de moi. Le visage de George Weasley est devenu mon enfer personnel.

- De quoi, George ? Qu'est-ce que je n'ai pas le droit de faire ?
- Ça ! s'exclame t'il en levant les bras. Tu n'as pas le droit de faire celle qui souffre le plus de sa mort !
- Je ne savais pas que c'était une compétition.

Je lui réponds avec sarcasme. Je sais que je suis hypocrite. Mille fois j'ai pensé que ma peine devait être supérieure à celle de George. Nous sommes tous les deux égoïstes car nous ne savons pas comment gérer ce vide que tu as laissé. Ce vide qui nous englouti tous les deux.

- Tu l'as quitté, Hermione. Tu l'as quitté comme une sombre merde et tu te permets de vouloir jouer celle qui est la plus malheureuse ?!
- Parce que tu crois que je joue, là ?

Mon cœur se serre un peu plus à chaque parole que George prononce. Le voir dans cet état, le voir si énervé me rappel le moment où tu m'as fait transplaner avec toi jusqu'à ton appartement avant le mariage. « Pardonne moi. Pardonne mon ignorance. Pardonne mes erreurs. » Ce moment où des mots avaient suffit pour résoudre une part des choses entre nous. Mais maintenant les mots n'ont plus aucun pouvoir pour te ramener à moi. C'est comme si chaque souvenir de toi piétinait mon cœur un peu plus. Tout le temps, je sens cette pression. Il y a toujours quelque chose pour me rappeler que je ne t'ai plus.

- J'en sais rien. Je m'en fou. Je veux juste que ça s'arrête.

Sa voix se brise en même temps que les faibles défenses que j'ai bâti autour de moi. Il a l'air tellement vulnérable. Si seul. George Weasley n'est même plus le quart de ce qu'il a été autrefois.

- Ma présence te dérange ?

Je pose cette question en connaissant parfaitement la réponse. Bien sûr que ma présence le dérange, tout comme la sienne me dérange. Nous ne gérons absolument pas. George semble hésiter, réfléchir. Il ne sait pas quelle réponse est la bonne. Et je me rends compte que je n'ai jamais tenu une discussion aussi longue depuis ta disparition.

- Oui, dit-il finalement.

Une réponse simple. J'encaisse dignement même si ce n'est pas une grande surprise. Il semble que nous soyons néfastes l'un pour l'autre, pour une raison qui m'est inconnue.

- Très bien. Je peux m'en aller. Nous ne sommes pas obligés de nous infliger cette peine supplémentaire.
- Je ne te demande pas...
- C'est le mieux pour nous deux, je l'interrompt.

Je jette un coup d'œil à la maison où se trouvent Harry et Ron. Mes deux seuls piliers depuis tellement d'années. Je ne sais pas si cette décision est la bonne, mais sur le moment, elle me parait idéale. J'ai besoin de m'éloigner de tout ça. J'ai besoin d'être loin de ta famille. Loin de tous ces souvenirs qui sont entrain de m'ensevelir. J'ai besoin d'un air nouveau.

- Tu diras à Harry et Ron que je vais bien.

George me regarde en fronçant les sourcils. J'examine une dernière fois son visage, même si ce n'est pas le sien que je vois, mais le tien. Un visage fermé, crispé par la douleur. Ce même visage que j'ai vu dans ton appartement. Ce même visage que j'ai pu embrasser après tant de mois. Des mois si longs. Ce même visage que je ne pourrais plus jamais embrasser. Que je ne verrais plus sourire. J'ai l'impression de tomber dans une chute sans fin et George Weasley m'y précipite davantage. Alors je ferme les yeux pour ne plus voir son visage. Pour ne plus voir ton visage dans le sien. Je ferme les yeux. Et je transplane.

***
Peut-être le dernier chapitre.
Peut-être pas.

Eternally Mine (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant