"Elle est au bord du gouffre, prisonnière d'une souffrance intolérable qu'elle ne soupçonnait même pas."
Je me suis réveillée, le cœur affolé, après avoir rêvé de toi. Le réveil m'indique qu'il est deux heures du matin. Cette journée de torture va-t-elle finir par prendre fin ? Je sais que non, mais j'ose l'espérer. Le rêve de toi n'est pas venu seul, il a sournoisement glissé une idée dans mon esprit. Une idée à laquelle je ne peux m'empêcher de penser. Une idée qui m'effraie autant quelle me plaît. Je ferme les yeux en passant les mains sur mon visage en essayant de l'oublier. De la mettre de côté. De te mettre de côté. Quand vas-tu me laisser ? Combien de temps encore vas-tu rester ? J'ai besoin de respirer est tant que tu seras là, j'en serais incapable. Ne t'en rends-tu pas compte ? Ne comprends-tu pas ? Tu me fais vivre autant que tu me détruits. Mais tu es là, et cette idée nouvelle ne veut pas quitter mon esprit. Je tourne le visage sur la gauche et je devine la forme du corps de Ginny, allongée, profondément endormie. Pourquoi ne puis-je pas dormir, moi aussi ? Encore combien de temps vas-tu m'en empêcher ?
C'est la première nuit à Poudlard. La première nuit depuis ce jour. La première nuit depuis ton départ. Et pourtant, tant de nuits me séparent déjà de toi. Elles sont si nombreuses que je ne les comptent plus. Tant de nuits, tant de lunes, passées sans toi. J'ai décidé de revenir. D'aller jusqu'au bout. De passer mon examen final. De ne pas avoir fait toutes ces années d'études pour rien. Mais maintenant que je suis là, je ne comprends plus mon choix. A quoi bon revenir ? A quoi bon m'infliger de nouvelles tortures ? Qu'aurais-je en retour ? Un diplôme ? Une qualification ? Je n'en retiens rien, si ce n'est qu'en sortant d'ici, je serais encore plus cabossée, éreintée, épuisée de toi, qu'à mon arrivée. C'est fatiguant, de vivre sans toi. De survivre sans toi. Et cette idée qui ne veut pas sortir de mon esprit me fatigue davantage.
Je tourne de nouveau les yeux en direction de Ginny qui dort toujours paisiblement. Cette année, nous avons le droit de partager notre dortoir même si nous ne sommes pas de la même année. Les règles ont été assouplies. Les cours aussi, m'ont semblé différents. Il n'y avait pas de chahutage, peu de bavardages, et les professeurs n'interrogeaient que ceux qui se portaient volontaires. Essayent-ils de nous ménager ? A la grande surprise de ma classe, des professeurs que j'ai eu aujourd'hui, et de moi-même, je ne faisais pas parti de ceux qui se portaient volontaires. Je me suis contentée de prendre le plus de notes possible, tout en essayant de te fermer mon esprit. Pour que tu n'y entres pas. Pour que tu me laisses tranquille. Je sentais le regard des professeurs sur moi, notamment Flitwick et Slughorn, et j'avais l'impression d'être oppressée, enfermée dans un étau. Étau que tu t'appliques à serrer de plus en plus fort. Il y a toutefois eu un cours où je ne me suis pas sentie comme dans une prison dorée. Contre toute attente, il s'agit du cours de défense contre les forces du mal. Ce seul intitulé me donne la nausée. Ce sont ces forces du mal qui t'ont arraché à moi. Et pourtant, même si tu étais de nouveau dans mon esprit, j'ai tenu bon. J'ai tenu bon car nous avons un nouveau professeur. Le professeur Earnshaw. Il ne me connaît pas et n'attend pas de moi les bonnes réponses. Il ne me regarde pas d'un regard qui se veut compatissant. Il ne t'a pas connu non plus. Il ne fait pas le rapprochement entre toi et moi. Il n'est pas un souvenir du passé. Il ne sait pas.
Il ne sait pas comme je t'aime et comme tu me manques. Il ne sait pas que je m'accroche désespérément à un fantôme. Tu es devenu le fantôme qui hante ma vie. Ma vie et celle de George. Et celles de tant d'autres. Mais depuis ton départ, j'ai l'impression d'être égoïste et de ne penser qu'à moi. À ma peine et à ma douleur. Je me renferme sur moi-même, tout comme George le fait également. Nous nous éloignons de ceux qui nous aiment pour nous rapprocher un peu plus près de toi. Mais tu es si loin. Inatteignable. Injoignable. Et tu es loin, et je suis là, avec cette idée qui me taraude l'esprit. J'ai beau lutter, me dire que je ne devrais pas, je fini par me lever, baguette en main, et à sortir de cette chambre en faisant en sorte de ne pas réveiller Ginny. La salle commune, les couloirs, sont vides, vides de toi. Tu me manques à chaque endroit. Chaque recoin du château me rappelle que tu n'es plus là. Toutes ces pièces, où ton rire ne résonne plus. Tout mon être est affamé de toi. Dieu sait à quel point je t'aime, Fred Weasley, mais je donnerais tout ce que je possède pour ne plus ressentir ce manque infini. Pour ne plus faire face à cette douleur destructrice. Pour de nouveau respirer normalement. Vivre normalement.
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Eternally Mine (Terminée)
FanficIl arrive parfois qu'une mauvaise plaisanterie vire au drame. Il arrive également qu'une plaisanterie rencontre un franc succès. Il arrive aussi qu'une plaisanterie se retourne contre son auteur. Mais qu'arrive t-il quand une plaisanterie n'est plu...