Eternally Mine (Terminée)

Troisième tome - Vingtième chapitre

Point de vue : George.

Aujourd'hui est le jour de ton enterrement. Tu entends ce que je te dis ? Le jour de ton enterrement. Je n'ai pas l'impression que tu comprennes ce que je te dis. Le jour de ton enterrement. Ton enterrement. Et le pire dans tout ça, c'est que ce n'est même pas une mauvaise plaisanterie. C'est la vérité. Ton enterrement. Aujourd'hui. Ton enterrement.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ton esprit. Non mais franchement. À quel moment tu t'es dit que tu avais le droit de partir quelque part avant moi ? Pire. À quel moment tu t'es dit que tu avais le droit de t'en aller aussi loin sans moi ? Pour tellement, tellement de temps. T'as été le pire des égoïstes. C'est comme ça que ça marche ? On fait tout à deux pendant presque vingt ans et du jour au lendemain l'un des deux a le droit de tout laisser tomber ? De tout abandonner ?

Je ne suis pas d'accord. Sérieux, Fred, je ne suis pas d'accord. Tu t'en es allé et moi je suis sensé faire quoi maintenant ? A quel moment tu t'es dit que j'allais pouvoir gérer tout seul ? Depuis quand penses-tu que je suis capable de m'en sortir sans toi ? Parce que c'est pas le cas. C'est carrément pas le cas. Tu m'as laissé tout seul comme un con. Et moi je ne sais pas ce qu'il faut faire lorsque l'on se retrouve seul comme un con. Parce que je ne me suis jamais retrouvé seul comme un con.

Comme je te le disais aujourd'hui est le jour de ton enterrement. Tu comptes faire une arrivée surprise en mode « hé les gars j'vous ai bien eu ! » ? Non parce que honnêtement ça serait cool. La blague serait pourrie à souhait mais ça serait quand même vachement cool. Parce qu'au moins je ne serais plus tout seul comme un con. Je serais le seul à rire à ta blague mais je rigolerais si fort que ça comblerait le silence gêné autour de nous.

Attendre ton arrivée surprise à cet enterrement c'est comme attendre que la lune rencontre le soleil. On a toujours été les plus proches, et pourtant aujourd'hui nous sommes aussi éloignés qu'eux. Tu ne crois pas qu'il y a quelque chose qui cloche ? Ça n'aurait jamais dû arriver. Toi et moi, d'accord, ça aurait pu arriver. Mais toi sans moi ? Non. Non y'a pas moyen. Je suis contre toute hypothèse de vie sans toi. Et d'ailleurs quelle vie pourrait-il y avoir, sans toi ?

Aujourd'hui est le jour de ton enterrement. Je dois me rendre à la chaumière aux coquillages. C'est là que ça se passera. C'est là-bas que je suis sensé te dire au revoir. Au revoir, la bonne blague. Comme si j'étais capable de te dire au revoir. Nous ne nous sommes jamais dit au revoir de toute notre existence. C'était toujours des « à tout à l'heure. » Jamais plus. Nous ne nous sommes jamais quittés plus de quelques instants. Et aujourd'hui il faudrait que je te dise au revoir définitivement ? Ils veulent ma peau...

J'ai l'impression que ma vie est sur pause depuis ce 2 mai. En fait non, ce n'est pas qu'une impression. La boutique est restée close. Notre appartement aussi, mais avec moi à l'intérieur. Maman passe au minimum deux fois par jour avec à chaque fois un panier rempli de nourriture à laquelle je ne touche pas. Papa passe un peu moins souvent mais l'expression de son visage me brise à chaque fois. J'ai envoyé chier Angelina au bout du deuxième jour où elle continuait à frapper à ma porte malgré mon absence de réponse. Ron est venu une fois, avec papa. Nous n'avons pratiquement pas parlé. Je ne sors plus. Je ne me lave que quand ça devient vraiment nécessaire ou quand maman insiste trop. Je ne souris plus.

Je sais que parmi toutes les personnes que je t'ai cité, il en manque une. Probablement celle dont tu voudrais le plus avoir des nouvelles. Mais je ne peux rien te dire sur elle car je ne sais absolument pas ce qu'elle devient. Maman m'a dit une fois qu'elle faisait comme moi. Ce n'est pas elle qui passe la voir plusieurs fois par jour mais Harry et Ron. Je n'ai pas demandé à en savoir plus. Je ne veux pas en savoir plus. Égoïstement, j'ai besoin de sentir que je suis celui qui souffre le plus de ta perte. Alors je préfère qu'elle vive son enfer de son côté, et moi du mien.