V

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Il y a comme les bruits d'un bain, derrière les murs, qui percent. L'eau remuée, les jouets contre les parois de la baignoire, qui font tanguer des sons étouffés.
Bastien est sur son lit, amaigri, et son esprit aussi, tangue.
Il a coincé sous sa langue, le strepsil que l'infirmière lui a donné.
Des effluves de citron pressent son nez lorsqu'il respire, et gratte les portes de son esprit. La lumière est éteinte, avec un masque sur le visage, qu'animent ses mains. À le frotter, à gommer la crasse que des baisers tendres, simples et mouillés, ont laissé. Il dégouline de sécheresse, et ses joues s'écaillent à supporter leur poids.

-Léa je ne t'aime plus, et la couleur de tes yeux m'est insupportable.

Il murmure la même phrase à s'essouffler pendant de longues minutes, à se traiter de minable, à n'en plus en saisir le sens.
Il veut rester sur le bord, corps en bascule, immaculé. Il veut danser comme un fou, prendre les mains d'Adil, arracher des pansements comme on lance des confettis.
Avec les yeux qui piquent et pas les cœurs.
Des regards épineux, neigeux, mais certainement pas douloureux. La saveur des lèvres de Léa n'est plus que douleur.
Et les regrets pèsent lourd.
Bastien s'enfouit dans ses draps humides, ses cheveux mouillés goûtent et laissent une trace, un vide.
À coup de sanglots muets, il respire les odeurs de sa nuit, au creux de ses draps blanc.

(déluge)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant