IX

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Odeur de cigarette et de neige, Léa relève les yeux sur l'inconnu aux cuisses maigres, qui porte des converses blanches et usées.
Il a une barbe roussie et soignée, que l'hiver a semblé vouloir tordre, une large écharpe qui mange son cou, le déguise de l'extérieur.
Une main contre sa tempe, le temps d'un trajet, et l'autre rougie par le froid. Son reflet dans la vitre disparaît subitement avec l'éclairage artificiel des stations de métro, qui défilent. Anvers, Pigalle, Blanche, c'est presque une routine du mercredi soir. Le métro aérien qui file dans la nuit tombante. Le fraîcheur des sièges vides, la trace des semelles sur le sol noir, et l'ampleur des dégâts. Les yeux qui ne retombent nulle part, ou furtivement se croisent, avant de s'éviter, en catastrophe.
Il ne faut pas non, s'observer à coeur ouvert. Les autres risqueraient de s'en apercevoir. Surtout, le crâne percé de façon indolore.
Oh, il vient de s'en aller.
Son siège creux c'est, presque comme s'il n'avait jamais été là.
Un fantôme de plus qui traverse la ville en brûlant.

(déluge)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant