Il pleut sur Paris et dans mon coeur. J'allume une lampe sans y croire vraiment, d'ailleurs, je tourne mon dos vers la lumière. Le carreau se fait battre là-dehors, et ce bruit me tue. C'est le seul qui me poursuit dans ma chambre. Il me trouve afin de mieux me déloger. L'épaule nue de Julie est frissonnante ; je n'ai jamais été doué pour les caresses, alors, j'attends.
On pourrait croire que l'ennui arpente mon être, et que mon corps se promène dans une sorte d'errance journalière. Mais non. Je ne fais que dévorer Julie du regard, sa bouche fine muée dans un sourire nain, sa main qui flotte sur le draps bleu pastel, son épaule parsemée de grains de beauté.
C'est une fille automate, une grande machine, comme ces déesses immortelles qui dépérissent car elles sont piégées dans un corps humain.
Elle s'évanouit en continu dans un sommeil profond pendant de longs mois. Le son de sa voix amorti par le bruit autour, et ses yeux ne restent jamais longtemps ouverts. Puis, soudain, elle lâche un long soupir d'extase qui m'ébahit. Je vois des jambes dépasser du lit et longer les murs, jusqu'à les dénouer. Son bras s'étend et donne au sol des vagues, ce mouvement sauvage et naturel.
C'est dans cette beauté totale qu'elle se retourne, et que les rivières d'eau gelée épousent son bassin. La mer est entrée par la fenêtre, c'est la pluie qui l'a amenée, et le volet claque avec une violence tendre, celle du vent qui mugit.
Julie paraît si céleste, à tomber dans le vide en catastrophe et à ne rien frôler. L'épuisement de son corps vient presque d'atteindre son coeur étroit, juste avant quelques seins qui lui bouchent la vue.
Quand enfin il jaillit des toits et s'échappe, je sens une petite main me serrer, je cligne les yeux dans le noir.-Adil...
Je me réveille en nage, Julie est enfiévrée. Et dans son délire, elle s'appelle l'inerte, la demi-morte.

VOUS LISEZ
(déluge)
Ficción GeneralIl rit. Il rit en face de Julie et elle rit avec lui. Il rit et tout est beau tout est gris.