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Was she depressed or something ?

Non non elle avait juste froid en permanence. Des mains que personne pouvait réchauffer en tout cas.
On l'appelait Julie, parce qu'elle s'appelait Juliette. Julie, des mains en marbre blanc, qui m'attend sur un banc.
Et moi qui n'arrive pas, malaise de voyageur, c'est le métro qui n'avance plus.
Alors je sors, je l'appelle, je lui parle en marchant.
"J'aurai du retard, mais tu m'attends hein, tu m'attends ?" "Sûrement..." me répond-t-elle et je sens qu'elle sourit.
Un sourire à la Julie, petit et indulgent, pendant qu'elle se sent loin de moi ;
et soudain je la vois, dix ans ont passé et elle n'a pas changé.
Même yeux clairs, mêmes lèvres amères.
Ses mains petites et froides, dans des gants peu épais. Ses cheveux légèrement emmêlés, je cours pour rattraper son bus.
Elle n'a pas changé et ça me rend triste.
C'est toujours la même fille sur son banc, dans la même ville depuis dix ans.
"Julie Julie que t'est-il arrivé ?"
"J'ai eu l'impression de flotter pendant des années Julie, toi aussi ?"
"Julie réveille-toi, pourquoi tu bouges pas ?"
"Julie c'est moi, tu m'reconnais ou pas ?"

"Mais oui Bastien, le gars qui se posait jamais.
Dis donc t'as pas changé."

(déluge)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant