J'ai dérapé sur le gravier de l'arrière-cour du lycée. Des tas de petits cailloux plantés sur mes mains, occupés à me saigner lentement.
Ma vie ikea, je dois la changer de tonalité pour ne pas devenir sourde.
Ça me choque de prendre la voiture, et de réaliser que les arbres sont orangés, je n'ai pas eu le temps de les voir changer, je n'ai pas vu le temps filer. On dirait que le soleil a tiré des traits. Les coups de crayon s'amassent pour former des images qui résonnent sur les parois brisées. Elles se calquent sur la pulpe de nos formes, pour recracher nos gestes abattus sous vide.
Dans Bastien il y a bestial, est-ce pour cela que la griffure paraît si tranchée ?Redoutable, j'ai ce mot coincé dans la mâchoire, je l'ai grignoté toute la journée.
Tête appuyée sur la vitre crade, une joue qui brûle sous les vapeurs étincelantes.
Une joue moite qu'on aurait envie de percer, une joue qui résonne lorsqu'elle vient d'être giflée.
Nude de radiohead et il m'arrive de flotter, le crâne en bas, et les bras écartés, tournoyant dans le vide, les yeux fermés qui se balancent. Le son me parvient du coeur et l'éclate, comme lorsque les nuages s'amassent dans le ciel sans se toucher, le puzzle au mille pièces défait.
Le soleil de dix-huit heure est le soleil de mes dix-huit ans.
Un soleil de crépuscule, point de lumière maligne, indécent, qui projette de vagues descentes d'ombres sur les grands champs.
Ce soleil s'étale, dévore tout, les arbres qui défilent, les barrières, le front de mon frère.
La lune est si fine qu'on ne la remarque même pas.
Sauf moi qui, à coup de marqueur sur mes doigts, dessine deux trois croissant.
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(déluge)
General FictionIl rit. Il rit en face de Julie et elle rit avec lui. Il rit et tout est beau tout est gris.