Ton esprit est ton pire cauchemar

Chapitre 12 | Invité importun

Tous s'étaient décidés à partir en fin d'après-midi. Jay devait préparer sa fête.

J'étais en train de continuer mes recherches sur la bête et les rêves prémonitoires quand je jetais un œil à mon réveil. J'allais être en retard.

J'enfilais une robe noire et me maquillais rapidement. Peu de temps après, je sortais de la maison, talons au pied, enfermant un repas refroidissant pour père. Je lui avais laissé un mot au cas où il rentrerait tard dans la nuit.

Dans la rue, les candélabres éclairaient les trottoirs d'une lumière douce. Je marchais vite, même si je n'étais pas vraiment pressée. Cela faisait longtemps que je n'étais pas allée à une fête. Pas depuis la mort de ma mère et de mon frère. Et ce n'était pourtant pas ce qui manquait dans mon lycée ; tout le monde organisait des fêtes.

Alors que je tournais dans une intersection, de la musique me parvenait. J'étais persuadée que la police ferait encore un tour chez la famille Myers. Jay avait l'art de mettre ses parents dans des situations plus qu'inconfortables. Je me demandais d'ailleurs comment ils l'autorisaient encore à organiser des fêtes. Ça m'aurait plutôt arrangé ; je n'étais pas non plus une adepte de ce genre d'amusement.

Dans Dibble West Avenue, des étudiants fumaient à l'écart du bourdonnement musical qui venait de l'intérieur. Ils écoutaient leur propre musique avec une enceinte, profitant ainsi de leur nuage de défonce pour se faire transporter dans d'autres délires, d'autres amusements qu'eux seuls pouvaient comprendre. Et encore.

Je m'étais arrêtée quelques minutes devant l'allée lumineuse. Des guirlandes pendaient dans les arbres ainsi qu'au perron. Je me demandais comment Jay avait pu avoir le temps de préparer tout ça.

L'hésitation me gagna. Est-ce que je devais faire un pas en direction de l'endroit où je pourrais certainement passer un bon moment avec amis ? Peut-être que j'avais peur de m'amuser, de faire la fête alors que le bête pourrait nous surprendre une nouvelle fois et tuer d'autres personnes. On savait pertinemment que c'était un haut risque, pourtant tout le monde était là, parce que Jay n'avait pas annulé la fête.

Et peut-être parce que je me sentais coupable vis-à-vis de Luke. Je restais plantée ici, me demandant si tout cela était juste.

Je fis alors demi-tour, sûrement parce que je pensais que c'était indigne de l'oublier, même le temps d'une soirée. Je remontais la rue quand un bras m'arrêta.

— Riley ?

— Benjamin ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Jay m'a invité, me rappela-t-il. Et toi, qu'est-ce que tu fais ?

— Je passais juste dans le coin.

J'avais un don pour la dissimulation de certaines choses, mais le mensonge n'en faisait apparemment pas partie.

— Quelle mauvaise menteuse.

Je riais nerveusement, ne trouvant rien à redire.

— Je n'ai pas non plus la tête à faire la fête, me confia-t-il.

— Qui aurait envie de s'amuser alors que n'importe qui pourrait se faire embrocher à n'importe quel moment ?

— Tu n'as pas tort... Mais je ne voudrais pas être malpoli envers tes amis.

Il me sourit avant de me dire :

— Tu m'accompagnes ? Je ne connais pas grand monde ici.

— D'accord.

Je le conduisais à l'entrée et ouvrais la porte. La musique n'était plus un bourdonnement, elle était assourdissante. A peine entrés, Isaac s'avança vers moi et m'embrassa, comme s'il m'avait attendue à l'entrée depuis tout ce temps.