Chapitre 21 | Déjà-vu

52 10 1
                                    

Il me fallut plusieurs secondes avant de parvenir à ouvrir les yeux. Les cendres de ma maison retombaient, aussi douces que de la neige. Au beau milieu des ruines, le visage à moitié enfoncé dans le sol, mon corps était immobile.

En regardant en face de moi, je discernais le sac d'armes à quelques mètres. Je tendais un bras, comme si j'allais l'atteindre, mais il était trop loin.

Après plusieurs tentatives, j'étais enfin parvenue à tenir en équilibre sur mes deux jambes.

Face au spectacle qui se donnait devant moi, les larmes coulèrent sans que je ne les retienne. Il ne restait plus rien de ma maison, absolument rien, excepté quelques pans de murs. Le reste n'était que des débris, des décombres qui ne témoignaient pas du passé qu'il y avait pu y avoir ici.

Je cherchais mon sac à dos, un peu étourdie. Une fois trouvé, je l'avais mis sur mes épaules en reniflant, et c'est à ce moment-là que j'avais daigné regarder au-delà de ma maison.

Le lotissement était désert, seule la poussière et des vestiges de logements subsistaient. Ce n'était rien comparé à ce qu'il y avait avant. Comment tout avait pu disparaitre ?

La bombe que j'avais lancé avait été suffisante pour détruire une partie de ma maison. Seulement, comment un quartier entier pouvait-il être aussi ravagé en si peu de temps ?

A cela s'ajoutait l'incompréhension : pourquoi cherchaient-ils tant à nous traquer ? Nous n'étions qu'une bande de gamins.

Qu'est-ce que tu ne vois pas ?

Je fermais les yeux. J'allais forcément me réveiller. C'était juste un cauchemar.

Un cauchemar devenu réalité.

J'avais rêvé de ça il y a quelques jours. Les cendres, les ruines. Max avait peut-être raison sur les prémonitions. Si c'était vrai, alors...

Tout était là, y compris la forêt. Aucune raison plausible et raisonnable ne pouvait expliquer un tel phénomène ; une étendue d'arbres à perte de vue.

Un mal de tête me stoppa dans mes réflexions. Celui-ci était plus intense que ceux que j'avais eu dernièrement. Néanmoins, je ne pouvais pas me permettre de perdre plus de temps. Je me forçais à mettre un pied devant l'autre, à la recherche de Jay et Anna.

J'avais crié leurs noms plusieurs fois avant d'entendre un gémissement parmi les blocs de bétons. Jay me lança un sourire quand il me vit. Non loin de lui, Anna était inerte. Je me précipitais pour m'assurer qu'elle était toujours en vie. Mes doigts finirent par sentir un pouls. Soulagée, je retournais auprès de Jay.

— Tu vas bien ?

— Je suis coincé, m'informa-t-il.

Je suivais son regard : ses jambes étaient bloquées par une énorme poutre. Il remarqua la désolation s'afficher sur mon visage et me dit :

— Riley, tu vas y arriver.

— Non, je n'aurais jamais assez de force pour soulever ça.

Je m'éloignais un peu afin de trouver quelque chose qui pourrait m'aider à faire office de levier. Là où j'avançais, les décombres s'entassaient et formaient une immense butte. Je trébuchais à plusieurs reprises, jusqu'à ce que ce ne soit pas de ma faute la dernière fois : une main avait agrippé ma cheville.

— Lâchez-moi ! criai-je en me débattant.

Je remuais le pied comme une folle. L'agent qui m'avait attaqué dans ma chambre me retenait d'une poigne ferme. Il me fixait de ses yeux névrosés, la bouche en sang.

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant