Ton esprit est ton pire cauchemar

Chapitre 32 | Survie

Peu à peu, je reprenais conscience. Je n'ouvrais pas les yeux immédiatement. Ma douleur à l'épaule ne m'avait pas quitté. Elle m'avait toutefois l'air moins intense qu'elle n'avait pu l'être. Peut-être était-ce parce que je commençais à m'y habituer.

Mes paupières se soulevèrent et la première chose que je vis fut Isaac. Pratiquement endormi, il me tenait la main. Je me raclais la gorge et il ouvrit aussitôt les yeux.

— Tu es réveillée, déclara-t-il en me lâchant la main.

— Oui.

Gêné, il se massa la nuque. Il mit un quelques secondes avant d'enchainer :

— Comment... comment tu te sens ?

— Bien.

— J'ai cru que tu n'allais pas te réveiller...

— Comme si tu n'avais pas espéré ma mort.

— Je t'en prie...

— Quoi ? Tu vas me dire que tu m'as pardonné ?

— Non, mais...

Je détournais le regard. Le temps était gris, mais lumineux.

— Tout n'est pas tout noir ou tout blanc, Riley ! s'exclama Isaac.

— Peut-être.

J'essayais de me lever, mais rien que de me redresser demandait un effort que j'avais du mal à fournir. Isaac m'aida alors à me mettre sur pied.

— Où sont Max et Anna ?

— On ne les a toujours pas trouvées.

— Tu n'as aucune idée d'où elles sont ?

— Non.

— Pourquoi tu ne les as pas cherchées ?

— Et puis quoi ? Je te laissais pour morte dans les bois ?

— Ne me dis pas que ça ne t'a pas traversé l'esprit.

— Je t'ai dit que ce n'est pas aussi simple que ça ! s'énerva-t-il.

— Et Ben ? Où est-il ?

Isaac ne répondit pas ; une autre voix s'éleva derrière moi.

— Je suis là. Content de voir que tu es réveillée.

Derrière lui se tenait Colin, silencieux. Il ne me regardait même pas.

— Toi... commençai-je. Toi, je vais te tuer !

Je marchais rapidement dans sa direction, mais Isaac m'empêcha de lui sauter dessus.

— Tu vas regretter de ne pas t'être pris une balle dans la tête là-bas !

— Riley, calme-toi ! m'ordonna Isaac.

— Tu ne mérites pas d'être ici, crachai-je à l'attention de Colin.

— Parce que tu crois que toi, tu le mérites ? me rétorqua-t-il.

Si Isaac avait relâché sa prise, il avait tout de même anticipé mon nouvel élan de colère.

— Lâche-moi ! Lâche-moi !

— Ça suffit ! s'interposa Ben. Riley, garde ton énergie pour plus tard.

Il fit quelques pas pour se placer à ma hauteur.

— Je sais ce qu'il t'a fait et je suis l'un des premiers à lui en vouloir. Ne t'abaisse pas à son niveau. Tu vaux mieux que lui.

Je respirais fort, tentant en vain de me calmer.

— Tu peux me lâcher, je vais pas l'étriper, lançai-je à Isaac. Pour l'instant.