Chapitre 28 | Souffrance

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Je n'avais pratiquement pas dormi de la nuit. Le visage de Jay me hantait sans cesse ; son corps gisant à quelques mètres de moi n'aidait pas. Je jetais un oeil à Ben qui dormait à poings fermés avant de me lever.

Je m'étais approchée d'Isaac qui nous tournait le dos, assis sur un petit rocher.

Pendant un long moment, je n'avais rien dit. Des dizaines de phrases tournaient en boucle dans ma tête, mais aucune ne paraissait être à la hauteur. Finalement, et à ma grande surprise, ce fût Isaac qui s'exprima en premier.

— Qu'est-ce que tu veux ?

C'était comme si je n'avais pas entendu le son de sa voix depuis des jours. Peut-être mon jugement était-il perturbé, mais son grain de voix semblait plus rocailleux.

Je ne répondais pas, incapable de prononcer un seul mot.

— De quoi tu as peur ?

Etait-ce une bonne idée de vouloir forcer les choses ? Il me semblait évident que mon cerveau avait encore choisi de commettre une erreur. Un énième mauvais choix.

— De quoi tu as peur, Riley ? De ce que je pourrais te dire ? De ce que je pourrais faire ?

— Oui, répondis-je dans un souffle.

Mon inconscient m'avait devancé sur ce coup-là. Je n'avais pas vraiment eu l'intention de dire ça.

— J'ai longtemps réfléchi... me dit-il en se levant.

Il avait plus que jamais l'air menaçant.

— Je me suis toujours demandé qui mettrait fin à notre relation. Et je dois dire que la limite, tu l'as franchie de manière... grandiose.

Isaac dessinait un petit cercle imaginaire en se déplaçant. Faire les cents pas semblait lui donner l'envie de dire les choses qu'il avait besoin d'avouer.

Il avait les mains derrière le dos, jusqu'à ce qu'il s'arrête et qu'une arme apparaisse dans ses mains.

— Je sais que tu pourrais te dire que mes sentiments obscurcissent mon jugement, mais tu vois...

Je me levais rapidement, mon instinct de survie s'était réveillé.

— Oh non, ne bouge surtout pas, me dit-il en pointant son arme sur moi.

— Isaac, qu'est-ce que tu fais...

— Qu'est-ce que je fais ? Je crois que tu as une dette envers moi.

— On peut s'arranger autrement, dis-je d'une voix tremblante qui trahissait ma peur.

— S'arranger ? répéta-t-il en riant d'un air mauvais. Je n'en suis pas sûr.

Il enleva le cran de sécurité. Ce bruit me resta dans les oreilles un long moment.

— Oh, arrête de pleurer. La douleur que tu ressens, ce n'est rien comparé à la mienne ! Tu as détruit ma vie, Riley !

— Oui, j'ai détruit la vie de tout le monde ! hurlai-je. Y compris la mienne ! Pourquoi tu ne veux pas comprendre ça ?

— Parce que je n'en ai aucune envie !

— Dans ce cas, il ne te reste plus qu'à tirer... réussi-je à articuler entre deux sanglots. Vas-y ! De quoi tu as peur, Isaac ?

Son bras flancha légèrement, ce qui me faisait penser qu'il tergiversait.

— De toi.

Ce n'était, sans nul doute, pas la réponse que j'attendais.

— La fille qui a tué mon meilleur ami n'est pas celle avec qui je suis sortie.

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant