Chapitre 24 | A coeur ouvert

46 10 1
                                    

À quelques mètres du camp qu'on avait établi, j'avais réussi à trouver un petit espace calme et confortable. Adossée à un arbre, je regardais le feu qu'ils étaient parvenus à allumer depuis un bon moment déjà.

Je continuais de ruminer dans mon coin quand la silhouette de Jay s'approcha lentement. Il s'assit à côté de moi, en silence.

Jay n'était pas le plus bavard dans ce genre de situation. Il ne se sentait probablement pas le plus doué pour donner des conseils ou essayer des régler les problèmes entre les uns et les autres. Il se contentait de faire acte de présence, en signe de soutien.

Au bout de plusieurs minutes passées sans rien dire, je me décidais à lui parler.

— Comment tu vas ?

— Je pète la forme, comme d'habitude !

Sa voix était anormale. Le ton employé était faux ; il ne correspondait pas à quelqu'un qui était joyeux. Je savais exactement ce qu'il essayait de cacher et je comprenais qu'il ne souhaitait pas en parler de lui-même. Il avait besoin qu'on le pousse à se confier.

— On n'a pas eu le temps de reparler de ce qui s'est passé dans les bureaux du FBI...

Je lui jetais un œil pour voir qu'il avait la tête baissée. Il arrachait de façon compulsive le peu d'herbe qui se trouvait à ses pieds.

— Je ne t'ai pas remercié...

— Pas besoin de le faire, je ne suis pas fier de ce que j'ai fait.

Le visage de l'homme caché sous le bureau de l'accueil du FBI me revenait en mémoire. Il avait brandi son arme sur moi et Jay avait tiré le premier.

— Riley... J'ai tué quelqu'un...

— Je sais.

— Je m'en veux, me confia-t-il d'une voix tremblante. J'ai tiré sans réfléchir... J'ai commis une terrible erreur...

D'une main, j'attrapais délicatement le menton de Jay et le forçais à me regarder.

— Écoute-moi, je suis à peu près sûre qu'il ne nous voulait pas du bien. Tu nous as sauvé la vie. Tu m'as sauvé la vie. Tu as fait ce qu'il fallait.

— Je ne sais pas...

— Ecoute, tu n'as fait que te défendre. Tu as répliqué alors qu'il voulait nous tuer. Tu n'avais pas le choix. Ça ne fait pas de toi un monstre, tu n'as fait que te défendre, lui répétai-je.

J'avais plongé mon regard dans le sien tout en espérant qu'il cesse de s'en vouloir. Il paraissait méditer mes paroles quand il me dit enfin :

— Merci, Riley.

Il m'entoura de ses bras et m'attira à lui. Je cachais ma surprise ; nos étreintes étaient rares, mais c'était ce qui les rendaient encore plus agréables.

— Dis-moi, je peux te demander quelque chose ?

— Je t'écoute.

— Tu aimes toujours Isaac ?

Jay m'avait regardé d'un air sérieux qu'il n'affichait pas souvent. Ses grands yeux s'étaient immobilisés sur moi.

— Bien sûr, pourquoi tu me demande ça ?

— Depuis un certain temps c'est tendu entre vous deux...

— C'est vrai qu'on se dispute plus que d'habitude, mais ça ne veut pas dire que je l'aime moins.

— Et Benjamin dans tout ça ?

— Quoi Benjamin ? m'agaçais-je.

— Il y a quelque chose entre vous deux ?

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant