Chapitre 5 | Fais face à la réalité

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Je me retournais vers Benjamin, les membres crispés. Entendre le nom de mon frère prononcé par quelqu'un d'autre me faisait l'effet d'un coup poing. Sans compter qu'il ne pouvait pas être au courant pour Karl. J'hésitais à lui demander comment il savait que c'était lui, mais quelque chose me disait que je ne voulais pas vraiment le savoir. Une boule se formait dans ma gorge, m'empêchant de lui poser la question.

Une voix appela le quarterback ; j'en profitais alors pour me retourner, en espérant qu'on allait changer de sujet.

— Hamilton ! Alors, qu'est-ce que tu nous as foutu ?

C'était Atkins qui criait. Les derniers spectateurs s'en allaient. Autant de temps s'était écoulé pour que tout le monde quitte déjà le terrain ?

J'essayais déjà de me creuser la tête pour justifier mon comportement, malheureusement aucune idée ne me venait en tête.

Arrivés, à leur hauteur, Atkins donna une tape sur l'épaule de Benjamin.

— Tu sais que ce que tu as réalisé est énorme ?

— L'entraîneur a dit qu'il voulait te voir demain sans faute, le prévint Brent, l'acolyte d'Atkins.

— OK, répondit-il simplement.

— On peut savoir ce qui s'est passé ? demanda Jay en traînant sur tous les mots.

— Je crois que vous ne préféreriez pas savoir, rétorqua le nouveau quarterback.

— Oh si, on aimerait bien, répliqua Isaac en nous fixant tour à tour.

Un silence gênant s'était abattu sur le terrain. Aucun bruit dans la nuit noire ne le rompait.

— J'avais une envie pressante, lâcha Benjamin.

Mon regard s'était posé sur le quarterback, étonnée d'une telle excuse. Il l'avait dit de manière si naturelle que si je n'avais pas su ce qui s'était passé, je l'aurais probablement cru.

Isaac lâcha un rire jaune avant que l'attention ne se reporte sur Colin qui demanda d'un air suspicieux :

— ­Tu es sûr que c'est vraiment pour ça que tu as couru comme un dératé ?

Benjamin haussa les épaules.

— ­Ouais.

— Prenez-nous pour des idiots, lança Isaac, une pointe de colère dans la voix.

Il était prêt à partir quand je le retenais par la main.

— ­Attends...

— Quoi ?

— Je peux t'expliquer ça plus tard ?

— Ouais, et j'espère que tu me sortiras une meilleure excuse que lui, riposta-t-il.

Il partit, suivit de Jay qui me lançait un regard désolé.

— ­Fait chier, marmonnai-je.

— Je crois qu'on devrait tous rentrer, dit Anna.

Tout le monde se regardait, sans pour autant dire quoi que ce soit. Les cris de joie et les hurlements déchaînés paraissaient déjà loin.

— J'imagine que vous ne venez pas à la soirée d'après match ? se renseigna Brent.

— Tu imagines bien.

Benjamin me lança un dernier coup d'œil avant de partir, les mains soigneusement cachées dans son casque pour n'alerter personne du sang qu'il avait sur les mains.

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant