Chapitre 22 | Manque de confiance

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Les quelques rayons du soleil peinaient à réchauffer mes membres glacés. Je frottais continuellement mes mains dans l'espoir de retrouver un semblant de chaleur. Chaque expiration se matérialisait par un petit nuage qui disparaissait rapidement avant d'en laisser place à un autre.

Cela faisait un moment que je m'étais mise à l'écart. J'avais eu besoin de me poser après tout ce qui s'était passé. La chose qui tournait éternellement dans mon esprit était la situation de mon père. Il avait clairement un lien avec tous les événements récents, mais je ne parvenais pas à lui attribuer un rôle. Du moins, un rôle que j'acceptais.

Machinalement, je passais une main sur mon abdomen. Les deux explosions m'avaient clairement secouée. Je ressentais un élancement à chaque respiration.

Un craquement me fit me lever d'un bond et je pointais mon arme en direction du bruit que je venais d'entendre.

— Ce n'est que moi, s'immobilisa Ben en levant les mains.

Je ne dis rien et me rasseyais avec difficulté.

— Est-ce que ça va ?

— Oui.

— Tu sembles avoir pris le coup de main, me fit remarquer Ben en pointant mon arme du doigt.

— Pas vraiment. Qu'est-ce que tu veux ?

— Je voulais simplement voir comment tu allais.

— Merci d'être passé.

Il mit un certain temps avant de se lever. Je sentais son regard insistant sur moi, jusqu'à ce qu'il se détourne en silence.

— Ben, attends...

J'avais regardé par-dessus mon épaule pour être sûre qu'il s'était arrêté.

— Excuse-moi, je ne devrais pas me comporter de cette manière avec toi.

— Excuses acceptées, répondit-il presque aussitôt.

Je croyais qu'il allait partir pour de bon, pourtant il fit demi-tour et vint se replacer à côté de moi dans un soupir. Les mains sur les genoux, il me dit :

— Je comprends que tu sois sur les nerfs... Tu as déjà perdu des proches et maintenant ton foyer. Sans compter que ton père s'est fait arrêter et que l'on est poursuivis par le FBI.

— Ce n'est pas une raison pour te manquer de respect. On est tous dans la même galère.

— Tu ne crois donc pas que ce serait le moment d'être honnête envers tes amis ?

Je l'observais, incrédule.

— Anna nous a dit que tu lui avais menti.

— Je n'ai pas menti, j'ai juste omis de dire que j'avais fait un rêve qui s'est révélé prémonitoire. Comment je pouvais savoir qu'il se réaliserait ?

— Tout ce que je sais, c'est que tu l'as blessée.

— Je sais.

Je m'étais levée, fatiguée qu'il me fasse la morale.

— Pourquoi tu ne leur dis pas la vérité ? Pourquoi tu ne leur parle pas de tes hallucinations, de tes visions, de Karl ?

— Il est hors de question que je leur dise que je vois mon frère. Ils ne me croiraient pas.

— Je t'ai bien cru. Pourquoi pas eux ?

— Je n'en sais rien.

Mal à l'aise, je commençais à remuer. Je ne comprenais toujours pas pourquoi mon frère revenait me hanter. A quoi ça les avancerait de le savoir ?

Ton esprit est ton pire cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant