Alors qu'ils n'avaient pas bougés depuis ce qui m'avait semblé des heures, Colin se redressa brusquement. Il jeta un regard à Brent avant de sortir un portable de sa poche.
— Il est l'heure de livrer la marchandise, annonça-t-il.
— Enfin... bougonna Brent. Vivement que ça se termine.
Ce dernier coupa la corde qui m'entourait les chevilles et me tira par mon bras valide pour me mettre debout.
— Ne t'en fais pas, dans quelques minutes, on rentrera chez nous, peinards.
— J'espère...
— Garde tes forces, me conseilla Colin alors que je ne cessais de grogner sous le scotch qu'il refusait d'enlever. On ne comprend rien à ce que tu dis de toute façon.
Je criais de plus belle. Le son était étouffé, mais c'était suffisant pour les énerver.
— Tiens-toi tranquille, merde ! pesta Colin.
— Arrête de bouger !
Brent essayait de me contenir. Il était costaud, pourtant je lui donnais du fil à retordre. J'essayais de me défaire de son emprise quand je sentis une énorme pression à l'endroit où la balle était encore logée dans mon épaule. La douleur me fit monter les larmes aux yeux et me força à m'agenouiller. Je hurlais, la tête contre le sol froid.
— Doucement, Brent ! Tu veux la tuer ou quoi ?
— Elle ne veut pas se calmer !
— Relève-la.Doucement, insista-t-il.
Brent s'exécuta. Si ses gestes étaient brusques, ses yeux trahissaient une certaine affliction. Mais je n'en avais rien à faire. Ils me torturaient presque depuis des heures et ils allaient me livrer à la mort en personne. Je n'allais pas faire preuve d'indulgence, ni de compréhension.
Des ombres émergèrent de derrière les arbres. Elles étaient entièrement vêtues de noir et tenaient toutes une arme de gros calibre.
— Vous nous avez apporté un cadavre ? Elle n'a pas l'air en forme, fit remarquer une des ombres.
— Elle est vivante, comme convenu.
— Donnez-nous la fille, ordonna une femme à travers son casque.
Brent fit un pas en avant.
— Attends ! le stoppa Colin. Est-ce que notre marché tient toujours ?
— Oui. On peut procéder à l'échange.
— Je veux une preuve.
Une ombre plutôt corpulente pointa son arme sur Colin.
— Ne joue pas au petit malin avec nous.
— Donnez-moi une preuve que vous respectez le marché et je vous la donne sans problème.
— Bien... soupira la femme.
Elle s'avança vers nous en relevant la visière de son casque puis sortit un téléphone qu'elle montra à Colin. Il n'eut droit qu'à quelques secondes penché sur l'écran. Elle le retira de sa vue et le rangea dans sa poche. Ses yeux gris perçants fixèrent Colin.
— Ta famille est saine et sauve. Maintenant, donne-nous la fille et tu pourras les rejoindre.
Colin se contenta de faire un signe à Brent qui m'obligea à bouger en direction des ombres. Je me débattais, en vain. Je n'étais pas plus capable de me défaire de mes liens que tout à l'heure.
Je n'étais plus qu'à quelques mètres de ceux qui arboraient des positions déterminées quand je remarquais que quelque chose clochait. Ils étaient parés à attaquer et ce n'était pas uniquement dans le but de nous faire peur.
Quand je vis l'un des soldats braquer son arme vers moi et Brent, je tentais de crier sous le scotch pour les avertir, en vain.
Je me jetais au sol tandis que le bruit d'une détonation résonna entre les arbres. La seconde d'après, j'entendais le corps de Brent s'écrouler au sol. Je risquais un coup d'œil que je regrettais presque aussitôt. Brent ne bougeait plus, la tête figée vers le ciel.
Pourquoi ?
Quelqu'un m'attrapa le bras.
— Ne vous approchez pas ! hurla Colin. Ou je lui explose la cervelle !
Son arme était pressée contre ma tempe ; sa main comprimait mon bras. Je n'étais pas rassurée, il semblait réellement prêt à me tuer.
— Lâche-là ! lui ordonna la femme.
— Vous venez de tuer mon ami et vous croyez que je vais vous obéir ? dit Colin complètement bouleversé. On ne devait pas donner notre vie pour vous la livrer !
— Changement de plan mon petit, fit une voix grave sous un des casques.
— Hors de question ! Si je ne sors pas vivant d'ici, vous ne l'aurez pas !
Le souffle chaud et rapide de Colin frôlait mon oreille pendant que le canon de l'arme se faisait de plus en plus lourd sur ma tempe.
L'hésitation se lisait sur le visage de la femme. Elle regarda autour d'elle, évalua la situation, avant de faire signe à son équipe de baisser les armes.
— Très bien. Je te promets que tu repartiras vivant.
— Est-ce que ma famille va bien où vous l'avez exécutée juste après, elle aussi ?
Complètement affolé, Colin ne voulait entendre qu'une seule réponse.
— Ta famille est en sécurité. Pour l'instant.
— Qui me dit que vous dites la vérité ?
— Je m'excuse pour ton ami... Tu as ma parole que tu pourras retrouver ta famille.
— Vous vous excusez ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Vous l'avez tué !
— Il n'est pas mort.
Colin se figea, aussi décontenancé que moi. Brent était on ne peut plus mort ; son corps n'avait pas bougé d'un millimètre depuis toute à l'heure.
— Enfin, je veux dire... Je n'ai pas le temps pour ces conneries... Si tu ne nous livre pas la fille, peut-être voudra-t-elle venir de son plein gré ? s'impatienta la femme.
Je secouais la tête. Il était hors de question que je les suive. J'étais à peu près sûre de finir comme Brent.
— Bon, vous ne nous laissez plus le choix ! s'écria-t-elle.
Au même moment, tous les autres avaient de nouveau braqué leurs armes sur nous.
— J'ai cinq tireurs qui t'ont en joue gamin. Soit tu nous livres gentiment la fille et je respecte ma part du marché malgré... ce petit incident, dit-elle en désignant Brent d'un petit mouvement de tête. Soit ton crâne explose en mille morceaux.
Un sourire mauvais s'affichait sur ses lèvres. A côté de moi, Colin n'avait pas cillé. Il s'était même calmé.
— Vous savez quoi ? Je ne vous crois plus.
D'un coup sec, Colin coupa les liens qui me retenaient prisonnière, puis il me poussa violemment sur le côté. Mon souffle s'était coupé alors que mon corps s'était affaissé sur une énorme pierre.
Tout en enlevant le scotch qui couvrait ma bouche, j'essayais de reprendre mes esprits.
Colin venait d'abattre deux soldats. Le reste se précipita vers les arbres pour se protéger. Colin recula et m'attrapa le bras pour me relever. Je jurais lorsqu'il pressa sa main sur ma blessure.
Le bruit des balles continuait de produire un vacarme assourdissant qui semblait gagner en intensité à chaque seconde. Je regardais derrière moi et vis Ben et Isaac, tenant en joue les ombres grises.
Colin me laissa derrière un arbre et je m'affaissais, à bout de force. Les coups de feu mirent un certain à s'arrêter, mais lorsque le silence pris place, je me laissais aller.
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Ton esprit est ton pire cauchemar
HorrorÀ Seattle, une bête ravage la ville et sème la terreur partout où elle passe. Hallucinations, cauchemars et angoisses commencent alors à habiter Riley. Entre nouvel arrivant mystérieux, doutes et suspicions, la réalité et les cauchemars s'emmêlent...